Vailhé, LETTRES, vol.3, p.426

28 apr 1849 Nîmes, MOLLEVILLE Henry

Combien il regrette de refuser l’élève présenté. -Il espère le retrouver avant la vallée de Josaphat. -Il est presque converti aux Jésuites. -On dit qu’il vit en saint; il va lui promettre un cierge.

Informations générales
  • V3-426
  • 0+612|DCXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.426
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 ELEVES
    1 PENSIONS
    1 PLEIN EXERCICE
    1 PREDICATION
    1 SALUT DES AMES
    1 SEVERITE
    1 SURVEILLANCE DES ELEVES
    2 CHANAL, FRANCOIS
    2 CORAIL, ALPHONSE
    2 DELFOUR, JESUITE
    2 FRESLON, ALEXANDRE-PIERRE
    2 IGNACE DE LOYOLA, SAINT
    2 MOLLEVILLE, MADAME HENRY DE
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 TOULOUSE
  • A MONSIEUR LE COMTE DE MOLLEVILLE (1).
  • MOLLEVILLE Henry
  • le 28 avril 1849.
  • 28 apr 1849
  • Nîmes,
La lettre

Il m’est impossible, mon cher ami, de me rappeler si j’ai répondu à votre lettre du 3 mars. Quant à la demande dont vous étiez chargé, comme j’y avais répondu par le préfet du Gard, je ne tenais pas précisément à vous faire parvenir mon refus d’admettre votre protégé; mais je tenais extrêmement à ce que vous fussiez convaincu que, si j’étais sévère, c’était bien malgré moi, puisque je savais que ma rigueur vous coûterait de la peine. Que voulez-vous? L’éducation, pour être bonne, a besoin de tant de surveillance que l’on ne sait comment on peut répondre de grands jeunes gens qui n’ont pu tenir dans d’autres établissements. Le mien, grâce à Dieu, surtout depuis que j’ai obtenu de M. Freslon le plein exercice, se développe de la manière la plus avantageuse, et j’ai tout lieu d’espérer qu’il ne fera que prospérer de plus en plus. J’ai mis un prix de pension un peu élevé, mais j’ai eu un motif en cela, celui d’avoir moins de mélange. Je sais bien que je me prive d’un certain nombre d’élèves mais ce n’est pas précisément un mal; on a un meilleur choix, et l’éducation peut être plus homogène, ce qui n’est pas un bien grand malheur.

Ne viendrez-vous jamais de mon côté? J’ai passé quelquefois par Toulouse, mais toujours dans une saison où vous étiez à la campagne. Je désirerais pourtant bien que nous pussions nous retrouver avant la vallée de Josaphat, quoique pour un autre motif que celui qui vous amena ici la dernière fois que j’ai eu le plaisir de passer quelques instants avec vous.

Je vous donnerai une grande nouvelle, je suis presque converti aux Jésuites. C’est le P. Corail qui a opéré ce quasi miracle. Il a prêché si admirablement une retraite à nos enfants, que je suis converti au P. Corail, sinon encore à tous les Pères. Cependant, depuis quelques années, je compte tant d’amis dans la Compagnie, entr’autres le P. Delfour, que, pour peu que cela continue, avant peu vous serez surpris de vous voir dépassé par moi dans votre attachement aux fils de saint Ignace.

Adieu, mon cher ami. On me dit que vous vivez comme un saint. J’ai presque envie de vous promettre un cierge, à condition que vous prierez un peu le bon Dieu pour ma conversion véritable.

Veuillez offrir mes hommages respectueux à Mme de Molleville et croire à mon inaltérable et profonde amitié.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. Reproduite en grande partie dans *Notes et Documents*, t. IV, p. 517 sq. Le comte de Molleville avait accompagné le P. d'Alzon à Rome, en novembre 1833, lorsqu'il s'y rendit pour terminer ses études.