Vailhé, LETTRES, vol.3, p.410

25 jan 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il souffre un peu, et c’est la seule chose qu’il ne fasse pas trop mal. -on état intérieur. -Toujours l’affaire de l’emprunt.

Informations générales
  • V3-410
  • 0+604|DCIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.410
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CREANCES A PAYER
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EMPRUNTS HYPOTHEQUAIRES
    1 INTERETS
    1 MALADIES
    1 MOBILIER
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 CARBONNEL, MESDEMOISELLES
    2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
    2 VIEFVILLE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 25 janvier 1849.
  • 25 jan 1849
  • Nîmes,
La lettre

J’aurais dû vous écrire hier ma chère fille, mais j’ai été tellement torturé par mes dents que je n’ai pu ni faire ma retraite comme j’en avais le projet, ni tenir une plume. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux et j’espère que cette douleur, au moins aussi intense, ne se renouvellera pas de quelque temps. Du reste, je ne suis pas fâché de souffrir un peu. C’est la seule chose, il me semble, que je ne fasse pas trop mal, et encore ai-je une certaine peine à me tenir en la présence de Dieu. Que dois-je faire, en effet, que me laisser un peu pressurer dans mon corps, a fin qu’il aide par là mon âme à être plus sous la main de Dieu?

Faut-il que je vous presse de m’écrire quelque chose de ce qui concerne votre conscience, ou dois-je attendre que vous y soyez disposée? J’ai répondu à tout ce que j’ai reçu de vous sur ce chapitre, et je ne puis que vous demander si vous êtes exacte à observer ce que je vous ai prescrit.

Il me semble que, depuis quelque temps, Dieu me demande de beaucoup prier, et j’ai une extrême difficulté à la prière. Je suis sec comme un morceau de bois. Je ne m’en console que par une disposition absolue que je trouve en moi à vouloir tout ce que Dieu veut.

Est-il vrai que Soeur Marie-Vincent arrive bientôt? On me le demande ici; ses soeurs en ont répandu le bruit. Je ne suis pas, du reste, fâché de dire que je n’en sais rien.

J’ai reçu une lettre de M. Chapot, qui me prie de tenir prêts 3,500 francs(2). Je pense que vous voudrez bien vous entendre avec lui, puisque vous me demandez de ne rien envoyer. Je tâcherai de les avoir, en cas de besoin. mais je compte sur votre bonne volonté pour me faire savoir quand et comment je dois faire parvenir cet argent. D’après la lettre de M. X. que je vous ai envoyée, il me semble qu’avec un peu de bonne volonté je puis venir à bout de me tirer d’affaire.

Le 26 janvier.

J’attendais, d’un moment à l’autre, votre lettre pour terminer celle-ci. Le retard du courrier m’empêche de vous l’envoyer aussi tôt que je le voudrais.

1° D’après la lettre de M. X., iI me semblait que je venais dans les premiers 300,000 francs, puisqu’il m’assure que, s’il vend ces terrains à ce prix, il est quitte envers moi. C’est ce qu’il me paraît important de vérifier.

2° M. Viefville m’assura, il y a trois ans, que les terrains de M. X. n’étaient pas d’une valeur au-dessous de la somme pour laquelle je me portais caution, et qu’on ne la demandait qu’au cas où les terrains diminueraient de valeur. Or, depuis, ils avaient doublé. C’est ce qui me fut dit l’année suivante. D’où je conclus que, si on les suppose seulement retombés de moitié, je n’ai pas grand’chose à perdre. Il faut bien qu’on sache que, tout en étant propriétaire de l’Assomption, l’établissement est grevé d’hypothèques égales à peu près à sa valeur. On ne pourrait guère saisir que le mobilier.

Je ne crois pas que ce soit M. Viefville, mai un de ses cousins qui est le principal créancier de M. X. J’ai en ce moment 3,000 francs, que je comptais vous envoyer. S’il vous est plus convenable, de les payer comme règlement de compte entre nous, je pense que ce sera pour le mieux. Cependant, vous pouvez faire tirer sur moi. Les 3,500 francs seront prêts dès aujourd’hui, mais l’essentiel, c’est que les ventes particulières n’aient pas été faites. C’est ce qu’il faut bien rechercher, car alors il ne serait pas étonnant que je n’eusse plus une valeur suffisante pour constituer l’hypothèque.

Si l’estimation sérieuse des propriétés peut me mettre à couvert, je crois qu’il faut chercher à faire vendre. Je vous avoue que, d’après la lettre de M. X., c’est ce que je souhaite le plus ardemment, dussé-je y être pour une vingtaine de mille francs. Ma raison est que cette épine me ronge horriblement. Penseriez-vous que je ferais bien d’engager quelques-uns de mes créanciers à prendre hypothèque sur toute la maison et sur les meubles, afin que, s’il m’arrive quelque chose de la part de M. Viefville, il ne puisse me faire attaquer ici?

Adieu, ma fille. Je vais tâcher que cette lettre parte ce soir. Adieu. Tout à vous.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 415 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 415 sq.
2. Pour payer les intérêts, échus en 1847, des 70,000 francs empruntés par X. et qu'avait cautionnés le P. d'Alzon.