Vailhé, LETTRES, vol.3, p.594

7 aug 1850 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Plusieurs lettres lui annoncent qu’il est nommé membre du Conseil supérieur. -Il a refusé et compte que Montalembert ne le mettra pas dans son Comité pour la défense de l’enseignement. -Il veut rester en bons termes avec l’archevêque de Paris. -Rapports de l’abbé Goubier et de l’archevêque Sibour.

Informations générales
  • V3-594
  • 0+700|DC c
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.594
Informations détaillées
  • 1 COLLEGES
    1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 CURES D'EAUX
    1 EXTERNATS
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIE DE PRIERE
    2 BONNETTY, AUGUSTIN
    2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 FALLOUX, ALFRED DE
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 PARIEU, M.-LOUIS-FELIX ESQUIROU DE
    2 POUJOULAT, JEAN-JOSEPH
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 7 août 1850.
  • 7 aug 1850
  • Nîmes,
La lettre

Me voici à Nîmes depuis avant-hier, ma chère fille, cherchant d’un moment à l’autre une minute pour vous écrire et ne la trouvant pas. Il est vrai que j’aurais voulu vous parler un peu longuement, et c’est ce qui ne m’était pas possible. Mais enfin j’espère avoir aujourd’hui la possibilité de vous dire deux mots de la joie que j’ai éprouvée, en pensant qu’au moins cette fois je vous laissais l’âme en paix et pour quelque temps, il faut l’espérer. Que je voudrais que ce fût pour toujours! Nous serions bien plus à l’aise pour nous occuper des choses de Dieu.

En arrivant ici, j’ai trouvé trois lettres de Montalembert, de Chapot et de Bonnetty, m’annonçant que j’étais nommé du Conseil supérieur. Heureusement, M. de Parieu m’écrivait pour me demander mon consentement définitif(2), et je le lui ai refusé par le télégraphe, car le télégraphe a joué pour cela. On était pressé, et, après m’avoir écrit, on m’avait encore consulté par le télégraphe. Thiers ne veut pas de M. Durand; il le trouve trop obscur. Montalembert m’a écrit la lettre la plus aimable. Je ne suis pas fâché d’avoir refusé, en dehors des motifs que vous connaissez, précisément pour leur montrer que je ne veux pas me laisser mener par toutes leurs combinaisons. Et, de plus, Montalembert, mécontent de mon refus, ne songera probablement pas à me mettre du fameux Comité pour la défense de la liberté d’enseignement, et peut-être sera-ce un bonheur. Car il me paraît bien difficile que ce Comité ne sera mette pas en opposition avec l’archevêque de Paris, et il me paraît que, tout en me maintenant indépendant de lui, je ne dois pas me le mettre à dos. Quand vous serez de retour à Paris, il sera très important que vous en causiez avec l’abbé Sibour, afin de lui faire sentir la position que je veux garder et celle que je ne veux pas prendre. Car enfin, si ce que les journaux annoncent est vrai, qu’est-ce qu’un collège fondé à Paris sous le patronage de quatre évêques, du P. de Ravignan et de laïques, qui agissent sans consulter l’archevêque? Qui donnera des pouvoirs à l’aumônier? Du reste, quand vous serez de retour à Paris, je vous écrirai une lettre ostensible, et que vous voudrez bien pourtant garder par devers vous, et où je vous prierai d’expliquer ma position à l’abbé Sibour, afin qu’il en fasse part à l’archevêque(3).

Autre chose encore. L’abbé Goubier est parti pour Paris. Le motif apparent est que l’archevêque désirait ses conseils pour la formation de son externat. Le motif vrai est qu’ils étaient brouillés et que l’archevêque désirait une réconciliation. J’ai des motifs de penser que l’abbé Sibour aurait préféré une froideur permanente. Comme l’abbé Goubier me servira peu, s’il ne me dessert pas, je serais bien aise que par M. Poujoulat, par M. Sibour ou même par M. Gabriel, vous sussiez le fond des choses. Vous pourriez dire que vous savez que l’abbé Goubier avait écrit sa démission de grand vicaire honoraire de Paris et qu’il allait la faire partir, quand l’archevêque l’a engagé à aller le voir. Du reste, il ne faudrait plus que ce caractère-là à l’archevêché pour en faire fuir le peu de gens qui le fréquentent.

Adieu, ma bien chère fille. Vous avez une bonne idée de faire de votre voyage une prière continuelle; moi aussi, je tâche de prier beaucoup et je m’en trouve bien. Tout à vous en Notre-Seigneur.

E. d’Alzon.

Mille choses à Soeur Marie-Gonzague. Mon Dieu, que je voudrais que ces eaux vous fissent du bien à toutes deux! Si M. de Franchessin veut bien sera rappeler de moi, soyez assez bonne pour lui offrir mes hommages.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. V, p. 5, 175.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. V, p. 5, 175.
2. Dans sa lettre du 31 juillet, Montalembert lui avait écrit le même jour, ainsi que Bonnetty et Chapot.
3. Pour comprendre ce paragraphe, il faut sera rappeler que Mgr Sibour avait mené campagne contre la loi Falloux-Montalembert, alors que le P. de Ravignan et les quatre évêques, auxquels il est fait allusion ici, en étaient les partisans. Le célèbre Jésuite fut même dénoncé, à cette occasion, à son Supérieur général par l'abbé Combalot.