Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.38

23 may 1851 Paris, GERMER_DURAND_EUGENE

Projets divers sur la réforme du programme du baccalauréat. – Si Lamothe se retire, on lui cherchera un remplaçant.

Informations générales
  • T1-038
  • 31
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.38
  • Orig. ms. ACR, AL 108; D'A., T.D. 34, n. 73, pp. 228-229
Informations détaillées
  • 1 BACCALAUREAT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 CONSTITUTION
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES
    1 MAITRES
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 FREDERIC OZANAM, BIENHEUREUX
    2 GOURJU, CLEMENT
    2 LAMOTHE, BESSOT DE
    2 NAPOLEON III
    2 SAINT-MARC GIRARDIN
    2 THIERS, ADOLPHE
    2 VAILHE, SIMEON
  • A MONSIEUR EUGENE GERMER-DURAND
  • GERMER_DURAND_EUGENE
  • 23 mai 1851
  • 23 may 1851
  • Paris,
La lettre

Mon cher ami,

Voilà quatre jours que je suis à Paris. Il n’y a pas eu encore pour moi de séance du Conseil supérieur. On nous menace de faire durer la session jusqu’au 25. Demain grand rapport de Saint-Marc Girardin[1] sur le programme du baccalauréat. Il paraît, et je suis de cet avis, que l’on va faire supprimer tout examen oral; il y aura trois épreuves écrites, peut-être des vers latins. On ne pourra pas se présenter au baccalauréat avant dix-huit ans. M. Thiers[2] ne veut d’histoire qu’en seconde et en rhétorique, l’évêque d’Orléans[3] espère la placer en quatrième et troisième. On parle de supprimer les mathématiques pour le baccalauréat; la question sera très chaude pour la philosophie. J’ai d’autres nouvelles, mais le temps me manque.

Veuillez être assez bon pour voir Lamothe[4] et pour lui demander catégoriquement ses intentions pour l’an prochain. On me propose un homme extrêmement distingué. Si de Lamothe est toujours dans l’intention de se retirer avant peu de temps de la maison, je ne voudrais pas perdre une occasion excellente, c’est-à-dire à la rentrée des classes. Je le conjure d’y réfléchir. Je suis très content de le garder et je le regretterai, s’il nous quitte; je lui donnerai les meilleurs témoignages et il sera bien entendu qu’il veut se retirer. Mais qu’il soit assez bon pour me dire à quoi il s’engage; autrement, je lui demanderais, dans l’intérêt de l’établissement, la permission de prendre des arrangements qui n’auraient rien de malveillant pour lui, mais qui me sont imposés par la concurrence, en face de laquelle il faut prendre ses précautions. Ce n’est qu’un oui ou un non que je lui demande.[5] Il est question de M. Gourju,[6] homme très distingué et que nous pourrions avoir à la rentrée comme professeur de seconde.

On annonce les séances les plus orageuses pour les premiers jours de juin, quand sera traité la question de la révision de la Constitution.[7] J’avais autre chose à vous dire qui m’échappe en ce moment.

Adieu. Tout à vous.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Critique littéraire et homme politique (1801-1873),
2. Thiers était le vice-président du Conseil.
3. Mgr Dupanloup (1802-1878), évêque d'Orléans depuis le 28 septembre 1849, était l'un des quatre évêques membres du Conseil supérieur,
4. Alexandre Bessot de Lamothe fut professeur de seconde à l'Assomption en 1850-1851. Bien qu'il ne soit plus mentionné sur le registre du personnel, le P. S. Vailhé écrit "qu'il y enseigna une dizaine d'années, avant de devenir archiviste du Gard et d'être révoqué pour ses opinions religieuses, - auteur des romans d'aventures qui ont si longtemps exercé une vraie séduction sur l'esprit de la jeunesse." (Vie du P. d'Alzon, II, p. 96).
5. Germer-Durand répondit que de Lamothe ne se retirerait pas.
6. Clément Gourju, alors professeur de philosophie à Bourg, excellent chrétien et pourvu des plus hauts grades littéraires, devint, pour un temps et sur l'intervention d'Ozanam, professeur au collège de Clichy. Il collabora à la Revue de l'enseignement chrétien, mais reprit ses distances lorsque, en 1870, la revue se transforma en "revue de combat".
7. Allusion à la politique générale, autour d'une question qui préoccupait plus spécialement les esprits: celle de la révision de la Constitution de 1848, demandée par 80 Conseils généraux et 1.100.000 signatures. Une proposition de révision fut déposée par le gouvernement, le 31 mai 1851. La lutte s'engageait entre l'Assemblée législative et le Prince Président. On allait vers le coup d'Etat et la restauration de l'empire.