Vailhé, LETTRES, vol.3, p.430

8 may 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Encore l’affaire de l emprunt, dont il est caution. -Ses regrets de ne pouvoir accepter Sorèze et du manque de vocations. -Ses projets pour l’été prochain. -Une nouvelle postulante.

Informations générales
  • V3-430
  • 0+614|DCXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.430
Informations détaillées
  • 1 BONTE
    1 CHAPELLE
    1 CHEMIN DE FER
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 CONTRAT DE LOCATION
    1 CREANCES A PAYER
    1 DOT
    1 EMPRUNTS HYPOTHEQUAIRES
    1 LACHETE
    1 MALADIES
    1 NOVICIAT
    1 POSTULANT
    1 RECONNAISSANCE
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 SANTE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BALINCOURT, CHARLES DE
    2 BALINCOURT, FRERES
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
    2 CONNELLY
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 VALAT, ANSELME
    2 VIEFVILLE
    3 AMIENS
    3 AVIGNON
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 SAINT-CYR-L'ECOLE
    3 SOREZE
    3 TOULON
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 8 mai 1849.
  • 8 may 1849
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Quoique je n’aie pas reçu de lettre de vous aujourd’hui, je veux vous écrire pour trois ou quatre choses.

La première est que je m’en suis tellement rapporté à vous pour l’affaire X., que je ne vous en ai plus parlé. Cependant, je ne puis vous dire quelle reconnaissance je vous ai pour le service que vous m’avez rendu en cette circonstance. Evidemment, le bon Chapot m’eût fait payer, si vous n’aviez cherché à voir un peu clair dans ce tripotage. Mais je ne vous ai pas dit qu’ici M. Valat, mon avocat, pense qu’on ne saurait trop prendre de précautions avec de pareilles gens et qu’il faudrait obtenir, ou un désistement de M. Viefville, ou un jugement. Toutefois, je m’en rapporte à ce que vous croirez le mieux.

La seconde chose est qu’on m’a propose de prendre le collège de Sorèze. Je n’aurais pas un sou à donner et je garderais, en même temps, la maison de Nîmes. Je ne crois pas pouvoir songer à rien de semblable, tant que je n’aurai pas un sujet capable de me représenter ici, et c’est ce qui m’y enchaînera longtemps. Mon plan serait, l’an prochain, sur les bénéfices que très positivement je ferai, de louer une petite maison, ou à Paris ou dans le diocèse d’Amiens(2), qui est tout près par le chemin de fer, et de chercher à attirer quelques jeunes gens. Peut-être, enfin, aurai-je le bonheur de trouver quelque sujet capable de faire aller la maison d’ici, dont le niveau s’élève tous les jours, de façon à étonner même l’impitoyable M. Durand. Mais n’y aurait-il pas moyen de trouver, dans les amis de M. Gabriel ou les vôtres, un prêtre qui voulût nous venir en aide? Si vous pouviez parler à M. Connelly, peut-être pourrait-il vous fournir quelques indications.

Voici mes projets sérieux. Je voudrais aller à Paris, à la fin d’août ou au mois de septembre, à moins qu’à cette époque vos religieuses ne s’embarquent à Toulon, auquel cas ce serait vous qui viendriez dans le Midi. Dans les quinze jours que je passerais à Paris, nous causerions de ce que nous pouvons faire de mieux pour l’oeuvre; puis, je reviendrais ouvrir mes classes, et, dans le courant de l’hiver, je tâcherais de vous faire une seconde et plus longue visite, où nous pourrions examiner la possibilité de faire un noviciat à Paris. C’est pour cela que je trouverais bien important que vous pussiez examiner si quelques jeunes gens ne pourraient pas venir s’unir à moi pour cette époque. Voyez devant Dieu, ma chère fille, ce que vous pensez d’un pareil projet et soyez assez bonne pour m’en faire part.

La troisième chose, c’est que vous aurez probablement Mlle de Balincourt. Elle est de retour depuis hier soir. Je ne l’ai pas encore vue, mais je sais que peu s’en est fallu qu’on ne l’entraînât à la Visitation d’Avignon. Cependant, elle pense venir auprès de vous. Son père surtout désire que, si elle va quelque part, ce soit vers vous qu’elle se dirige. Ce serait pour le mois d’octobre ou de novembre, époque à laquelle M. de Balincourt, avec qui j’ai eu ce matin une longue conversation, amènerait à Paris son plus jeune fils pour le faire préparer à Saint-Cyr. Du même coup, il vous conduirait sa fille et vous prierait de la lui garder un mois comme pensionnaire, afin que si, au bout de ce temps, elle venait par l’effet de l’épreuve à être dégoûtée de la vie religieuse, elle pût se retirer sans que le monde pût dire qu’elle avait essayé et n’avait pas persévéré. Je pense qu’elle vous apportera une pension de quatre à cinq mille francs. Si elle se fût mariée, elle eût obtenu, je pense, au moins le double. Si Mlle de Balincourt vient, vous aurez probablement plus tard son amie intime, si toutefois Dieu lui en donne la force physique. Elle a perdu un frère et une soeur de la poitrine, et elle- même est bien faible. C’est un sujet très distingué sous tous les rapports, appartenant à l’une de nos meilleures familles. Je ne vous la nomme pas par discrétion, mais je suis bien sûr que Mlle de Balincourt vous en parlera.

Vous ai-je dit que je faisais bâtir une chapelle, mais de telle façon que, si je quitte l’emplacement actuel -ce qui chaque jour me semble plus nécessaire,- je pourrai la vendre pour maison sans la moindre difficulté?

Je viens de voir Mlle de Balincourt. Elle est tout heureuse de ce que je lui ai donné mon avis positif sur sa vocation, ce que je n’avais pas voulu faire encore. Elle me charge de vous demander de vouloir bien la prendre au nombre de vos filles. Elle ne vous écrira pas, à cause de ses parents qu’il faut ménager; elle va passer trois mois à la campagne. Je lui ai recommandé: 1° d’être bonne pour ses parents; 2° de prier beaucoup; 3° de beaucoup soigner sa santé. C’est une enfant qu’il faut beaucoup prendre par la confiance. J’ai cru devoir lui prêter les Constitutions. Ainsi vous l’aurez probablement dans quatre ou cinq mois. Mais je vous aurai vue avant ce temps, à moins d’empêchements indépendants de notre volonté.

Priez beaucoup pour moi, ma fille; j’en ai un véritable besoin. Je ne veux pas tomber dans la lâcheté et j’y tombe à chaque instant. Adieu. Tout vôtre avec un coeur bien dévoué.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 536.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 536.
2. L'abbé de Salinis, son ami, venait d'en être nommé évêque.