Vailhé, LETTRES, vol.3, p.401

12 jan 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Examens du collège. -Pour l’argent réclamé, il offre un compromis. -Au sujet de quelques vocations. -Les conseils spirituels doivent s’accorder avec la situation actuelle de notre âme. -Jusqu’à la purification, elle devra renouveler ses voeux chaque jour. -Sa nièce ne rentrera pas à l’Assomption.

Informations générales
  • V3-401
  • 0+601|DCI
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.401
Informations détaillées
  • 1 CREANCES A PAYER
    1 ESPRIT D'INDIFFERENCE
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 POLITIQUE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPUBLICAINS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RESULTATS DE GESTION
    1 SIMPLICITE
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 SOUTANE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOEUX DE RELIGION
    1 VOIE UNITIVE
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BEILING, MARIE-LOUISE
    2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
    2 CONNELLY
    2 EVERLANGE, JEAN-LEOPOLD-DIEUDONNE D'
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 PUYSEGUR, ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 RAYNAUD, POSTULANT
    2 VIEFVILLE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 12 janvier 1849.
  • 12 jan 1849
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je suis au milieu des examens qui me prennent sept à huit heures par jour, ce qui, avec les affaires ordinaires, me fait un peu de besogne. J’ai pourtant à vous répondre et je vais le faire, le plus possible, par ordre.

Vous avez ci-incluse la note de ce que vous me devez, d’après les calculs de M. Henri, que j’ai vérifiés de mon mieux. Je les crois exacts. En les arrêtant au 31 déc[embre] 1848, c’est à peu près 33,000 francs. Il est bien entendu que nous avons déduit ce que j’ai reçu de M. d’Everlange et qui remonte plus haut que le premier compte, si j’en juge par une note que j’ai retrouvée.

Quant à l’affaire de M. Bailly, je vous conjure de faire parler à M. Viefville par M. Chapot.

1° On peut lui faire observer -ce qui est vrai, -que si l’on me tourmente, avec mon caractère bien connu pour cela, j’accepterai tous les ennuis des poursuites, mais qu’on s’expose à me faire perdre, sans toucher un sou de ce que je suis résolu à payer, si l’on est accommodant.

2° Il faudrait parler clair à M. Bailly pour le forcer à s’expliquer.

3° Enfin, ne serait-il pas possible de racheter ma caution, c’est-à-dire d’offrir aux créanciers une somme qui serait un bénéfice, si M. Bailly paye intégralement, et qui couvrirait en partie ce que M. Bailly ne payerait pas, si ses immeubles se vendent mal. Pour cela faire, il faudrait connaître exactement la valeur actuelle des terrains de M. Bailly.

Que de peines je vous donne pour n’avoir pas suivi votre conseil dans le temps!

Passons à autre chose. Votre lettre d’hier sur MM. Raynaud et Connelly m’a vivement touché. Si M. Raynaud m’écrit, bien sûr, je lui répondrai. Ce seraient des sujets précieux. Ah! si Dieu les envoyait! J’espère attirer un jeune homme du diocèse de Sens qui porte la soutane. Il me semble que nous pourrons en faire quelque chose de bien, d’après la première impression. Ce que vous dites des gardes de nuit est très vrai; seulement, ici, ce n’est pas pour le moment praticable. Je crois que je ne veille que très rarement. Ainsi je vous avoue que l’exemple donné quelquefois par le supérieur me paraît être fort avantageux.

Je remonte à votre lettre du 5 janvier. Que je suis heureux de vous faire du bien et que je prie Dieu de me donner la grâce de vous en faire toujours! Je le conjure de diriger près de vous ma langue, loin de vous ma plume, afin que pas un mot qui sortira de mon coeur ne vous fasse mal. Cependant, je ne pense pas vous plaire toujours. Ainsi, je vous trouve quelquefois en contradiction, ce qui me laisse un peu dans l’embarras. Je m’adresse à vous, en vous supposant dans une certaine disposition d’âme. Vous me répondez; « Pas du tout; ce n’est point cela. » Je vous écris en partant de la donnée fournie par vous-même; nous n’y sommes point encore, car voilà que vous en êtes où je vous avais supposée d’abord. Je vous dis ceci en passant, pour vous engager à entrer quelquefois dans la disposition où je vous suppose, surtout lorsqu’elle cst bonne. Mais ne revenons pas là-dessus.

L’essentiel, c’est que vous me laissiez frapper fortement, à l’aide de l’amour en Notre-Seigneur, de l’obéissance, de l’humilité et de la mortification. Avec ces vertus, vous retrouverez et la simplicité et la disposition filiale que vous vous plaignez tant d’avoir perdue. Mais il me semble qu’elle vous revient assez. Je vous engage à renouveler vos voeux de religieuse et celui que vous m’avez fait, tous les jours, jusqu’à la Purification. En même temps, renouvelez-vous, autant que vous le pourrez, dans cet esprit d’union à notre divin Sauveur, que je vous ai tant recommandé, il y a quelque temps. Là est l’appui de toute votre vie.

On me dérange. Il faut que ma lettre parte ce soir. Voici pourquoi. Ma petite nièce a pris tellement le couvent en horreur, et peut-être un peu sur les entraînements de sa grand’mère et de sa tante, qu’on lui avait promis de ne plus l’y remettre. Mais voilà son père qui veut qu’elle aille à un couvent quelconque. On a hésité longtemps, de peur de me faire de la peine en ne la mettant plus chez vous. Cependant, Mme de Puységur est fort embarrassée, et elle m’écrit pour me prier de vous conjurer de ne pas trouver mauvais qu’Alix ne vous soit pas rendue. La commission m’amuse tout juste, car j’y vois une foule de petits ennuis pour moi, mais je ne suis pas le père de ma nièce. Enfin, je vous conjure d’être bonne jusqu’au bout. Il paraît qu’Alix a signifié qu’elle détestait les religieuses, les élèves et surtout l’aumônier. La cause, c’est que l’on est chez vous trop républicain. Vous comprenez que l’idée a été exploitée. Si pourtant d’autres familles s’en offusquaient, comme ma chère soeur, il faudrait peut-être y pourvoir par un peu de prudence.

Est-ce dimanche ou le 28 janvier qu’est votre fête? Pour ne pas me tromper, je dirai la messe pour vous ces deux jours.

Adieu, ma chère fille. J’écrirai à Soeur Marie-Louise près mes examens. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 416, 475.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 416, 475.