Vailhé, LETTRES, vol.3, p.591

16 jul 1850 [Paris], O_NEILL_THERESE Emmanuel ra

La fondation d’Angleterre doit passer, comme toutes les oeuvres de Dieu, par bien des épreuves. -Il a failli se rendre en Angleterre. -Désintéressement et franchise à pratiquer avec les petites protestantes. -Grâces d’état accordées aux ouvriers missionnaires. -Il fait quelquefois le noviciat à la place de la supérieure.

Informations générales
  • V3-591
  • 0+698|DCXCVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.591
Informations détaillées
  • 1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONVERSIONS
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 EPREUVES
    1 FRANCHISE
    1 FRERES
    1 JOIE
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 NOVICIAT
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 SALUT DES AMES
    1 SANTE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PATY, MARIE-CAROLINE
    3 NIMES
  • A LA R. MERE THERESE-EMMANUEL O'NEILL (1).
  • O_NEILL_THERESE Emmanuel ra
  • le 16 juillet [1850].
  • 16 jul 1850
  • [Paris],
La lettre

Ma bien chère soeur,

Je remercie notre Mère de ce qu’elle me procure une bonne occasion de vous écrire quelques mots. J’en profite avec un véritable bonheur, et parce que c’est à vous que j’écris, et aussi parce que l’oeuvre dont vous posez la première pierre me paraît si importante que je ne saurais trop bénir Dieu de vous l’avoir confiée. J’ai lu avec un vif intérêt tout ce que notre Mère m’a communiqué de détails sur vos commencements. C’est ainsi que l’oeuvre de Dieu commence d’ordinaire; et c’est pourquoi toutes ces peines, tous ces petits embarras, toutes les contrariétés que vous rencontrez d’abord, la gêne du logement, l’éloignement de certains esprits prévenus, les caprices des bienfaiteurs, les avis opposés de tous ceux qui se mêlent de vous en donner, tout cela est utile. C’est l’enveloppe qui couvre le germe et le protège mais que plus tard il doit percer pour se développer, comme un bel arbre.

J’avais eu la pensée d’aller vous faire une visite, et c’eût été une grande joie pour moi d’aller porter une bénédiction de père sur les premières pierres de votre fondation. Ma santé et le peu de temps dont je puis disposer m’en empêchent pour cette fois. J’espère bien qu’un jour, cette année peut-être, j’irai savoir où en est cette chère petite oeuvre.

Notre Mère m’a fait part de tous les arrangements que vous avez pris, et ce qu’elle a pu vous écrire à cet égard est tout à fait ma manière de voir. Je vois avec plaisir que c’est aussi la vôtre. Je trouve surtout bien important que votre désintéressement soit parfaitement constaté et reconnu de tous. Il faut également que la plus grande franchise règne dans tout ce que vous ferez pour les petites protestantes que l’on vous confiera. C’est le système que l’on a adopté dans les écoles des Frères de Nîmes, ou depuis quelque temps les enfants protestants abondent.

Vous comprenez aussi, ma chère fille, que dans la position où vous êtes vous devez vous tenir toujours le plus près possible de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge. Il y a des grâces d’apostolat accordées aux personnes dans votre position et qui, en donnant puissance pour agir sur les âmes, sanctifient, quand on les traite avec respect, ceux qui sont chargés de les distribuer. Dieu les accorde sans doute aux personnes chargées de faire du bien, en vue des âmes qu’elles doivent servir, mais aussi en vue de la sanctification des ouvriers employés à la conversion des pécheurs. Vous êtes, en ce moment, de ces ouvriers privilégiés; vous devez donc faire de grands efforts de fidélité pour obtenir le plus de grâces possibles, pour les autres et pour vous(2). Veuillez dire à Soeur Marie-Caroline combien tous les détails de ses lettres m’ont paru précieux, et combien je voudrais la voir dans la position élevée qu’elle assure occuper à la chapelle.

Notre Mère va, j’espère, se reposer pendant quelque temps. J’ai cru devoir l’en presser, parce qu’il ne faut pas permettre que sa toux devienne trop grave. Je viens de faire le noviciat pour notre Mère. Elle a bien voulu me permettre quelquefois de lui épargner cette fatigue, et j’en ai profité aujourd’hui pour parler du zèle pour le salut des âmes. Vous pensez bien que j’ai recommandé de prier pour vous et pour vos oeuvres.

Adieu, ma chère fille. Laissez-moi envoyer une bonne bénédiction à toute votre petite colonie. Que Notre-Seigneur l’entoure de son amour et la féconde par vos mains, de telle sorte qu’elle puisse un jour aider à la conversion d’un grand nombre d’âmes!

Mille fois tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
1. D'après *Les origines de l'Assomption*, t. III p. 232-234.1. D'après *Les origines de l'Assomption*, t. III p. 232-234.
2. [Ce qui suit jusqu'à la fin du paragraphe ne figure pas dans l'édition du P. Vailhé. - Introduit d'après T.D.20, p.163, en avril 1996].