Vailhé, LETTRES, vol.3, p.408

22 jan 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Raisons qui ont fait retirer sa nièce du pensionnat de l’Assomption. -Encore l’affaire de l’emprunt garanti. -Autres affaires.

Informations générales
  • V3-408
  • 0+603|DCIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.408
Informations détaillées
  • 1 FILLES DES ECOLES
    1 PARENTE
    1 PENSIONS SCOLAIRES
    1 POLITIQUE
    1 RECONNAISSANCE
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SOUCIS D'ARGENT
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 CHARPENTIER
    2 FEUCHERE, LEON
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 VIEFVILLE
    3 MONTPELLIER
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 22 janvier, 1849.
  • 22 jan 1849
  • Nîmes,
La lettre

Ma Chère fille,

Je ne ferai que répondre aujourd’hui à votre lettre du 17, et, c’est pour cela que je prends ce format. La lettre que vous m’adressez au sujet d’Alix est parfaite, et cependant je ne la montrerai pas. Voici pourquoi. Il m’est évident que Mme de Puységur a eu une vraie peine à ôter Alix de chez vous, mais que notre petite fille a pris surtout l’horreur du couvent auprès de sa grand’mère et de sa tante. Sa mère ne m’a jamais parlé du motif politique qui pouvait éloigner Alix, mais sa grand’mère, au contraire, a beaucoup insisté sur ce chapitre. Lorsque je dis qu’Alix a été poussée à l’horreur du couvent, je ne veux pas dire qu’on l’ait fait de propos déterminé; mais on l’a fait parler, on a écouté avec plaisir ses petites critiques; elle s’y est peu à peu accoutumée, et, de jugements en jugements de plus en plus sévères qu’on se gardait bien de détourner, elle est arrivée à trouver que rien n’était affreux comme d’être pensionnaire de l’Assomption. Pourquoi ma mère et ma soeur aînée ont-elles encouragé, au moins par leur silence, cette disposition? D’abord, parce qu’on aurait beaucoup voulu que Mme de Puységur passât l’hiver à Montpellier et qu’on voulait l’y attirer, en lui prouvant qu’Alix serait bien mieux élevée par sa tante que par vous; ensuite, parce que l’on soupçonne que vos opinions politiques ont déteint sur les miennes et que, si je fais la douleur de ma famille au chapitre des opinions, c’est un peu à vous qu’il faut s’en prendre. On ne me dit pas ces choses, on me les laisse deviner. Enfin, sans s’en rendre bien compte, on est jaloux de l’influence que je puis exercer, à mon tour, sur Mme de Puységur, et il suffit assez souvent que je dise blanc pour que l’on croie devoir dire noir. Tous ces petits détails vous expliqueront que je n’ai pas grand’chose à dire à Mme de Puységur, sinon que je l’engage à peu parler des motifs de la détermination qu’elle vient de prendre. Je vous promets, sous ce rapport, bonne et active surveillance.

Puisque vous ne voulez pas que j’écrive, je vous promets de me taire; je n’écrirai qu’à vous seule. Voici, du reste, une lettre de M. X. qui pourra servir à vous camper(2). Je crois que la seule lettre compromettante pour moi serait celle que j’ai écrite, il y a six ou huit mois, à M. Viefville. Je ne crois pas avoir, depuis, rien écrit. Quant à ma lettre à M. X. je ne pense pas qu’il s’en vante. Du reste, je ne lui écrirai plus. Vous voyez qu’il s’agit de trouver un acheteur. Pensez-vous que je fisse bien d’écrire à M. de Franch[essin], pour le remercier des peines que vous lui donnez pour moi? Veuillez au moins le remercier vous-même, de ma part. Vous êtes admirablement bonne de mettre les vôtres en frais pour moi, quand les miens sont si peu agréables pour vous.

J’ai terminé l’affaire Charpentier et Feuchère. J’ai compté à ce dernier 1,000 francs; il a eu l’air fort humilié et il a accepté avec un bon reçu que je tiens. Il s’est bien réservé, si M. Charpentier n’approuvait pas, de me faire de nouvelles observations; mais je lui a signifié que je plaiderais plutôt que de donner un sou de plus. Comme le reçu est définitif, je ne sais pas ce qu’il pourra faire.

Adieu, chère fille. Je ferai après-demain ma retraite du mois et je vous écrirai encore. Dieu me demande beaucoup de prières. Je vous parlerai aussi d’une religieuse, [qui est] dans un état semblable à celui de Soeur Th[érèse]- Em[manuel], sauf que je la crois un peu moins dans le domaine de l’imagination. Mais nous en reparlerons.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 416 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 416 sq.
2. Il résulte de cette lettre que ce Monsieur ne pouvait plus payer les intérêts des sommes empruntées. De là découlait pour lui la nécessité de vendre ses immeubles de Paris, qui, par suite de l'établissement de la République en France, ne trouvaient plus d'acheteur, sinon à vil prix.