Vailhé, LETTRES, vol.3, p.420

19 apr 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Autour de lui, à Nîmes, on n’accepte pas le reproche de légèreté qu’elle lui adresse. -Il cherche à se déprendre de tout ce qui serait un obstacle entre Dieu et lui. -Il ne l’autorise pas à ne plus être supérieure, il combattra aussi l’idée qu’elle ne peut devenir une sainte. -Nouvelles de postulantes.

Informations générales
  • V3-420
  • 0+610|DCX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.420
Informations détaillées
  • 1 BANQUET ANNUEL DES ANCIENS ELEVES
    1 DEFAUTS
    1 DOT
    1 HUMILITE
    1 LEGERETE
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SALUT DES AMES
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 SYMPTOMES
    1 VERTUS
    2 ACHARD
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 BUCHEZ, PHILIPPE
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 ROULAND, GUSTAVE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 19 avril 1849.
  • 19 apr 1849
  • Nîmes,
La lettre

Enfin, ma chère fille, j’espère pouvoir vous écrire un peu à l’aise et sans trop d’efforts, car, par moments, j’ai peur de devenir comme cet ami de M. Buchez, dont vous m’avez procuré la connaissance, M. Rouland, je crois, tant je suis incapable de quoi que ce soit. C’est pour cela que depuis trois jours je n’ai pas encore répondu à votre lettre, que je reçus dimanche dernier. C’est ce que je vais faire de mon mieux, en essayant de reprendre quelque chose de la lettre précédente. Si je ne me trompe, tout ce qui vous fait le plus de peine en moi, c’est que je suis léger. Je vous l’accorde sans peine; mais, comme je vous l’écrivais, c’est tout à fait à mon insu que je le suis avec vous. Je puis même ajouter que je fais, depuis un certain temps, des efforts pour détruire ce défaut que vous m’avez signalé d’autres fois, et que, depuis votre lettre, j’ai eu une conversation avec M. Durand, où, sans lui dire le motif de ma question, je lui demandais s’il trouvait que, depuis quelque temps, je fusse léger. Il me répondit qu’il ne s’en apercevait pas le moins du monde et qu’au contraire, peu de temps auparavant, causant avec l’un des maîtres de la maison, il lui avait fait remarquer combien j’avais acquis sous ce rapport.

Je ne vous dis ceci que comme une observation faite autour de moi, et qui se rapportait à une autre observation faite par nos Messieurs et de la même nature que la vôtre. Ayant répondu à cette partie de votre lettre, je passe à ce qui vous concerne; seulement, je veux ajouter que je vous remercie de vos remarques et que je vous conjure de ne jamais vous lasser de m’en faire de semblables. Dieu me veut à lui, et non seulement j’ai à me donner, mais à me déprendre de tout ce qui ferait obstacle entre lui et moi. Peut-être, un jour, en viendrai-je à bout. Quant à vous planter là, comme le soupçon vous en vient, je vous en demande bien pardon, mais ce sera pour une autre fois.

Je reviens donc à vous. Très positivement, je ne vous laisserai jamais faire la moindre démarche pour cesser d’être supérieure. Ne comptez pas sur une autorisation semblable de ma part. Il faut donc vous accoutumer à la pensée que vous serez supérieure longtemps encore; mais ce que je ne puis souffrir chez vous et que je suis résolu à combattre courageusement, malgré toutes vos résistances, c’est l’idée que vous ne pouvez devenir une sainte. Qu’est-ce qui vous en empêche, je vous prie? Est-ce parce que vous avez de grands défauts? Mais ne pouvez-vous pas, si vous le voulez, les transformer en vertus? Avec un degré de plus d’amour de Dieu, toutes ces luttes terribles que vous avez à livrer au fond de votre coeur ne peuvent-elles pas aboutir à une victoire, d’autant plus méritoire qu’elle aura été plus disputée?

Voilà votre lettre du 15 que l’on m’apporte, mais voilà aussi une quantité d’arrivants qui me dérangent. Je crois devoir remettre à M. Achard la lettre que vous m’avez envoyée pour lui; j’espère le décider à plus par ses cousines. Mlle Gaude compte vous porter ses 10,000 francs, dès qu’il sera certain qu’elle sera religieuse. Mlle d’Esgrigny m’a dit, il y a quelques jours, qu’elle allait mettre d’avance 10,000 francs à votre disposition. Soeur Marie- Madeleine et Mlle Gaude partiront d’ici le 1er mai. La tourière des Carmélites a été un peu ébranlée, et comme on m’a dit que ses pieds avaient de l’odeur, je n’ai pas voulu insister pour la faire partir. Je vais chercher ailleurs.

Adieu, bien chère fille. Votre lettre du 15 est bien vous. J’y répondrai au plus tôt; mais excusez un peu mon silence, je suis très fatigué. Nous fondons aujourd’hui le premier banquet des anciens élèves de la maison. J’ai invité M. Goubier: il m’a répondu qu’il n’avait pas une humilité assez héroïque pour accepter.

Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.