Vailhé, LETTRES, vol.3, p.537

14 jan 1850 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa santé laisse encore à désirer. -Nouvelles diverses. -Demandes au sujet des Soeurs du Cap et d’Angleterre. -Il prépare un prêtre novice pour les Soeurs d’Angleterre. -La fatigue le contraint à s’interrompre.

Informations générales
  • V3-537
  • 0+672|DCLXXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.537
Informations détaillées
  • 1 ANGLICANISME
    1 DOT
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 MISSION DU CAP
    1 NOVICIAT
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BOURDET, JEAN-CLAUDE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PIE IX
    2 PUSEY, EDWARD BOUVERIE
    2 VALAT ANSELME
    2 VERNIERE, JEAN-JEROME
    3 ANGLETERRE
    3 CAP, LE
    3 FRANCE
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 14 janvier 1850.
  • 14 jan 1850
  • Nîmes,
La lettre

C’est sous l’attente d’une crise, comme celle que j’ai eue à Paris, que je vous écris, ma chère enfant. J’ai eu tant d’occupations, où il a fallu que je payasse de ma personne que, je le sens, il y a quelque chose qui se détraque chez moi. Peut-être cela passera-t-il, mais j’aurais besoin de repos et je ne puis pas en prendre, comme je le voudrais. Enfin, après avoir été, à force de désagréments, un peu en retard avec vous, je tiens à prendre mes précautions: d’autant plus que j’ai à vous parler de diverses choses. Vos deux dernières lettres ne me disant rien de votre intérieur, je ne vous en parlerai pas aujourd’hui, mais je tiens à vous tenir au courant de quelques affaires.

L’affaire Bourdet est plus embrouillée que jamais. Le pauvre Cardenne et M. Valat y perdent leur latin. Peut-être cependant espère-t-on pouvoir tirer quelque chose. Les droits de la petite fille sont en tout cas garantis. La personne qui eût pu me procurer les 10,000 francs sur la dot de Soeur-Marie- Rodriguez en est empêchée pour le moment. Je chercherai quelque autre personne. Je suis toujours bien préoccupé des affaires de nos Soeurs du Cap. Vous ne m’en avez pas parlé depuis quelque temps. En savez-vous quelque chose? En avez-vous des nouvelles un peu rassurantes? Qu’est devenue cette somme qu’on leur avait envoyée et qu’à mon départ de Paris elles disaient n’avoir pas reçue?

Et vos Soeurs d’Angleterre, où en sont-elles? Qu’avez-vous conclu, arrangé? Il me semble impossible que vous parcouriez ce pays, sans former un grand désir d’y faire glorifier Notre-Seigneur. Pensez-vous en ramener quelques novices? Il me semble que si Soeur Th[érèse]-Em[manuel] vous seconde, votre voyage aura aplani toutes les difficultés des noviciats, car enfin elle doit vous attirer les jeunes sujets et leur inspirer l’envie de vous accompagner en France. Je ne trouve rien d’absurde que cette prétention de vouloir faire partie d’un Ordre, sans aller en puiser l’esprit dans son centre. Examinez le plus attentivement possible cet esprit anglais. Me trompé-je en croyant que la petite persécution, soulevée à l’occasion de la dernière Bulle du Pape(2), n’est qu’une épreuve qui fera tomber du côté de l’Eglise une foule de puséistes? Ne trouverez-vous personne à m’envoyer? Je vous prépare toujours le bon abbé Vernières, qui travaille à force son anglais. Il fait ici beaucoup de bien aux enfants par la confession. Je souhaite qu’il en fasse autant en Angleterre. Il a beaucoup de piété et de zèle, mais sa portée est médiocre.

Allons, ma chère fille, continuons à faire quelques efforts pour être bonne. Pour moi, je suis tout disposé à l’être pour vous, mais, autant qu’il est nécessaire, pour vous forcer à être tout à fait simplement fille. Je souhaite bien vous être un père, et je crois bien vous le prouver en ce moment, car il faut à chaque instant que je m’arrête pour reprendre haleine. Au moins, si vous pouviez y voir mon désir de ne pas vous laisser sous le poids des tristesses qui vous raidissent. Je vous quitte pourtant, car je n’en puis plus et la sueur me prend.

Adieu. Ne vous tracassez pourtant pas, si je ne puis vous écrire demain; je vous ferai donner de mes nouvelles. Tout vôtre en Jésus souffrant.

E. d’Alzon.

Mille bénédictions à nos Soeurs d’Angleterre et à Soeur Marie-Th[érèse] en particulier.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
2. En 1849, Pie IX publia deux encycliques, l'encyclique *Ubi primum*, du 11 février, relative à l'Immaculée Conception, l'encyclique *Noscitis et nobiscum*, du 8 décembre, relative à la situation politique et religieuse de l'Italie et adressée à tous les évêques de la péninsule. Quant à la hiérarchie ecclésiastique en Angleterre, elle ne fut rétablie par Bref que le 29 septembre 1850.1. D'après une copie.
2. En 1849, Pie IX publia deux encycliques, l'encyclique *Ubi primum*, du 11 février, relative à l'Immaculée Conception, l'encyclique *Noscitis et nobiscum*, du 8 décembre, relative à la situation politique et religieuse de l'Italie et adressée à tous les évêques de la péninsule. Quant à la hiérarchie ecclésiastique en Angleterre, elle ne fut rétablie par Bref que le 29 septembre 1850.