Vailhé, LETTRES, vol.3, p.598

10 aug 1850 Nîmes, BEVIER Marie-Augustine ra

Nécessité de se corriger de ses défauts. -De toutes les méthodes d’enseignement religieux, la meilleure est la méthode historique. -Au sujet d’un abrégé de la *Somme théologique* de saint Thomas. -Une fois que les enfants connaissent le dogme, on doit les fortifier par la thèse de l’autorité de l’Eglise. -Eloge du P. Tissot. -Souhaits de bonne fête.

Informations générales
  • V3-598
  • 0+702|DCCII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.598
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTION
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 CARACTERE
    1 DEFAUTS
    1 ENSEIGNEMENT DU DOGME
    1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 LIVRES
    1 THOMAS D'AQUIN
    2 HUC, REGIS-EVARISTE
    2 LECOFFRE, VICTOR
    2 MICHEL, ERNEST
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 CHINE
    3 PARIS
    3 TIBET
  • A LA SOEUR MARIE-AUGUSTINE BEVIER (1).
  • BEVIER Marie-Augustine ra
  • le 10 août 1850.
  • 10 aug 1850
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

M. Tissot écrira au premier jour à M. Michel, s’il ne vient pas lui-même à Paris. Si vous avez occasion de voir ce dernier, veuillez lui dire combien nous lui sommes reconnaissants de se mettre ainsi à notre disposition.

Je prie de bien bon coeur pour vous, ma chère fille, et puisque vous sentez la nécessité d’attaquer à fond et de couper à la racine tous vos vilains défauts, il faut espérer que Dieu vous fera la grâce d’en voir toute la laideur et combien il est affreux, surtout pour une religieuse, de s’y complaire, comme j’ai eu l’occasion de l’observer quelquefois. Et pourtant, quelle grâce Notre-Seigneur ne vous a-t-il pas accordée de vous prendre pour lui? Avec un caractère tel que le vôtre, que fussiez-vous devenue dans le monde? Prenez donc la résolution, ne fût-ce que par reconnaissance, de lui devenir une épouse douce, humble, telle enfin qu’il vous veut.

Ne vous préoccupez pas trop de l’enseignement religieux. Je crois qu’il est suffisamment bien donné. Quant à la méthode, je n’en connais pas de préférable à celle d’exposition unie à la méthode historique. C’est celle qui nous est indiqué dans les Livres Saints et par Notre-Seigneur. Les apôtres, dans les discours des Actes, n’en ont pas eu d’autre. Et M. Huc, dans son beau livre sur la Chine et le Thibet, trouve que, de toutes, aucune ne réussit mieux chez les Païens: Iudicia Domini vera, iustificata in semetipsa(2). On vient de publier chez Lecoffre un Abrégé de la Somme de saint Thomas; on en a retranché seulement la plupart des objections, mais on en a laissé les thèses. Les savants trouvent que c’est un ouvrage avorté. Je crois qu’il faut laisser dire les savants. Nous qui n’avons pas la prétention de l’être, nous acceptons fort bien ces travaux, où l’on élague ce qui est moins important, plus fait pour la curiosité, et où l’on conserve la moelle des choses. Je vous engage à vous procurer ce livre qui n’a que deux volumes in-8°. Quand les enfants connaîtront bien le dogme, il n’y aura qu’à les fortifier sur la grande thèse de l’autorité et les habituer à tout ramener là. Au milieu de tant d’opinions, qui peut enseigner la vérité, sinon la Vérité elle-même qui s’est faite homme? Tout est là, et ce qu’on peut dire de plus est inutile. La nécessité de la révélation prouvée par la confusion des langues humaines, la nécessité de l’Eglise arrive aussitôt, et, l’Eglise prouvée, quelle discussion peut-on faire élever qui ne soit tranchée d’avance?

Si je vous envoie un aumônier, il ne faut pas vous décourager de sa timidité. C’est un saint. Il est très instruit, mais il à besoin d’être mis à l’aise. Je pense que cela vous sera facile(3). Je ne veux pas laisser passer une aussi belle occasion de vous souhaiter à vous et à toutes vos Soeurs une bonne fête de l’Assomption. Vous savez bien que je n’ai rien de plus cher que votre oeuvre et la nôtre, qui ne font qu’un pour moi.

Adieu, ma chère fille. Mille fois tout à vous en Notre-Seigneur.

E. d’Alzon.

Lorsque je dis que tout est dans la thèse de l’autorité, je veux parler du fondement de la foi; car, après avoir posé ce fondement, on peut sans difficulté se livrer aux développements de la vérité, développements qui servent à la prouver, mais d’une manière moins positive.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.
3. Il s'agit du P. Tissot.2. *Ps*. XVIII, 10.