Vailhé, LETTRES, vol.3, p.529

1 jan 1850 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nouveaux souhaits de bonne année. -Ils doivent employer leur temps à l’oeuvre pour laquelle il semble que Dieu ait voulu les faire rencontrer sur la terre. -Sa récente indisposition. -Au sujet de quelques postulantes. -Ouvrage recommandé sur l’état religieux. -Les études sont plus fortes chez lui que dans les lycées. -Nombre de ses élèves et projets d’agrandissement.

Informations générales
  • V3-529
  • 0+669|DCLXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.529
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTION
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONTRAT DE LOCATION
    1 ENSEIGNEMENT
    1 LIVRES
    1 MAITRES
    1 MALADIES
    1 MATIERES SCOLAIRES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SANTE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE
    2 BALINCOURT, CHARLES DE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BOYER, EDOUARD
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 DORLHAC, MADEMOISELLE
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 GAUTRELET, FRANCOIS-XAVIER
    2 GOODMAN
    2 JUAN, DON
    2 MICHEL, ERNEST
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 REVEILHE, MADAME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 1er janvier 1850.
  • 1 jan 1850
  • Nîmes,
La lettre

Quoique je vous aie déjà, il y a quelques jours, souhaité une bonne année, je veux le faire encore aujourd’hui, ma chère fille. Je suis au coin du feu, au lieu de faire des visites. Sans être souffrant, je ne me porte pas très bien et j’en profite pour causer un peu avec vous.

Tout d’abord, je dois vous dire que vos lettres me font un bien infini. Votre paix arrive jusqu’à moi. Peut-être me donnerez-vous la santé, que vous semblez retrouver enfin. Il est très important, je crois, que rien ne vous fasse sortir de la disposition où vous êtes à mon égard. Nous perdrions, à nous retrouver, un temps précieux que nous devons employer désormais à l’oeuvre pour laquelle il semble que Dieu ait voulu nous faire rencontrer sur la terre. Je suis, comme vous, très préoccupé d’un grand désir de devenir meilleur. Il me semble que, ce matin encore, je l’ai promis à Notre-Seigneur avec toute la bonne volonté dont je suis capable. Mais j’ai si souvent promis! Il est vrai pourtant que, si je ne fais pas plus d’efforts, je n’avancerai pas beaucoup. Oh! ma bonne fille, priez bien pour que j’arrive là où je dois tendre de toute l’énergie de mon être! Cependant, je dois vous dire que l’on remarque, en général, dans mes instructions, quelque chose de plus énergique et de plus profondément senti, qui semble renouveler un peu les gens qui m’entourent. Du reste, il semble que Dieu veuille me bénir; au premier jour, j’aurai 156 pensionnaires.

Le 3 janvier.

J’ai été souffrant et empêché par des visites. Voilà pourquoi j’ai suspendu ma lettre, depuis avant-hier. Cependant, rassurez-vous complètement sur mon compte. Une oppression de côté, dont je me plaignais depuis un certain temps, est purement dans les muscles, au dire de mon docteur, et, quant aux crampes dont j’ai aussi considérablement souffert, il prétend que fort peu de chose guérira tout cela.

Laissez-moi vous dire que Dieu a bien éprouvé Mme Boyer. La veille du jour de l’an, son mari a été frappé d’une attaque d’apoplexie qui lui a paralysé la moitié du corps. Mme Réveilhe prétend que cela ne sera rien et qu’il n’en restera pas de suites. Vous me feriez un bien grand plaisir, si vous pouviez lui écrire un petit mot de sympathie. Je n’ai aucune nouvelle de Mlle d’Esgrigny, aucune de Mlle Dorlhac; quant à la Soeur Marie-Vincent, ses soeurs la traitent comme Don Juan ses créanciers: des compliments et point d’argent. Mais cette pauvre fille ne m’a absolument rien fait dire. Elle a pourtant assuré à Mme Bolze que son intention bien positive était de partir pour Paris avant le Carême. Vous verrez si elle vous arrivera. Pour moi, je ne puis l’espérer.

Connaissez-vous l’ouvrage du P. Gautrelet sur l’état religieux? Je vous engage à vous le procurer. Il y donne plusieurs décisions théologiques qu’il vous sera, je crois, très utile de connaître. Je le lis en ce moment, sur la recommandation que m’en a faite un directeur de Séminaire, et j’en suis très satisfait(2).

Vous me faites quelques questions, auxquelles je veux également répondre. Les études, chez moi, sont plus fortes que dans les lycées voisins, anciennement collèges royaux. Elles tendent chaque jour à se fortifier. Ceci me paraît incontestable. L’enseignement des mathématiques s’élève également tous les jours chez moi. Mais j’ai besoin d’un professeur de plus, et si vous pouvez m’en trouver un bon, je vous en aurai une vraie reconnaissance. C’est, bien entendu, un professeur de mathématiques que je voudrais. Que devient celui dont m’avait parlé M. Michel? Je tiens toujours à M. Goodman. Si Soeur Th[érèse]-Em[manuel] me le procure, elle me rendra un bien grand service.

Je vais probablement louer, pour le mois d’octobre prochain, une maison qui me coûtera 4,000 francs de loyer; mais, dans ce cas, j’en rendrai une qui m’en coûte 600. Je pourrai loger une douzaine de professeurs externes qui me payeront, à leur tour, un loyer, et, sans avoir à rien faire bâtir, j’espère pouvoir loger une trentaine d’élèves de plus, ce qui me donnerait à peu près 200 lits, et je ne pense pas aller l’an prochain à 200 élèves. Je m’estimerai fort heureux si j’en ai 190. Je vais en avoir 156, si je ne me trompe, mais je ne vois pas encore qu’il s’en annonce beaucoup pour l’an prochain. J’en ai eu, cette année, quarante-huit nouveaux et j’en attends encore quatre ou cinq qui se sont annoncés. Si je loue la maison dont je vous parle, ce serait pour cinq ans. Il me semble que, d’ici là, les affaires s’arrangeront et que je pourrai enfin avoir un collège comme je le désire, c’est-à-dire un peu régulier. Mon Dieu, que de choses j’aurais à vous dire là-dessus! Mais, pour aujourd’hui je m’arrête.

Veuillez assurer vos filles que je prie constamment pour elles et que je voudrais bien leur être bon en quelque chose, au moins par ma ferveur à demander à Dieu leur perfection. Je ne vous charge de rien pour Mlle de Bal[incourt], pour ne pas offusquer son père. Adieu, ma chère fille. Tout vôtre, avec un coeur bien dévoué.

Notes et post-scriptum
2. Gautrelet, *Traité de l'état religieux*, paru pour la première fois en 1846.1. D'après une copie.
2. Gautrelet, *Traité de l'état religieux*, paru pour la première fois en 1846.