Vailhé, LETTRES, vol.3, p.375

22 sep 1848 Lavagnac, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Etat de ses dettes. -Il n’est bon qu’à dire à Dieu: Que votre volonté soit faite! -Il ne faut pas songer à Marseille. -Raisons de son déficit. -Puisque l’argent est tout aujourd’hui, on doit supporter le martyre des écus.

Informations générales
  • V3-375
  • 0+587|DLXXXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.375
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 CREANCES A PAYER
    1 DEFICITS
    1 INTERETS
    1 MOBILIER
    1 PENSIONS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SANTE
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 TRAITEMENTS
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 ARRE, FAMILLE D'
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE, SAINT
    2 POUJOULAT, MADAME JEAN-JOSEPH
    3 FRANCE
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 22 septembre 1848.
  • 22 sep 1848
  • Lavagnac,
La lettre

Lorsque ma lettre arrivera à Paris, vous y serez probablement de retour, ma chère fille, et c’est pour cela que je ne vous l’adresse pas plus loin. Je suis tout heureux d’apprendre le rétablissement de votre santé et le bien que vous fait la campagne. Hélas! Dieu veuille que vous n’y fassiez pas un trop long séjour, non pas chez Mme Poujoulat, mais chez M. de Fr[anchessin], si ce que vous semblez craindre venait à se réaliser. Pour moi, depuis hier soir, je suis dans un état d’affaissement, malgré tous mes actes de soumission à la volonté de Dieu, devant qui il me semble pourtant que je me soumets assez. Voici l’état de ma caisse:

Arriéré de l’année…………………31,000 francs

Billet qui échoit le 1er novembre……25,000 —

Billet au porteur, en novembre………11 000 —

Billet en janvier………………….30,000 —

Dépenses ordinaires………………..40,000 —

[Total]:…………………………137,000 francs

Pour faire face à cela, j’ai: 44,000 francs.

On m’offre bien 80,000 francs, mais il faut une hypothèque, et je ne puis en offrir(2). Notez qu’il ne s’agit que de trouver de l’argent; car, l’année qui vient de finir a commencé à me rapporter, en dehors des intérêts payés au 5 o/o, et que si, comme je l’espère, j’ai l’an prochain environ 130 élèves pensionnaires, je dois gagner sûrement de 12,000 à 15,000 francs. Avec tout cela je me consume, malgré moi, et je ne suis bon qu’à dire: Que votre volonté soit faite, et non pas la mienne! Or, il paraît que vous êtes dans les mêmes embarras; ce qui n’est pas peu dire. Il paraît que l’abbé de la Salle a été toute sa vie dans le même état; mais il n’avait pas ses parents et je vous avoue que, si je n’avais pas les miens, je n’en souffrirais pas la centième partie.

Vous comprenez que, pour le moment, je n’ai pas à m’occuper de Marseille, à moins qu’on ne me fît les avances de tout. Quant au succès, il me paraîtrait assuré, il n’y a pas à en douter. Marseille sera la dernière ville de France où l’on tourmenterait une maison de la nature de celle que j’y établirais. Quant à Nîmes, je vois bien qu’il faut m’y clouer pour longtemps.

Vous ne comprenez pas le déficit que j’éprouve? Cela s’explique: 1° Par la sottise que j’ai faite de m’en rapporter à M. Goubier dans l’achat; 2° Par le traitement des professeurs qui au commencement, a absorbé des capitaux énormes; 3° Par les dépenses du mobilier qui va se détériorant, et, si je n’avais pas tenu bon à augmenter le prix de la pension, je ne sais réellement pas où, nous serions arrivés.

Adieu, ma chère fille. Prions l’un et l’autre avec une foi nouvelle. Je trouve très convenable que vous et moi nous ayons à souffrir des peines de cette nature. Dans un temps comme le nôtre où l’argent est tout, ceux qui veulent être à Dieu doivent supporter le martyre des écus. C’est le moyen d’être pauvre et de la bonne manière. Avec cela, la force s’en va par moments. Pour aujourd’hui, je vous laisse; demain ou après-demain, je serai peut-être remonté sur ma bête.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 388 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 388 sq.
2. Cette somme aurait été prêtée par la famille d'Arre, dont parlent d'autres lettres. Tous ces chiffres sont extraits d'une lettre du 20 septembre, de l'économe, l'abbé Henri.