Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.25

30 mar 1851 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Après lui avoir donné de ses nouvelles, il l’invite à lui écrire sans crainte – Ma maison va assez bien, mais il a besoin de parler ferme à certains maîtres.

Informations générales
  • T1-025
  • 18
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.25
  • Orig. ms. ACR, AD 751, D'A., T.D. 21, n. 8, pp. 9-10
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ELEVES
    1 LACHETE
    1 MAITRES
    1 MALADIES
    1 REMEDES
    1 SANTE
    1 SEVERITE
    2 COIRARD, MIRRA
    2 GOURAUD, HENRI
    2 GOURAUD, VINCENT-OLIVIER
    2 LAURENT, CHARLES
    3 PERPIGNAN
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 30 mars 1851.
  • 30 mar 1851
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Ma chère fille,

Je veux pourtant vous écrire quelques lignes pour vous dire que mon indisposition n’est presque rien. J’ai gardé hier le lit par précaution, mais j’espère être débarrassé de toute gêne au gosier. Pourtant, j’avais pris de nombreuses précautions, mais il est vrai de dire aussi que j’avais depuis quelque temps les amygdales assez irritées. Ecrivez-moi donc bien souvent, si de m’écrire vous fait du bien. Ecrivez-moi surtout dans vos jours de tristesse. Si vous saviez avec quelle volonté je veux absolument apporter la paix au fond de votre coeur! Parlez-moi souvent de vous, chère fille, et ne craignez pas de laisser tout autre sujet pour celui-là. Dieu permettra que, plus calme, vous fassiez dix fois plus pour lui que vous n’en êtes capable avec vos perplexités.

Notre petit malade va mieux, aucun autre cas ne s’est présenté. Il n’y a rien d’épidémique. Dites seulement à M. Gouraud[1] que,du côté de Perpignan, en ce moment, il y a beaucoup de fluxions de poitrine, qui, le troisième jour, se compliquent de congestion cérébrale. On les guérit toutes par la quinine. C’est un médecin du pays, oncle de notre petit malade, qui m’a donné ce procédé et qui, depuis qu’il l’emploie, guérit tous ses malades de ce genre de mal. Cela rentre, du reste, dans le système de M. Gouraud père. J’entre dans ces détails, dans le cas où vous aussi vous auriez des malades.

Adieu, ma bonne fille. N’écrirez-vous pas à Mlle Coirad?[2] Voilà que ma gorge s’enfle, quand je me penche pour écrire. Quelle triste chose qu’un patraque comme moi! Mille choses à toutes vos Soeurs. La maison va assez bien, mais il faut que je donne quelques coups de fouet à certains maîtres, qui ne vont réellement pas aussi bien que les élèves. J’ai voulu prêcher aux maîtres le dimanche et le mercredi. Ils n’ont pas paru contents de reste.

Adieu, priez pour moi.

M. Laurent[3] nous vient comme religieux; cela fera bon effet.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Henri Gouraud, né à Paris, ami du P. d'Alzon depuis son séjour à Paris (1824-1830), célèbre médecin, à qui s'adressait pour lui-même et ses religieuses, Mère M. Eugénie de Jésus.
2. Mlle Coirard fut l'une des cinq premières soeurs du Tiers-Ordre de l'Assomption (30 avril 1849).
3. L'abbé Charles Laurent (1821-1895), prêtre du diocèse de Nîmes, le 20 décembre 1845, et novice à Noël 1845, le jour de la fondation de l'Assomption, s'était retiré quelques mois après. C'est le P. d'Alzon qui, de Paris, lui fit la proposition de revenir et de prendre sans doute la direction de la maison qu'il comptait ouvrir bientôt dans la capitale. L'abbé Laurent répondit le 11 mars "Courrier par courrier, je réponds [..] que votre proposition est, en effet, très grave que ce n'est pas d'aujourd'hui que je pense à revenir, que j'éprouve en moi bien des alternatives de clarté et d'obscurité, qu'à ce sujet j'éprouve bien des inquiétudes d'esprit et de coeur, que les oui et les non se succèdent d'une manière à faire peur, qu'enfin je me sens complètement incapable de prendre tout seul une décision là-dessus. Voilà pourquoi, si, à votre retour, par la connaissance que vous pouvrez avoir de mes tendances intimes, vous prenez, en qualité de directeur de ma conscience et n'ayant égard qu'à la volonté de Dieu, une décision quelconque, je la suivrai en tous points. Mais regardez-y à deux fois". Le P. Laurent fut le 7e des religieux de l'Assomption qu'il servit principalement dans l'enseignement et le ministère de la prédication. Il nous manque "un portrait" de ce religieux, dont les facéties méridionales cachaient une grande délicatesse et un dévouement à toute épreuve.