Vailhé, LETTRES, vol.3, p.388

18 nov 1848 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il va probablement se retirer du journal, bien que cela nuise à l’obtention du plein exercice. -Ses occupations, ses prières. -Affaires d’argent, sa résignation à la volonté de Dieu.

Informations générales
  • V3-388
  • 0+592|DXCII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.388
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMPTES
    1 INTERETS
    1 PLEIN EXERCICE
    1 POLITIQUE
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 REPUBLIQUE
    1 TRAITEMENTS
    2 CAVAIGNAC, LOUIS-EUGENE
    2 CHANAL, FRANCOIS
    2 DEMIANS, AUGUSTE
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 SALIVES, JEAN-PIERRE
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 18 novembre 1848.
  • 18 nov 1848
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Puisque vous me parlez politique, je vous répondrai aussi sur le même air. Une scission va probablement avoir lieu entre M. Demians et moi. Il abandonne les catholiques pour se jeter du côté des républicains protestants; je ne puis le suivre sur ce terrain. On va patronner Cavaignac pendant deux ou trois jours dans notre journal, pour prouver que nous prenons la République au sérieux; mais probablement nous nous retirerons et nous laisserons le journal entre des mains que je crois un peu ambitieuses. Je ne me dissimule pas quel tort peut causer cette retraite à l’affaire du plein exercice; mais, entre une perte matérielle et une question de dignité et de conscience, je ne pense pas qu’il y ait à hésiter. Cependant, si l’on pouvait obtenir ce que je demande avant cette scission, je n’en serais pas fâché. Mettre le préfet dans mes intérêts me paraît difficile, et ce ne sera pas moi qui ferai de pareilles démarches dans l’état actuel de Nîmes(2). Je resterai dans mon coin. Si je n’obtiens pas ce que je désire, tant pis! J’aime mieux attendre encore que faire le solliciteur auprès de certaines gens.

Je ne puis vous dire quel plaisir j’ai éprouvé à penser que ma lettre vous avait paru bonne pour vous. Je crains quelquefois que cela ne dure pas. Quoique je me restreigne, je suis si dérangé. J’ai plus de trente lettres en retard. Je m’occupe beaucoup de remonter le moral d la maison, ainsi que les études. Quand on a trente maîtres à mener de front, ce n’est pas toujours facile. Ajoutez que je me sens toujours pressé de donner beaucoup de temps à la prière. Je dis ma messe beaucoup mieux et il me semble que mes relations avec Dieu se renouent.

Pourriez-vous m’envoyer, d’une manière exacte, la note de ce que je vous ai prêté et des intérêts pour comparer avec la mienne? Je fais en ce moment arrêter mes comptes d’une manière positive, afin d’établir un peu clairement où j’en suis. Vous m’avez envoyé une fois 500 francs; une autre fois, j’ai retenu 300 francs de la pension de Soeur Marie-Emmanuel. Il me semble que vous aviez envoyé une autre somme, que je ne puis me rappeler. Vous avez reçu, à mon calcul, 34,000 francs, un peu plus ou un peu moins.

Je n’ai plus revu Mlle d’Esgrigny. Priez beaucoup pour moi. J’ai besoin d’être sous le pressoir. Cependant, Dieu ne m’y abandonne pas; car, un jour où je ne savais plus où donner de la tête, j’en vins à remercier Dieu de cette obligation où j’allais être de ne pas même payer mes professeurs, quand je pus me procurer 11,000 francs. Mais il m’en faudrait quatre ou cinq fois autant. Avec cela, je sens que cette torture finit par me faire du bien, parce que je suis venu à bout de l’aimer pour l’amour de Dieu.

Adieu. Tout vôtre.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 325 sq., 398 sq.
2. Salives, préfet du Gard, avait été révoqué le 31 août et remplacé par Chanal.