Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.35

9 may 1851 Nîmes, COMMARQUE Marie-Thérèse ra

Il ne suffit pas de prendre des résolutions pour revenir ensuite aux mêmes défauts. – Devoirs particuliers que lui imposent son ancienneté et sa charge d’infirmière.

Informations générales
  • T1-035
  • 28
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.35
  • Orig. Arch. R.A.; D'A., T.D. 35, n. 4, pp. 127-128.
Informations détaillées
  • 1 EFFORT
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 INCONSTANCE
    1 INFIDELITE
    1 INFIRMIER
    1 LACHETE
    1 MOIS DE MARIE
    1 PRATIQUE DES CONSEILS EVANGELIQUES
    1 REGULARITE
    1 SOINS AUX MALADES
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
  • A SOEUR MARIE-THERESE DE COMMARQUE
  • COMMARQUE Marie-Thérèse ra
  • le 9 mai 1851.
  • 9 may 1851
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
  • A ma Soeur Marie-Thérèse.
La lettre

Ma chère fille,[1]

Quoique je doive, avant quinze jours, être à Paris, je veux vous dire, aujourd’hui où je me trouve un moment de liberté, toute la peine de coeur que me fait éprouver l’état où vous me dites être en ce moment. Combien je souffre de vous voir prendre des résolutions pour quelques jours et puis revenir à vos mêmes défauts! Je vous plains de toute mon âme, je vous assure; car, avec l’esprit de foi que vous avez, vous devez être bien honteuse, quand, vous présentant devant Notre-Seigneur, vous n’avez à lui offrir que le coeur d’une épouse infidèle à toutes ses promesses de perfection. Vous vous dites toutes ces choses, j’en suis sûr, car vous avez une droiture de coeur qui vous empêche de vous faire illusion. Vous voyez bien le mal, puisque vous me le dépeignez si bien dans votre lettre, mais vous ne vous sentez pas le courage de le combattre constamment, et c’est là une très grande misère. Laissez-moi vous conjurer de profiter du mois de Marie pour vous renouveler dans votre ferveur. Oh! quel mal vous ferez, si vous ne vous mettez pas à être des premières par la vertu, comme vous l’êtes par l’ancienneté!

Votre position d’infirmière exige de vous la charité la plus patiente, la plus humble, la plus compatissante. Il faut à tout prix l’acquérir, et vous promettre de ne pas vous démentir désormais un seul instant. Croyez-moi, vous pouvez faire un bien immense. Maintenir la régularité dans une infirmerie, c’est- à-dire dans le lieu où elle peut le plus difficilement être observée, la faire aimer par toutes les attentions et les soins qui sont dans l’esprit de la règle; dire à propos une parole de Dieu, dans les moments de repos et de découragement des malades; faire accepter ces paroles, parce qu’elles partent de lèvres patientes et d’un coeur doux; rappeler à l’observance des plus petites choses, sans aigreur, mais avec une suave fermeté, c’est assurer la ferveur de la maison, dans les circonstances où elle peut recevoir le plus de brèches.[2]

Je reçois à l’instant une lettre de notre Mère,[3] à laquelle il faut que je réponde sans retard. C’est pour cela que je vous laisse en vous conjurant de faire des efforts, afin que, quand je vous arriverai, je trouve en vous une religieuse, digne d’un si beau nom. Je ne me relis pas.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mlle Joséphine de Commarque, recrutée par l'abbé Combalot, fut, sous le nom de Soeur Marie Thérèse (+1882), l'une des premières compagnes de Mère Marie-Eugénie de Jésus.
2. "Le soin des malades, écrivait le P. d'Alzon dans son projet de Constitutions (Lettres, III, p. 710), est un des plus importants. Il faut leur procurer tout ce qui est nécessaire pour le rétablissement de la santé et tout ce qui peut les empêcher de perdre l'esprit de ferveur." Ce double but sera développé dans le chapitre 24 de la Règle de l'Assomption en 1855.
3. L'expression est celle-là même des Religieuses envers leur fondatrice et supérieure, et le P. d'Alzon la fait sienne quand il s'adresse aux filles de Mère M.-Eugénie.