Vailhé, LETTRES, vol.3, p.600

11 aug 1850 Nîmes, GOURAUD_HENRI

En rentrant de Paris à Nîmes, il dut partir pour Cette et Lavagnac, afin de se soigner. -Son règlement quotidien et son régime. -Sa santé s’améliore. -Malgré lui, il a été nommé membre du Conseil supérieur. -L’affaire de la directrice de pension.

Informations générales
  • V3-600
  • 0+703|DCCIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.600
Informations détaillées
  • 1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 MALADIES
    1 REGIME ALIMENTAIRE
    1 REPOS
    1 SANTE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BLANCHARD, MADEMOISELLE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 PARIEU, M.-LOUIS-FELIX ESQUIROU DE
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES
    3 SETE
  • A MONSIEUR HENRI GOURAUD.
  • GOURAUD_HENRI
  • le 11 août 1850.
  • 11 aug 1850
  • Nîmes,
La lettre

Mon cher ami,

Je viens tenir promesse que je vous ai faite;et vous rendre compte de cette pauvre santé, pour laquelle vous avez bien voulu avoir tant de sollicitude. A peine arrivé ici, un jeudi (le 25 juillet), je dus repartir pour aller visiter deux de mes enfants qui étaient à Cette aux bains de mer, mais la fatigue du voyage et une promenade en mer que je ne pus leur refuser, parce que c’étaient les élèves qui faisaient les fonctions de matelots sur l’embarcation où l’on me fit monter, me donnèrent un redoublement de crampes et de dérangements d’estomac. Je passai toute la journée qui suivit mon départ de Nîmes, étendu sur mon lit; vers le soir, je pus me faire conduire chez ma mère(1), dont la campagne est à trois heures de Cette. Pendant plusieurs jours, je n’eus pas la force de dire la messe. Une diète assez sévère et des lavements avec de l’amidon me débarrassèrent de mes maux d’estomac. Depuis, je vais assez bien. Voilà bientôt huit jours que je suis de retour et je vais vous dire mon régime.

Je me lève vers 4 h. 1/2. Je prends mon affusion, je fais mes prières; à 7 heures, je dis la messe, puis je prends un bouillon froid; à 8 heures, je m’enferme deux heures dans ma chambre -ce silence me fait un grand bien; -je dîne à midi, selon vos prescriptions, sauf que je prends un potage; à 1 heure, je m’enferme jusqu’à 3 [et] je dors tant que j’en ai besoin ou je lis, quand je ne puis dormir; à 3 heures, je retourne au public; à 6 moins 1/4, seconde affusion; à 6 heures, souper; je me couche vers 10 h. 1/2. Quand je prévois, comme aujourd’hui, que je ne pourrai dormir dans la journée, je me lève un peu plus tard.

Voilà, mon cher ami, ma vie qui me réussit assez bien, car j’ai un travail énorme sur les bras et je m’en tire encore assez bien. L’évêché, ma maison et quelques bonnes oeuvres, dont je cherche pourtant à me débarrasser, me prennent toutes mes heures libres. Je sens pourtant que les forces me reviennent, mais, chose assez curieuse, j’ai toujours besoin après mon affusion du matin de prendre quelques minutes de repos, immobile; je n’ai pas même la force de mettre mes bas puis cela passe et je me sens réellement plus fort.

Vous avez su probablement que je suis forcé de faire partie du Conseil supérieur d’Instruction publique. La veille de mon départ(2), Parieu me fit appeler pour m’en faire la proposition, je refusai. J’ai refusé une seconde fois d’ici. Maintenant que mon nom est au Moniteur, j’accepte, sauf à me retirer, si je vois que je ne puisse rien faire là.

Si je ne vous ai pas écrit plus tôt sur Mlle Blanchard, c’est qu’il y a eu une complication d’affaire qui n’est pas encore débrouillée. Je prévois qu’il sera bien difficile à Mme Durand de surmonter quelques obstacles qui s’élèvent en ce moment contre ses projets, et, quoique encore elle ne m’ait chargé de rien, je crois pouvoir vous prier de dire à Mlle Blanchard que je n’ose pas l’engager à venir.

On me dérange. Adieu, cher ami. Mille choses de ma part autour de vous. Vous savez toute mon amitié et ma reconnaissance pour vos bons soins.

E. d'Alzon
Notes et post-scriptum
1. A la propriété de Lavagnac.
2. Le 22 juillet.