Vailhé, LETTRES, vol.3, p.456

19 jul 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Motifs qui retardent encore son départ pour Paris. -A quel moment fixer leur retraite? -La rentrée des élèves pourra peut-être aider à la fondation du noviciat. -L’évêque de Nîmes se montre plus favorable. -Au sujet de quelques vocations. -Conversation avec l’évêque de Montauban. -Le danger de la vie apostolique est de tout donner et de ne se rien réserver pour la vie intérieure. -Où en est sa santé?

Informations générales
  • V3-456
  • 0+627|DCXXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.456
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 ANNEE SCOLAIRE
    1 APOSTOLAT
    1 ARGENT DU PERE D'ALZON
    1 BREVIAIRE
    1 CONTRAT DE LOCATION
    1 EVECHES
    1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 MISSION DU CAP
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PENSIONS
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 SANTE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOYAGES
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CHAVIN DE MALAN, FRANCOIS-EMILE
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 GOURAUD, MADAME HENRI
    2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
    2 MACCABA
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 RAYNAUD, POSTULANT
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 ANGLETERRE
    3 MONTAUBAN
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 19 juillet 1849.
  • 19 jul 1849
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je ne puis assez vous exprimer combien les lettres où vous me pressez de venir me jettent dans l’anxiété. D’une part, je voudrais être auprès de vous, -si jamais, en effet, il a été opportun que je vous montrasse ma bonne volonté, c’est à présent, -et, en même temps, toutefois, je crois comprendre qu’il faut que je reste ici. Il me semble que Dieu me le demande? C’est bien, il me semble devant lui que je prends cette résolution de me priver d’une satisfaction, qui serait en ce moment augmentée par le désir de voir ma soeur, Mme de Puységur. Elle me fait conjurer d’arriver. Mais si je vous refuse, je n’irai certainement pas pour elle, à moins qu’elle ne fût en danger de mort; ce qui, j’espère, n’arrivera pas. Quant à l’affaire de Mme Gouraud, je voudrais de tout mon coeur pouvoir aider à l’arranger, mais je ne pense pas qu’il y ait là rien qui me force à laisser ce que je crois le plus utile au bien de l’oeuvre.

Ce qui me frappe le plus, ma chère fille, c’est vous, ce sont vos filles qui vont partir, et, à ce sujet, je vous conjure de dire à Soeur Marie-Gertrude combien je serais content de recevoir une lettre d’elle, de manière à ce que je puisse lui répondre avant son départ. Il ne s’agit donc plus que d’examiner à quelle époque de nos vacances vous préférez que je vienne. Or, il me paraît que le plus commode pour vous sera le meilleur, d’autant plus que j’espère bien pouvoir fixer quelque chose de relatif à notre oeuvre et que, au lieu de rester dix jours, je pourrai peut-être vous donner trois semaines.

La rentrée des élèves s’annonce superbe. J’en ai au moins 153 pour commencer, ce qui est très beau, sans compter ceux qui viendront d’ici à la rentrée, et j’en attends bien encore une quinzaine sans exagération. J’espère pouvoir prendre quelques milliers de francs pour l’entretien du noviciat. Mais c’est encore là un point nécessaire à éclaircir pour plus tard; car les collèges devront-ils servir à payer les noviciats? Ou bien faudra-t-il faire des budgets séparés? Encore ici je ne serai pas bien embarrassé; car je suppose que le budget de la maison d’éducation doive rester indépendant, je pourrais à coup sûr, soit sur ma pension, soit sur mon traitement de grand-vicaire, prendre de quoi pourvoir à toutes les dépenses du noviciat, surtout si nous avons quelques jeunes gens, qui, comme M. Maccaba, consentiront à payer une pension. J’ai, à quelque distance de Nîmes, une assez bonne maison en vue, et je pense que, si je puis la louer, nous pourrons y établir au moins une quinzaine de novices.

Vous ai-je écrit que j’avais eu une très longue conversation avec Monseigneur de Nîmes, à la fin de laquelle il avait paru moins éloigné que jamais de nos projets? Il voulait en causer avec Monseigneur de Montauban. Je suis allé voir celui-ci, qui est en visite chez notre évêque, et, après une longue conversation, je l’ai trouvé entièrement de mon avis, qui, j’espère, est celui du bon Dieu. Je vais y retourner dans une demi-heure et je verrai Monseigneur de Nîmes. Si je puis les décider à causer tous les deux devant moi, je verrai de les faire me donner un avis favorable. Et pourtant, je suis très préoccupé. Je n’ai pas, a proprement parler, de maître des novices. Il manque pour cela bien des choses à M. Tissot et à M. Cardenne. Peut-être cela est-il un bien. Les novices seront plus dans ma main pour les rendements de compte.

Que devient l’abbé Raynaud? Où en sont ses intentions? Je vous conjure, quand vous aurez terminé l’affaire de la mission, de revenir là-dessus avec lui sur quelques explications, afin que nous sachions s’il est possible de compter sur son concours. Et le protégé de M. Chavin, que devient-il? Les Anglais que vous me proposez ou que l’on veut me proposer viendront-ils jusqu’à Nîmes? Faudra-t-il attendre à plus tard? Je vous avoue que je suis tout ému en pensant au bien à faire en Angleterre, mais je ne veux pas me presser.

Le 20 juillet.

Je suis allé voir, en effet, l’évêque de Montauban, mais nous avons été hier interrompus dans notre conversation. Aujourd’hui, il y avait Conseil et je suis resté à dîner à l’évêché. En sortant, j’ai conjuré l’évêque de causer de mon affaire avec Mgr Doney, lequel m’est très favorable, car il est venu dire la messe, hier jeudi, à mes enfants et il m’a annoncé qu’il viendrait encore après-demain dimanche. C’est un homme bien sec, mais bien bon et surtout bien ferme.

Au milieu de toutes vos préoccupations, vous ne me parlez guère de votre intérieur. Je le regrette, si c’est une preuve que vous n’avez pas le temps d’y penser, car la vie apostolique a ce grand danger de tout donner et de ne rien réserver, même du nécessaire, pour la vie intérieure. Dites-moi donc où vous en êtes, en peu de mots, si vous ne le pouvez faire longuement. Je demande à Notre-Seigneur qu’il vous aide à tirer parti de tout, surtout de l’esprit que par vous il doit communiquer à vos Soeurs missionnaires. Il y a longtemps aussi que vous ne m’avez parlé de votre santé. J’aime à croire que les grandes et bonnes choses qui vous préoccupent vous aident à vous bien porter. Je voudrais bien, pour ma part, contribuer aussi, en dilatant votre coeur, à vous rendre bien forte et bien vigoureuse de toute manière.

Adieu, chère fille. Fixez-moi au plus tôt l’époque où vous préférez me voir. Je tâcherai de prendre mes précautions en conséquence. Adieu. Mille fois tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. d’Alzon.

J’ai oublié de remercier Soeur Marie-Gonzague de sa lettre. Je vous prie de vous en charger, de ma part. Je regrette bien de n’avoir pu vous fournir les bréviaires qu’elle désirait.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 560 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 560 sq.