Vailhé, LETTRES, vol.3, p.634

29 nov 1850 Paris, ROCHER_MADAME

Pour arriver à la perfection, il faut être convaincu du tout de Dieu et du néant de soi. -Que le chemin qui mène à la perfection monte ou descende, il faut toujours avancer.

Informations générales
  • V3-634
  • 0+724|DCCXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.634
Informations détaillées
  • 1 CREATURES
    1 HUMILITE
    1 MAITRISE DE SOI
    1 MALADIES
    1 ORAISON
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
  • A MADAME DE ROCHER.
  • ROCHER_MADAME
  • le 29 novembre 1850.
  • 29 nov 1850
  • Paris,
La lettre

Ma chère fille,

Il y a quelques jours déjà que je vous aurais répondu, si une indisposition, qui m’a forcé à garder quelques jours le lit, ne m’avait en même temps imposé certains ménagements. Grâces à Dieu, je suis beaucoup mieux aujourd’hui; je puis un peu plus librement vous parler de ce dont vous m’entretenez dans votre bonne lettre.

Saint-Jean de la Croix dit quelque part qu’il est impossible d’arriver à la perfection, tant que nous ne sommes pas convaincus du tout de Dieu et du néant de la créature. Mais si la créature est si peu de chose, n’est tellement rien, pourquoi nous en préoccuper? Si nous avions bien cette conviction au fond de l’âme, que d’impatiences n’éviterions-nous pas, quelle paix n’aurions-nous pas, et combien il nous serait facile de détacher notre coeur de ce qui n’est pas Dieu ou dans l’ordre de la volonté de Dieu!

Puisque la charité de Notre-Seigneur semble tellement vous presser, livrez-vous-y avec un entier abandon, mais à la condition que vous ferez vos efforts pour prouver par votre conduite que vous êtes réellement chrétienne, que vous vous exercez à l’humilité et à une grande possession de vous-même. Que les diverses impressions que vous éprouvez à l’oraison ne vous préoccupent pas; marchez toujours droit. Vous savez bien que les chemins ne sont pas toujours plaine. Il y a des montées et des descentes. Eh! bien, il faut toujours avancer. Que ce soit en montant ou en descendant, peu importe, pourvu que vous vous rapprochiez toujours du coeur de notre divin Maître. Abandonnez- vous toujours de plus en plus à lui et sans aucune crainte; on ne saurait jamais trop se donner à Dieu.

Je vous remercie de m’écrire, comme vous le faites, avec confiance et simplicité. Vous voyez bien que je vous réponds de la même manière, et c’est le meilleur moyen de se faire un peu de bien.

Adieu, ma chère fille. A revoir, je l’espère, dans quinze ou vingt jours. En attendant, soyez bonne, douce; priez un peu pour votre père et croyez-moi, avec la plus paternelle affection, tout vous en Notre-Seigneur.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum