Vailhé, LETTRES, vol.3, p.423

27 apr 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Voyage récent à Montpellier. -Etat de sa santé. -Il pourra lui faire de la peine, elle ne lui en fera pas. -Son oncle peut être élu il Nîmes. -Nouvelles des novices nîmoises et d’une postulante. -Ses novices à lui. -Le jeune de Cabrières. -Nouvelles d’autres postulantes. -Qu’elle se dilate dans l’amour et la générosité.

Informations générales
  • V3-423
  • 0+611|DCXI
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.423
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR DIVIN
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 ELECTION
    1 MAITRES
    1 MALADIES
    1 MANDAT A ENCAISSER
    1 MOIS DE MARIE
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SANTE
    1 SUCCESSIONS
    1 SYMPTOMES
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 ACHARD, MADAME
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BOURGEOIS, ABBE
    2 BRUN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 COIRARD, MIRRA
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 GENOUDE, ANTOINE-EUGENE DE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    2 LA ROCHEJAQUELEIN, DE
    2 MARC, PAUL
    2 MAZEL, EUGENE
    2 RAYNAUD, POSTULANT
    2 RIGOT, MADAME
    2 ROCHER, MADAME
    3 AVIGNON
    3 LYON
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS, SEMINAIRE SAINT-SULPICE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 27 avril 1849.
  • 27 apr 1849
  • Nîmes,
La lettre

J’ai trouvé hier, ma chère fille, votre lettre du 21. J’étais allé à Montpellier, où mon père avait eu des spasmes très inquiétants. Heureusement qu’il en est entièrement débarrassé pour le moment, et, j’espère, pour quelque temps! Les renseignements que vous me donnez sur le choléra seront, je vous le promets, mis en pratique. J’ai lu et relu votre lettre et j’espère qu’elle nous sera utile, si l’épidémie arrive jusqu’à nous. On dit qu’elle est arrivée à Lyon. Nous espérons toujours qu’elle aura moins de force dans nos contrées. Quant à ma santé, je crois toujours, d’une part, que je me soigne trop, de l’autre, que je me fatigue trop. Les deux propositions sont également vraies. J’espère peu à peu venir à bout d’ôter ce qu’il y a de mal dans les deux manières d’être, en vivant précisément comme devrait vivre un homme dans ma position. Je veux et ne fais pas. Je vais beaucoup essayer pendant le mois de Marie.

Souvenez-vous bien que je ne me crois plus capable de m’impatienter de ce qui vient de vous. Je compte trop sur votre coeur Pour avoir le moindre doute impatient à votre égard. Je pourrai vous faire encore de la peine, mais il me paraît bien difficile que vous puissiez m’en faire. Voyez donc! Sur ce point, je crois avoir un meilleur esprit que vous. Ainsi, une fois pour toutes, veuillez ne plus vous préoccuper de la peine que vous pourriez me faire. J’aime mieux me tromper, ce qu’à Dieu ne plaise, en comptant trop sur votre amitié, que de me laisser aller à des appréciations injustes de votre intention.

J’ai reçu le mandat de 2,500 francs, et, comme je croyais être sûr de vous en avoir accusé réception, me voilà, à mon tour, préoccupé de ce qu’est devenue la lettre où je vous en parlais. J’aurais été heureux et très heureux de faire quelque chose d’agréable à M. de Franchessin. Mais M. de Genoude n’est plus en état de représenter personne. Il eût été infailliblement nommé, non à Montpellier, mais à Nîmes, où nos bourgadiers voulaient le porter, même mort; et si M. La Rochejaquelein veut recommander Monsieur votre oncle, il est sûr d’être nommé en remplacement de M. de Genoude sans le moindre doute.

Soeur Marie-Vincent est arrivée. Je ne l’ai vue qu’une fois. Mon très spirituel portier l’a congédiée hier, tandis que j’étais revenu de Montpellier tout exprès pour elle. M. Griolet, que j’ai vu aujourd’hui, regrette beaucoup son voyage. Cependant, il ne paraît pas que les choses aillent encore bien mal. Mais il ne faudra pas parler de partage, tant qu’elle sera dans le Midi. La pauvre Soeur Marie-Madeleine est, depuis onze jours, au lit; elle a pourtant autant envie de vous arriver que sa tante de l’expédier. Elles ont assez l’une de l’autre. Mlle Gaude, qui me paraît devoir être un sujet solide, brûle du désir de vous arriver. Je pense que toutes deux pourront partir dans dix ou quinze jours.

La maison ici se développe assez bien. L’esprit devient tous les jours meilleur, mais j’ai dû prendre une grande autorité pour parler ferme aux jeunes professeurs. Je crains bien d’être obligé de remercier M. Marc; il s’amoindrit tous- les jours davantage. Nous ne sommes encore, cette année, que quatre religieux; mais, l’an prochain, nous ferons au moins trois recrues, dont deux seront excellentes et la troisième au moins bonne:

1° L’abbé Brun, notre préfet de discipline, lequel s’attache tous les jours un peu plus à nous; il vient d’être reçu bachelier et c’est un excellent prêtre.

2° M. Bourgeois, notre surveillant de la quatrième division; il est adoré des enfants et les mène parfaitement bien.

3° M. Mazel, professeur de septième. Il a voulu être prêtre, il n’aime que la vie de communauté. Il est un peu lourd de formes, mais c’est peu de chose pour nous.

Une chose qui me fait grand plaisir, c’est que Monseigneur permet au jeune de Cabrières d’aller faire sa théologie à Saint-Sulpice(2). Cet enfant, qui est charmant, y prendra quelque chose de mieux que dans notre Séminaire; et puis, vous me le surveillerez. C’est une heureuse nature, chez qui la grâce a fait de bien bonnes choses déjà, un peu faible sous quelques rapports, mais d’une délicatesse exquise sous une foule d’autres. Mais ne trouverai-je donc personne qui puisse venir m’aider ici et me donner un peu le temps de rentrer en moi-même? Quel service vous me rendriez, si vous me trouviez ce quelqu’un-là. L’abbé Raynaud ne m’a plus écrit. Avez-vous conservé quelques relations avec lui?

Il me paraît à peu près certain que Mlle de Balincourt vous arrivera bientôt(3). Elle est, depuis quelques jours, allée faire une retraite à la Visitation d’Avignon. Quelqu’un, au jugement de qui je crois pouvoir m’en rapporter et qui est dans le secret de sa vocation, me disait que, depuis quelque temps, il y avait un trop grand changement chez elle pour qu’il n’y eût pas un appel bien positif. Vous ai-je dit que Mlle d’Esgrigny allait mettre à votre disposition une somme de 10,000 francs? Nos Soeurs du Tiers-Ordre sont en retraite: elles feront leur profession le jour de sainte Catherine(4). Quant à vous, ma fille, il me semble que Dieu me demande de dilater votre coeur dans l’amour et la générosité. Ayez confiance, non en vous, mais à l’amour de Dieu en vous. Priez beaucoup, et, quand vous ne pourrez pas prier, ne vous découragez pas trop, pourvu qu’il n’y ait pas de votre faute. Je vous laisse, parce que ma lettre part ce soir.

Tout vôtre, mais entièrement.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 527, 548, 574.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 527, 548, 574.
2. Le futur évêque et cardinal de Montpellier.
3. Elle entra, en effet, à l'Assomption sous le nom de Soeur Marie-Elisabeth.
4. La lettre du 30 avril annonce la profession des cinq premières Soeurs: Mme Durand, Mme Bolze, Mme Rocher, Mme Rigot et Mlle Coirard.