Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.40

7 jun 1851 Paris, NARBONNE Comtesse

Loin de le fatiguer, ses lettres le reposent. – Modifications qu’il fera subir au Tiers-Ordre,

Informations générales
  • T1-040
  • 34
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.40
  • Orig. ms. ACR, AM 238; D'A., T.D. 37, n. 3, pp. 219-220
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 DEGOUTS
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SATAN
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 CAUSANS, RENE-AUGUSTIN DE
    2 LOUIS XIV
    2 ROCHER, MADAME ADRIEN DE
    3 AVIGNON
    3 CAUSANS
    3 NIMES
  • A MADAME LA COMTESSE DE NARBONNE-LARA
  • NARBONNE Comtesse
  • 7 juin 1851
  • 7 jun 1851
  • Paris,
La lettre

Ma chère fille,

Je m’apercevais bien de votre retard à m’écrire, mais quoique j’aie chargé Mme de Rocher de vous le faire remarquer, cependant je l’attribue à votre charité qui voulait m’épargner une lettre à écrire. C’est mal me juger. Il y a des lettres qui fatiguent, il y en a qui reposent, et je vous prie d’être bien convaincue que tout ce qui me vient de vous est dans cette seconde catégorie. Puis, quand on porte quelque intérêt à quelqu’un, on veut savoir où il en est, ce qu’il fait. Je ne me fais aucun scrupule de cette sorte de curiosité, et vous voudrez bien m’accorder que je vous porte un peu plus que quelque intérêt.

Les répugnances que vous éprouvez pour le Tiers-Ordre ne me surprennent point. Je suis très convaincu que c’est pour vous un moyen trop puissant de sanctification pour que vous n’ayez pas à subir, dans un sens de dégoût, bien des attaques de la part du démon. Peut-être y a-t-il quelque apparence de vérité dans ce qui vous répugne. Je crois l’avoir fait cesser par une combinaison, dont je vous ferai part un peu plus tard; mais pour ceci je crois devoir attendre quelque temps encore. En attendant, travaillez avec toute l’énergie dont vous êtes capable à détruire l’orgueil de votre esprit et les enflures de votre coeur. Vous en avez bien besoin.

Il ne faut pas vous tracasser le moins du monde de ce que vous n’avez pu me prêter les 20.000 francs, dont vous me parliez. Sous certains rapports, peut-être cela vaut-il mieux. Je dois toucher une somme sous peu de temps et j’aurais peut-être été embarrassé d’un double placement.

Si vous allez à Caussans[1] avant mon retour, quand pourrai-je avoir l’espoir de vous revoir? Si je m’arrêtais à Avignon, pourriez-vous vous y rendre? Je serai à Nîmes au plus tard le 25. On m’écrit que le logement pour les bains de mer sera très convenable. Tant mieux! J’avais été très mécontent de celui de l’année dernière.

Excusez-moi, si je ne me relis pas. Je reçois de Nîmes des montagnes de lettres; et il y a un privilège que je veux maintenir, quoique membre du Conseil supérieur, c’est le droit de faire des fautes d’orthographe. Mille fois tout à vous en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Localité près d'Orange, d'où la famille qui porte le nom et remonte au XIème siècle est originaire. C'est Louis XIV qui lui conféra le marquisat, après l'annexion d'Orange à la Couronne de France. Le P. René-Augustin de Caussans, A. A., tué en 1916, appartenait à cette famille.