Vailhé, LETTRES, vol.3, p.626

4 oct 1850 Valbonne, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Divers avis spirituels. -Ils sont treize en retraite. -Il lit la *Vie de Marguerite-Marie Alacoque*, dont l’amour pour Notre-Seigneur le touche infiniment. -C’était là jadis son attrait principal, il y revient. -Sa santé est bonne.

Informations générales
  • V3-626
  • 0+719|DCCXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.626
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AMITIE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ORAISON
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 MARGUERITE-MARIE ALACOQUE, SAINTE
    2 SCHMIT, ALPHONSE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 4 octobre 1850. Saint François d'Assise.
  • 4 oct 1850
  • Valbonne,
La lettre

Je viens de recevoir votre lettre, ma, chère fille, et je vous remercie de ce que vous me dites dans votre rendement de compte, et cela pour plusieurs raisons. D’abord, parce que je crois pouvoir un jour dissiper entièrement le chapitre de vos tentations au sujet de votre défiance en mon amitié; ensuite, parce que tout ce que vous me dites de votre âme fait beaucoup de bien à la mienne; enfin, parce que je vous vois dans un état où je ne puis que vous engager à continuer. Entretenez en vous, autant que vous le pourrez, et cette tendresse de coeur pour Notre-Seigneur, et, en même temps, cette disposition de charité pour les autres. Je ne tiens pas à cette oraison passive que je vous ai recommandée, si vous sentez que celle à laquelle vous êtes attirée vous fait du bien. Il ne faut pas gêner l’action du Saint-Esprit, quand elle se manifeste d’une manière évidente, comme dans cette circonstance. Seulement, il faut bien prendre garde de ne pas arrêter en soi ce que Dieu veut de nous. Quant à votre disposition au renoncement, je l’approuve très fort. Vous verrez peu à peu les fruits que cette disposition produira dans votre âme, surtout si vous vous y portez non par tristesse et découragement, mais par amour pour Notre-Seigneur. En voilà assez pour à présent. Je reviendrai ce soir à vous.

Veuillez dire à nos Soeurs, si vous le jugez à propos, que je me sens porté à demander pour elles à Notre-Seigneur, pendant cette retraite, qu’il fasse de leur coeur, comme il dit vouloir le faire de celui de Soeur Marguerite Alacoque, un composé d’amour et de miséricorde. Quelque chose me pousserait à écrire quelque chose de sévère à Soeur Marie-A[ugustine], mais je crois mieux de m’en abstenir.

Je voulais vous écrire hier soir, la fatigue m’en a empêché. Nous faisons notre retraite un peu à notre façon. Nous sommes treize. Nous faisons quatre heures de méditation par jour, mais pour faire accepter un pareil régime il faut faire de longues promenades dans les bois. Nous sommes sous ce rapport admirablement partagés. Du reste, la retraite se fait très sérieusement par tout le monde. Pour ce qui me concerne, je lis la Vie de Soeur Marguerite-Marie, où j’ai trouvé cette parole de Notre-Seigneur, qui m’a frappé, pour nos Soeurs. Elle me fait du bien. Mais voyez. En admirant son amour si exclusif pour Notre-Seigneur et en cherchant à l’imiter, tandis que vous vous plaignez de mon peu d’amitié, je me prendrais à avoir du scrupule de l’excès contraire, si je ne me rassurais par la profonde conviction que Notre-Seigneur lui-même veut que les choses soient ainsi.

Nous nous servons de la belle retraite de Bourdaloue; mais, quoiqu’elle me fasse réfléchir, elle me frappe bien moins que la Vie de Soeur Marguerite, dont l’amour pour Notre-Seigneur me touche infiniment. Vous savez que c’était là mon premier attrait et vous savez que j’ai bien des reproches à me faire pour ne l’avoir pas toujours suivi avec assez de respect. Dieu m’a bien puni, car voilà longtemps que je suis d’une sécheresse affreuse. Il me semble pourtant que les choses pourraient aller mieux et que j’entre dans un état très précieux de crise. Plaise à Notre-Seigneur que ce soit pour sa gloire et mon bien!

Ma santé est parfaite. On me la soigne admirablement. Adieu, bien chère fille. Je vous laisse pour aller me coucher. Je vous écrirai sous peu. Pour M. Schmit, il est possible que j’aie une troisième à lui offrir, mais je n’en suis pas sûr avant quelques jours.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.