Vailhé, LETTRES, vol.3, p.508

30 oct 1849 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il revient sur son refus de ne pas loger chez les religieuses. -Nouvelles dispositions pour son voyage à Paris et pour son séjour. -Maîtres et élèves de Nîmes marchent très bien. -Il désire lui faire beaucoup de bien à Paris.

Informations générales
  • V3-508
  • 0+657|DCLVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.508
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONCILE PROVINCIAL
    1 COUVENT
    1 DISCIPLINE SCOLAIRE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 INDEPENDANCE CATHOLIQUE
    1 OFFICE DIVIN
    1 RESIDENCES
    1 VOYAGES
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 FERRAND de MISSOL, AMEDEE
    2 OLIER, JEAN-JACQUES
    2 POULIN, FREDERIC
    3 AVIGNON
    3 NANTES
    3 NIMES, EGLISE SAINT-PAUL
    3 PARIS, CHAILLOT
    3 PARIS, EGLISE SAINT-THOMAS D'AQUIN
    3 PARIS, RUE SAINT-DOMINIQUE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 30 octobre 1849.
  • 30 oct 1849
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

J’ai quelque chose sur le coeur, il faut que je vous le dise; mais ce n’est pas contre vous, c’est contre moi, à cause de la lettre que je vous ai écrite avant-hier. J’ai peur qu’elle ne vous ait fait de la peine. Je ne le voudrais pas pour beaucoup: d’abord, parce que j’aurais la plus grande envie d’accepter votre invitation; ensuite, parce que vous me la faisiez d’une manière si parfaitement bonne que c’eût été mal à moi de ne pas vous faire assez comprendre combien j’en étais touché. Puis, je vous parlais de ma répugnance à aller dans un couvent de religieuses. Mais il me semble que ceci n’est pas une raison, car je serai logé de l’autre côté du couvent; puis, une heure après que je vous eus écrit, on nous lut au réfectoire que M. Olier avait été, à Nantes, logé chez les Soeurs de la Visitation pour remettre sa santé: il logeait dans la maison du jardinier. Je ne vois pas pourquoi je serais plus scrupuleux que M. Olier. Maintenant, quant à la question de commodité personnelle, il me semble bien que je pourrais utiliser mes soirées en restant rue Saint-Dominique, soit en allant aux réunions de M. Ferrand, soit dans quelques Conférences de Saint-Vincent de Paul, en un mot, en allant où je croirai pouvoir trouver des jeunes gens; tandis que, si je reste à Chaillot, cela me sera bien moins possible. Le soir, je ne pourrai guère vous voir; vous serez ou à l’office ou avec vos Soeurs.

Voici ce que je me permettrais de vous demander, puisque vous êtes si bonne: ce serait une petite chambre, où je puisse passer la journée. J’arriverais vers 8 heures, je pourrais y rester jusqu’à 4 heures et je profiterais de tous les moments libres que vous auriez. Je pourrais dire la messe, à 7 heures, à Saint-Thomas d’Aquin, et puis m’acheminer vers chez vous. J’avais besoin de vous dire tout cela, et puis encore que, ne venant à Paris que pour vous voir, je ferai ce qui vous ira le mieux. J’apporte plusieurs papiers, sur lesquels nous aurons à causer.

Le 31 octobre.

Votre lettre m’arrive à l’instant. Je vais examiner si je ne partirai pas le 8 novembre, afin de vous arriver plus tôt, supposé que le concile soit décidément tenu le 8 décembre. J’aurais toujours par là le mois sur lequel je comptais; je manquerais la cérémonie de la consécration de notre nouvelle église(2), à laquelle je tiens extrêmement peu, à moins que, pour être plus à l’aise, vous ne préfériez que je renvoie mon voyage après Noël. Répondez-moi courrier par courrier, car je vous avoue que je n’ai pas d’idée arrêtée, et je ferai ce que vous préférerez. Je suis un peu ennuyé de traîner de mois en mois ma visite. D’autre part, si je dois ramener nos jeunes Anglais, j’aurai un peu plus de temps pour me retourner et préparer toutes choses pour le mieux. Mais, je le répète, ce voyage est surtout pour vous et je le ferai quand vous le voudrez; seulement avec le regret d’être obligé de me trouver à Avignon le 8 décembre, car Monseigneur vient de me le dire encore ce matin. Je crois que ce concile ne fera pas grand’chose; mais enfin ce sera toujours un acte d’indépendance envers l’Etat, et, sous ce rapport, il aura son avantage.

Les choses marchent très bien ici. Nous avons gagné, ce me semble, énormément sur l’an dernier, et j’espère bien que nous gagnerons encore, pour la tenue, la sévérité de la discipline, et, en même temps, l’esprit d’ouverture de la part des enfants. Tout cela est considérablement amélioré. Les maîtres aussi marchent bien mieux. Nous avons fait une précieuse acquisition dans le professeur de seconde, M. Poulin. Pour revenir à ce que je vous disais au commencement de ma lettre, si vous croyez que je puisse trouver par vous des jeunes gens, je n’aurai pas besoin d’en aller chercher, et il y aurait moins d’inconvénient à ce que je logeasse dans l’appartement que vous m’offrez.

Je passe à ce qui vous concerne. Je n’aurai pas grand’chose à vous dire aujourd’hui, sinon que je suis heureux de vous avoir fait du bien et que je désire vous en faire beaucoup pendant mon séjour à Paris. Pour cela vous devez, d’une part, développer en vous l’esprit de foi, autant que vous en êtes capable, et puis aussi consentir à croire que je veux de tout mon coeur vous être bon. Il me semble que plus vous prendrez mes paroles avec ce sentiment, et plus elles vous feront du bien.

Adieu, ma chère fille. La veille de la Toussaint, on a peu de temps. Je prierai pour vous de toute mon âme. Je vous laisse pour aller dire mes Petites Heures. Tout vôtre du fond du coeur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 627, 662.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 627, 662.
2. L'église de Saint-Paul.