Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.36

10 may 1851 Nîmes, ESCURES Comtesse

Il l’invite à prendre résolument un parti, en toute liberté, avant son arrivée à Paris.

Informations générales
  • T1-036
  • 29
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.36
  • Orig. ms. ACR, AN 3; D'A., T.D. 38, n. 3, pp. 107-108.
Informations détaillées
  • 1 CHOIX
    1 ENERGIE
    2 CHAVET, VICTOR-JOSEPH
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le 10 mai 1851.
  • 10 may 1851
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
  • Mademoiselle Mademoiselle Amélie de Pélissier au couvent de l'Assomption 94, rue de Chaillot Paris.
La lettre

Il me tardait de vous écrire, Mademoiselle, et cependant j’étais assez embarrassé pour vous dire mon opinion sur ce que vous me dites dans votre lettre; non pas que j’eusse quelque peine à vous exprimer ma pensée, — vous connaissez assez mon dévouement pour accepter ma manière de voir, même lorsqu’elle serait contraire à la vôtre, — mais parce que je n’étais pas bien fixé sur ce que je devais conclure de la visite de M. Ch[avet]. Une conversation avec M. Revoil, qui est venu me parler et que j’ai seulement écouté très attentivement, m’a éclairé sur l’effet produit par cette visite et par votre lettre. Il me semble que mon opinion est assez formée, pour que je vous la dise sans scrupule. Vous ne pouvez plus laisser M. Ch[avet] dans l’incertitude. Il faut à présent dire un oui ou un non positif, et si vous dites non, briser absolument. Vous joueriez sans cela trop gros jeu, et plus tard peut-être vous exposeriez-vous à des remords. Si, comme vous y semblez résolue en m’écrivant, vous voulez laisser ce projet de côté, rompez absolument. La compassion que vous éprouveriez et que vous montreriez surtout serait plus cruelle qu’utile; d’autant plus que l’on est très épris, sans doute, mais qu’on se fait aussi un point d’honneur de réussir, au moins est-ce ce qui résulte pour moi de la conversation de M. Revoil.[1] Vous comprenez combien une pareille situation devient dangereuse, à moins que vous ne soyez d’avance résolue d’accepter des propositions que je ne vous engage pas à refuser, si vous êtes résolue à ne plus revenir dans le Midi, mais qu’il m’est absolument impossible de vous engager à écouter favorablement, à cause de tous les inconvénients que je prévois.

Je tenais à vous dire tout ceci au plus tôt, et sans attendre mon arrivée à Paris, c’est-à-dire vers le 20, afin que vous puissiez réfléchir un peu sur cette position de crise où vous devez nécessairement prendre un parti.

Adieu, Mademoiselle, puisque vous ne voulez pas que je vous appelle ma fille. Croyez pourtant que j’ai pour vous les sentiments de l’affection la plus paternelle et la plus dévouée.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Célèbre architecte français, né à Alès (1822-1900).