Vailhé, LETTRES, vol.3, p.484

• V3-484
• 0+642|DCXLII
• Vailhé, LETTRES, vol.3, p.484

• 1 ABANDON A LA MISERICORDE DE DIEU
  1 AMOUR DIVIN
  1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
  1 JOIE
  1 VOLONTE DE DIEU
  2 PAUL, SAINT
• A MADEMOISELLE JOSEPHINE FABRE (1).
• FABRE_JOSEPHINE
• le 5 septembre 1849.
• 5 sep 1849
• Lavagnac,

Vous voyez ma chère enfant, que je suis exact à répondre aux lettres que vous m’adressez. La vôtre que j’ai reçue hier m’a fait grand plaisir; elle renferme d’excellentes dispositions, et, pour les fortifier, voici quelques points, sur lesquels je vous engage à insister davantage.

Je crois pour vous très important de vous exercer à [ne] vouloir ni plus ni moins que ce que Dieu veut. Avec la vivacité de votre caractère vous êtes exposée à vouloir souvent ce que Dieu ne veut pas, ou ce qu’il veut que vous vouliez d’une manière plus soumise à sa volonté Or, y a-t-il une volonté plus parfaite que la volonté de Dieu? Et, du moment que nous voulons tendre à la perfection, ne devons-nous pas préférer avant tout et par-dessus tout la volonté de Dieu? Et que sont nos idées, nos sentiments, nos désirs auprès de cette adorable volonté? C’est pour cela que Notre-Seigneur, au moment de mourir, disait à son Père: Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez.(2) Quand, sur toutes choses, vous aurez fait cette prière à Dieu du fond du coeur, vous verrez que Dieu vous donnera du calme et de la paix. Si Dieu veut que nous lui disions sans cesse: Que votre volonté soit faite!(3), le Saint-Esprit nous apprend aussi qu’il fait la volonté de ceux qui le craignent. Il fait leur volonté, parce qu’il les sauve, et il fait la sienne, parce qu’il veut les sauver et parce qu’il emploie les moyens qui lui sont convenables, quand bien même ils nous paraissent un peu durs.

C’est pour cela, ma chère fille, que je ne saurais trop vous recommander de vous mettre entièrement entre les mains de Dieu. Tant que votre coeur n’y sera pas sans réserve, avec toutes ses affections, ses antipathies, vous n’avancerez pas, parce que vous n’aurez pas donné à Dieu tout ce qu’il vous demande. Descendez souvent dans ce pauvre coeur, coupez, tranchez, jusqu’à ce qu’il n’y reste rien que le saint amour de Dieu, en qui vous aimerez toutes choses.

Appliquez-vous à devenir charitable. Je lisais, ce matin, dans saint Paul, que la perfection de la loi chrétienne était dans ce commandement: Vous aimerez votre prochain comme vous-même(4). Vous manquez trop souvent de charité, ma chère enfant, et c’est un grand mal, surtout dans un pays protestant. Notre-Seigneur, la veille de sa mort, disait à ses apôtres: On connaîtra que vous êtes mes apôtres à l’affection que vous aurez eue les uns envers les autres(5). Serait-ce là le signe, auquel on pourrait reconnaître que vous êtes chrétienne?

Réfléchissez sur ces deux points, la volonté de Dieu et la charité envers le prochain. Si, d’ici à mon retour, vous avez fait des progrès sur ces deux articles, je serai content de vous.

Adieu, ma chère enfant. Je voudrais vous voir une sainte tout à coup et je suis trop pressé. Cela viendra, du moins vous y aiderai-je de tous mes efforts. Adieu, chère fille. Je prie bien pour vous et suis tout à vous en Notre-Seigneur.