Vailhé, LETTRES, vol.3, p.441

24 may 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nouvelles diverses. -Stéphane Pernet. -L’oeuvre du Saint-Sacrement et les vocations de jeunes gens. -Autres nouvelles.

Informations générales
  • V3-441
  • 0+619|DCXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.441
Informations détaillées
  • 2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 GENIEYS, MADAME
    2 GOUY, MADAME DE
    2 MARCEL, CARME
    2 PERNET, ETIENNE
    2 RAYNAUD, POSTULANT
    2 REVEILHE, MADAME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 24 mai 1849.
  • 24 may 1849
  • Nîmes,
La lettre

Je n’ai pu vous écrire hier, ma chère fille, j’avais ma classe d’histoire ecclésiastique et puis beaucoup d’autres dérangements. J’ai plus de temps aujourd’hui et j’en profite. D’abord, j’ai reçu vos 4,000 francs. Si vous désirez un acquit pour la régularité de vos comptes, je vous l’enverrai. Cet argent m’a été fort utile, parce que j’ai payé un billet de 4,000 francs qui tombait aujourd’hui; ce qui a produit un excellent effet sur un agent de change, qui est un peu trompette de renommée.

Il paraît que votre santé n’est pas encore très bonne, puisque vous avez besoin de vous soigner et de vous mettre si souvent au lit. Je prie Dieu de toute mon âme qu’il vous guérisse, si sa gloire doit s’y trouver; mais, dans tous les cas, je préfère bien recevoir de vos nouvelles par vous-même que par vos Soeurs. A propos de maladie, engagez Mme de Gouy(2) à prier pour Mme Génieys, qui a reçu sur la tête un coup d’un guichet en fer si terrible que le contre-coup est ressorti dans le dos: la moelle épinière est atteinte, et voilà cinq semaines qu’elle souffre sans amélioration.

Si le P. Marcel(3) me garantit la vocation de son jeune protégé, il peut l’envoyer sur-le-champ; autrement, qu’il attende mon arrivée. Il me semble qu’une foule de jeunes gens doivent être poussés par les événements du côté de Dieu, et il ne faut pas dire pour cela qu’ils n’ont pas de vocation; il faut dire, au contraire, qu’ils l’avaient, mais que les circonstances l’avaient étouffée. Mais il y aurait trop à dire sur ce sujet. Veuillez remercier le P. Marcel de l’intérêt qu’il porte à l’oeuvre, que nous essayons de développer. Mais c’est qu’en effet il serait bien bon d’avoir des sujets convenables en certain nombre. Toutefois, le plus grand obstacle à l’oeuvre, c’est moi, je ne puis me le dissimuler. J’ai besoin de donner du ton à toutes choses et à tous, et je n’en donne à rien. Plus je réfléchis à ce que vous me dites de M. Stéphane, plus je suis porté à le prendre; ainsi envoyez-le-moi. Pouvez-vous lui avancer les frais de son voyage? Ce sera un surveillant pour l’an prochain(4).

Ne pourriez-vous pas savoir ce que c’est que l’oeuvre du Saint-Sacrement, d’une manière un peu détaillée? Il me semble que s’unir pour prier est une excellente chose, mais qu’aujourd’hui il faut quelque chose de plus; et pourtant, si parmi ces jeunes gens on peut trouver des appuis ou aides, il me semble qu’il faut en profiter. Si donc il vous était possible de pénétrer de ce côté, ce serait un très grand avantage. La lettre de M. Raynaud me plaît infiniment. J’espère que, Dieu aidant, il nous viendra. Je voudrais bien que ce fût bientôt.

Ici, bien des gens sont épouvantés. Je m’occupe peu de ces terreurs, mais je pense que nous allons vers bien des maux. Adieu, chère fille. Je vous laisse, parce que je suis dérangé, et je veux faire partir ma lettre ce soir. Mmes Réveilhe et Boyer restent dans le Tiers-Ordre. Le temps me manque, et voici une lettre de Soeur Marie-Vincent que j’ai depuis deux jours; j’en ôte l’enveloppe pour qu’elle pèse moins de port.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 554 sq.
2. Deux filles de cette dame entrèrent chez les religieuses de l'Assomption.
3. Un religieux Carme.
4. Ce Stéphane n'était autre que le jeune Claude-Stépane ou Etienne Pernet, qui ne tarda pas à se rendre à Nîmes.