Vailhé, LETTRES, vol.3, p.451

24 jun 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il laisse toute liberté à ses religieux de correspondre avec elle. -Il ne peut aller à Paris en ce moment, mais se retire à la campagne pour quelques jours. -A quel moment il pourrait prêcher leur retraite à Paris. -Peine que lui causent ses souffrances morales. -Nouvelles des novices nîmoises.

Informations générales
  • V3-451
  • 0+624|DCXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.451
Informations détaillées
  • 1 CONGES SCOLAIRES
    1 JOIE
    1 MALADIES
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 REPOS
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SANTE
    1 SEVERITE
    1 SOUFFRANCE
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CARDENNE, VICTOR
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 24 juin 1849.
  • 24 jun 1849
  • Nîmes,
La lettre

Je reçois votre lettre, ma chère fille, et je puis vous assurer qu’elle me cause une grande joie. Si je n’avais pas su que vous aviez écrit à M. Cardenne, j’aurais été très en peine sur votre compte. Heureusement que je vis la suscription de votre lettre; ce qui me rassura sur votre santé, pour laquelle j’avais des inquiétudes. Je vous dirai que, par un très grand hasard, j’aperçus chez le portier votre lettre à M. Cardenne. Je n’en parlai pas pour voir ce qu’il ferait, s’il me la présenterait ou non. Il me la présenta, ce dont je fus très édifié. Sachant le dessous des cartes, je l’ouvris pour la forme devant tout le monde et j’en profitai pour dire à tous que, avec l’absolue confiance que j’avais en vous et que l’on savait bien que j’avais, je donnais toute autorisation de vous écrire et de recevoir vos lettres, sans qu’on me prévînt; ce qui parut faire un notable plaisir et ce qui m’en fit un très grand, à moi, de pouvoir donner devant les miens cette preuve de ce que vous m’êtes.

Quant à venir en ce moment, cela m’est bien difficile. Lorsque nos Messieurs me voulaient pour les premiers jours de juillet, ils entendaient que je resterais à la maison jusqu’aux vacances, et c’est bien ainsi que je croyais vous l’avoir dit. C’est le moment le plus difficile pour contenir nos enfants, et il faut alors les mener d’une main qu’ils sentent à chaque instant. Ce n’est pas que je ne sente le besoin de repos, car je vais passer quelques jours à la campagne pour me défaire de mes crampes qui me tourmentent toujours; mais je serai à deux pas et j’en profiterai encore pour surveiller quelques-uns de nos enfants, qui auront à prendre les bains de mer. Et puis, le temps que je prendrais servirait à peine pour aller et venir, si je faisais le voyage de Paris.

J’accepte avec plaisir la pensée de prêcher la retraite de vos Soeurs, si c’est pour le mois d’août ou de septembre. Dans le mois d’août, ce serait vers le 20, puisqu’il faudrait le temps de partir après la distribution des prix qui aura lieu le 16. Si c’était au mois de septembre, j’aurais le temps de faire ici la retraite des sept et je serais bien plus à l’aise; mais ce serait aussi bien retardé pour vous autres, et peut-être aussi cela vous arrangerait-il, puisque vos enfants seraient en vacances. Enfin, examinez et voyez si je puis vous être bon dans cette portion de temps, dont je puis disposer.

Je serais fort aise de prêcher la retraite de vos Soeurs: premièrement, afin de me remettre un peu en relation avec elles; ensuite, pour leur donner, après m’être entendu avec vous, la nature des rapports qui doivent subsister entre nous. Mais je voudrais qu’avant cela nous puissions une bonne fois nous entendre, car cette impuissance ou je suis de vous faire tout le bien que je vous souhaite me donne, à moi aussi, un peu de gêne. Remarquez que je ne m’en plains pas le moins du monde, mais vous comprenez que, à mesure que je vous vois depuis si longtemps souffrir, il m’est impossible de ne pas, moi aussi, souffrir de mon côté. Je vous dis ceci, sans autre pensée que de vous faire voir tout ce qui est au fond de mon âme. Quand vous êtes dans l’angoisse, je serais bien fâché de ne pas y être aussi à cause de vous.

On m’a dérangé cinq ou six fois. Je n’ai pas le temps d’être plus long, je vous écrirai au plus tôt. Ne m’écrivez pas à la campagne, vos lettres n’auraient pas le temps d’y arriver. Adieu, bien chère fille. Mille fois tout à vous.

Je prierai Dieu de toute mon âme pour qu’il vous donne la paix. Soeur Marie-Madeleine va de plus en plus mal. Soeur Marie-Vincent n’a point paru depuis un siècle. Il me semble qu’il faut être un peu sévère, si elle tarde trop. Je n’ai pas le temps de me relire. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.