Vailhé, LETTRES, vol.3, p.446

2 jun 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les nouvelles d’Angleterre l’intéressent toujours vivement. -Le Conseil des sept et les nouvelles vocations. -Son voyage de Paris est toujours fixé au 12 juin. -Démarches conseillées pour obtenir des vocations. -Importance d’une réforme complète chez lui.

Informations générales
  • V3-446
  • 0+621|DCXXI
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.446
Informations détaillées
  • 1 ARISTOCRATIE DE L'ASSOMPTION
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 RECONNAISSANCE
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SURVEILLANTS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 ALLIES, THOMAS
    2 BRUN, HENRI
    2 CUSSE, RENE
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 MARC, PAUL
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 RAYNAUD, POSTULANT
    3 ANGLETERRE
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 2 juin 1849.
  • 2 jun 1849
  • Nîmes,
La lettre

Comme je n’aurai guère la possibilité de vous écrire ces jour-ci, ma chère fille, je veux répondre à l’instant à la lettre que je reçois de vous. Mille remerciements, d’abord, de ce que vous me dites sur Soeur Marie-Gert[rude] et sur ce qu’elle fait en Angleterre. Je ne puis vous dire à quel point ces détails m’intéressent. Je suis toujours plus convaincu que Dieu vous veut de ces côtés. C’est, à mes yeux, une chose toujours plus évidente. Enfin, je puis me tromper, mais c’est toujours là mon impression. Tout ce que vous me direz venant de ce côté m’intéressera toujours très vivement. D’après ce que vous me dites, il paraît que M. Allies est toujours puséiste et n’a pas fait le pas qu’ont franchi la plupart de ses amis. Dieu lui vienne en aide! Je ne puis croire que cet homme meure dans l’erreur(2).

Hier soir, nous avons eu une petite réunion des sept, puisque M. Brun en fait désormais partie. Il a été résolu que nous n’augmenterions pas le nombre des membres de ce petit Conseil, afin d’y avoir plus de liberté. Je n’ai fait qu’une réserve, ce serait au cas où M. Raynaud viendrait. Quant à M. Pernet, je le recevrai de mon mieux, mais, d’après ce que vous m’en dites, il faudra le mettre un peu à l’épreuve. Je commencerai par lui faire faire une retraite, et puis nous verrons. J’ai bien peur d’être obligé de remercier, l’an prochain, M. Cusse; je n’hésiterai pas à le faire, si je puis trouver un professeur de mathématiques. Je remercierai probablement aussi M. Marc, qui, sans avoir de reproches graves à se faire, s’affaiblit tous les jours un peu plus. Enfin, il me faudra trois surveillants, supposé que M. Pernet puisse nous être utile. Voilà quatre hommes qu’il me faudra trouver. Il m’est impossible de songer à dégarnir la maison sans m’occuper en même temps à la repeupler, et c’est pour cela que j’aurais été bien heureux, si, en effet, Soeur Marie-Gertrude avait pu me trouver quelque collaborateur du côté d’où elle vient.

Mon voyage est toujours fixé pour le 12, à moins d’obstacles imprévus. J’arriverai le 15 au matin à Paris. Je ne sais encore si Mme de Puységur y sera. Cela me gênera un peu. C’était en partie ce qui devait me faire retarder, mais nos Messieurs me pressent, tant qu’ils peuvent, de partir au plus tôt, afin d’être ici dans les premiers jours de juillet.

Ne pourriez-vous pas faire parler à M. de la Bouillerie, pour savoir ce qu’il veut faire de ses jeunes gens et si nous ne pourrions pas trouver parmi eux quelques recrues? Ce serait, il me semble, bien important. Si, sans trop vous déranger, vous pouviez par M. Gerbet faire sonder le terrain, vous feriez, ce me semble, une oeuvre très utile(3). M. Gerbet aussi doit avoir des hommes sur qui compter, et si, peu à peu, il prend goût à nos idées, il me paraît qu’il devra nous fournir des hommes capables. Je suis épouvanté de voir la puissance de prosélytisme passée en d’autres mains. L’enfer a des apôtres et Jésus-Christ est abandonné des siens.

Tout ce que vous me dites au bas de votre lettre est très bon. Je suis heureux de penser que je vous trouverai dans des dispositions aussi favorables. Il n’y aura plus qu’à vous pousser et à me pousser moi-même, car je sens, de mon côté, l’importance d’une réforme complète chez moi.

Adieu, ma chère fille. En répondant de suite à cette lettre, j’aurai encore votre lettre; autrement, ne m’écrivez plus. Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 574, 632.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 574, 632.
2. De fait, il se convertit peu de temps après.
3. L'abbé de la Bouillerie, un des principaux apôtres du culte du Saint-Sacrement en France, avait établi à Paris le 6 décembre 1848 l'adoration nocturne, avec l'aide de quelques jeunes gens, dont il était le directeur.