Vailhé, LETTRES, vol.3, p.629

21 oct 1850 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’excès de ses occupations a retardé sa réponse. -Préoccupations pour sa santé. -Nouvelles relatives à son pensionnat et au P. Tissot. -Ses compagnons et lui se posent de plus en plus en religieux. -Belle situation de son collège et de l’Ecole préparatoire aux écoles du gouvernement. -Son état intérieur. -Autres nouvelles.

Informations générales
  • V3-629
  • 0+720|DCCXX
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.629
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 DISTRACTION
    1 FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 MAITRES
    1 SANTE
    1 SUSCEPTIBILITE
    2 BRUN, HENRI
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 ROSTOLAN, LOUIS DE
    2 SCHMIT, ALPHONSE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 AVIGNON
    3 MARSEILLE
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 21 octobre 1850.
  • 21 oct 1850
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je cherche depuis avant-hier un moment pour vous répondre et je ne le trouve pas. Je tenais pourtant à vous dire que, lorsque vos lettres ne m’arrivent pas, la seule préoccupation que j’ai est celle de votre santé ou de vos affaires, et je préférerais que ce second motif fût le vrai; quant à vous croire dans un accès de bouderie, c’est ce que je ne puis ni ne veux admettre. Est-il bien étonnant qu’avec une rentrée, vous et moi nous soyons un peu plus dérangés que nous ne le voudrions? J’ai bien eu souvent envie de prendre la plume, ces jours-ci, mais cela m’était impossible. Je vous assure qu’il me serait très pénible de penser que l’idée vous est venue que je boudais.

Vous ne voulez donc pas vous tirer de vos rhumes? Pouvez-vous me dire que réellement vous vous soignez? La chambre où vous couchez ne serait-elle pas, en partie, cause de ces rechutes fréquentes? Je vous assure qu’il faut absolument mettre un terme à ces si fréquentes indispositions. De grâce, prenez des moyens efficaces pour cela. Je crois que l’une de vos premières préoccupations est votre santé. Veuillez me dire ou me faire dire ce que vous faites; sans quoi, j’écrirai à Soeur Marie-Thérèse.

M. Brun a dû écrire à M. Tissot de nous envoyer au plus tôt M. Schmit pour professer la troisième. Déjà, depuis longtemps, j’aurais fait donner cet avis, si M. Durand, qui comptait sur un autre, ne s’y était pas opposé. Il en est quitte pour faire une classe qui n’a pas de professeur; je ne sais pas jusqu’à quel point cela peut lui plaire. Je vous félicite de votre rentrée, qui me paraît assez belle. Il paraît qu’à Marseille on vous fait une très belle réputation, mais il faudrait trouver les moyens de vous agrandir. Je suis enchanté que M. Tissot vous soit allé. Je souhaite qu’il continue à vous convenir. C’est un saint homme. Tâchez de le fixer un peu, vous me rendrez un grand service.

Je vous dirai que nous nous posons tous les jours un peu plus en religieux et que cela produit, ce me semble, un assez bon effet. Les parents acceptent la chose avec joie et un peu d’étonnement. Dieu aidant, nous finirons par prendre tout à fait une position franche, mais je ne puis vous dissimuler que tous ceux qui entendent parler de mon projet pour Paris viennent me faire des jérémiades sans fin sur le danger que court la maison de Nîmes, en face du Petit Séminaire de Marseille et de la maison des Jésuites à Avignon. Une chose me donne pourtant à penser que nous aurons toujours un avantage, c’est d’abord notre antériorité, nos commencements de tradition, et puis, l’Ecole préparatoire. Le général Rostolan, qui est venu me voir et qui a chez moi deux petits neveux, m’a promis de recommander cette Ecole, de la manière la plus chaleureuse, aux personnes qui voudraient faire préparer leurs enfants aux écoles du gouvernement. Or, dans ce moment, le général Rostolan est une puissance dans le Midi.

Je vous parle depuis longtemps et je ne vous dis pas un mot de Dieu. Il me semble que je veux le servir, et il me semble aussi que je suis bien distrait, ces jours-ci. Cette sorte d’hébétement dont vous me parlez est bien naturelle, quand il faut répéter cinquante fois par jour, la même chose aux parents qui viennent vous demander des renseignements. J’approuve extrêmement l’idée que vous avez eue de faire donner quelques leçons par M. Tissot à quelques enfants. Cela le préparera, et peut-être cela fera-t-il un tout petit noyau pour l’an prochain.

Adieu, ma chère fille. Bien tout à vous en Notre-Seigneur. Je n’ose pas vous dire que je n’ai pas dit ma messe, mais c’était chez moi une envie démesurée de dormir.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie.