Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.9

3 feb 1851 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Prochaine rencontre à Paris. – Nouvelles de leurs affaires respectives. – Malgré tout ce qui lui manque pour être parfait, il se doit de l’aider à maîtriser le fond de sa nature.

Informations générales
  • T1-009
  • 4
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.9
  • Orig. ms. ACR, AD 747; D'A., T.D. 21, n. 4, pp. 6-7.
Informations détaillées
  • 1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 FRANCHISE
    1 PENITENCES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RETRAITES PASTORALES
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    2 BELLAGUET, FRANCOIS-LOUIS
    2 BOURDET, JEAN-CLAUDE
    2 BOURDET, MARIE-FRANCOISE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 FALLOUX, ALFRED DE
    2 FERRAND, PERE
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 LABBE, ABBE
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 MORLOT, FRANCOIS-NICOLAS
    2 NAPOLEON III
    2 PARISIS, PIERRE-LOUIS
    2 PEPIN, ADRIEN
    3 PARIS
    3 YVETOT
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 3 février 1851.
  • 3 feb 1851
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
  • Madame
    Madame la Supérieure de l'Assomption
    94 rue de Chaillot
    Paris
La lettre

Cette lettre, ma chère fille, arrivera, je l’espère, en même temps que vous à Paris et m’y précédera seulement de huit à dix jours.[1] Peut-être sera-ce la dernière que j’aurai le temps de vous écrire, car on me reproche si fort de me peu soigner et j’ai tant à faire pour laisser les choses en bon train que je ne sais trop ce que je pourrai faire d’ici à mon départ.

Causons d’abord d’affaires. Je ne veux pas voir M. Bourdet.[2] Je lui ai fait remettre la lettre de sa fille par M. Cardenne. C’est triste de voir comme il se conduit. Sa fille qui lui reste est à bout de chemin; je vais essayer de la faire placer, mais c’est bien peu de chose. On ne m’a pas rendu de réponse définitive pour Soeur Marie-Rodriguez, mais on s’en occupe, et, de peur qu’une seule personne ne suffît pas, j’ai pris ailleurs encore des renseignements. La chose est parfaitement faisable. Je puis vous répondre des 10.000 francs.

Quant à moi, mes affaires vont assez bien, mais pas aussi bien que je l’eusse voulu. Les augmentations de traitement me font craindre que je ne réalise pas, cette année, les bénéfices sur lesquels j’avais compté. Nous sortons d’une retraite prêchée par le P. Ferrand; elle a fait peu de bien. Cependant nous avons eu quelques utiles changements, qui, j’espère, seront des conversions.

Vous êtes toujours raide, ma chère fille, ou du moins tentée de l’être. Je vous avoue que vous avez bien tort, car je suis tout disposé à ne pas l’être avec vous, et que je me propose d’aller si bonnement que je vous forcerai bien de redevenir bonne fille. Je comprends très fort tout ce qui me manque pour être parfait et je trouve tout simple que vous vous en aperceviez; mais je vous suis trop dévoué pour que je n’aie pas l’espoir de fondre quelque jour toutes ces misères, et de vous faire toucher du doigt que ce qui vous fait souffrir est aussi un peu au fond de votre nature. Si vous m’eussiez écrit une bonne lettre, comme vous en aviez eu le premier mouvement, vous eussiez bien fait et je vous en eusse été très reconnaissant. Mais je ne vous en veux point d’avoir écouté votre soulèvement. Seulement, je trouve que pour une religieuse, épouse de Notre-Seigneur, c’est très peu parfait, et comme, en dehors de ce que je puis ressentir ou faire éprouver, je suis obligé de vous maintenir dans la ligne de la souplesse, vous aurez la bonté de vous priver d’une communion, et vous vous souviendrez que, si ces soulèvements durent, je vous châtierai plus sévèrement encore.

Adieu, ma fille. Il faut bien vous aimer pour avoir le courage de vous parler ainsi. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Du 14 février au 16 mars, le P. d'Alzon séjournera à Paris pour les réunions du Conseil supérieur de l'Instruction publique. Ce Conseil avait été prévu par la loi Falloux, le 15 mars 1850, et la nomination de ses membres avait été arrêté le 30 juillet. C'est par Montalembert et malgré lui que le P. d'Alzon avait été nommé par le Prince-Président, Louis-Napoléon. Le Conseil siégeait quatre fois par an; en février 1851, le P. d'Alzon s'y rendait pour la seconde fois. Le Conseil, présidé par le ministre, comportait commme membres: 4 évêques (Mgr Parisis, de Langres; Mgr Morlot de Tours; Mgr Dupanloup, d'Orléans; Mgr Gousset, de Rheims), 1 pasteur, 1 rabbin, 3 conseillers d'Etat, 3 membres de la Cour de Cassation, 3 membres de l'Institut, 8 universitaires et 3 membres de l'enseignement libre (l'abbé Labbé, directeur du collège d'Yvetot, M. Ballanguet, laic, chef d'institution à Paris, et le P. d'Alzon).
En 1965, le P. A. Pépin, alors archiviste, a pu compulser aux Archives Nationales le registre des procès-verbaux du Conseil (Fx 17) et noter les interventions du P. d'Alzon (ACR DH 105). A la session de février-mars 1851, le P. d'Alzon posera la question de savoir si les Fabriques peuvent avoir le droit de présenter des instituteurs dans les communes où la majorité est protestante et où les catholiques ne sont pas représentés au conseil municipal; il sera chargé de préparer le rapport annuel de l'enseignement libre et, pour mieux asseoir son intervention, s'informera auprès des évêques, puisque le Conseil se propose de rédiger le réglement prévu par l'article 70 de la loi et concernant les droits d'inspection de l'Etat dans les établissements libres, y compris les petits séminaires.
2.Père de Thérèse Bourdet, devenue Religieuse de l'Assomption, le 18 décembre 1845, sous le nom de Soeur M.-Françoise.