Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.42

9 jun 1851 Paris, GERMER_DURAND_EUGENE

Demande de rapports trimestriels et annuels pour des membres du Conseil supérieur. – Nouvelles relatives à l’Assomption de Nîmes et à certains de ses maîtres. – L’évêque de Langres le voudrait établi à Paris, il restera encore à Nîmes. – Autres modifications à la réforme du baccalauréat. – Visite de René Cusse.

Informations générales
  • T1-042
  • 35
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.42
  • Orig. ms. ACR, AI 109; D'A., T.D. 34, n. 74, pp. 229-231
Informations détaillées
  • 1 BACCALAUREAT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 ENSEIGNEMENT
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 EXAMINATEURS DES RAPPORTS
    1 INSPECTION SCOLAIRE
    1 MAITRES
    1 MATIERES SCOLAIRES
    1 RAPPORTS ANNUELS
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 BRUN, HENRI
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CUSSE, RENE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 DUPRE, GUY
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 GOURJU, CLEMENT
    2 LAMOTHE, BESSOT DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEBOUCHER, ABBE
    2 PARISIS, PIERRE-LOUIS
    2 SCHMIT, ALPHONSE
    2 THIERS, ADOLPHE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 LANGRES
    3 NIMES
    3 ORLEANS
    3 PARIS
  • A MONSIEUR EUGENE GERMER-DURAND
  • GERMER_DURAND_EUGENE
  • 9 juin 1851.
  • 9 jun 1851
  • Paris,
La lettre

Mon cher ami,

C’est pour vouloir vous répondre trop de choses que je ne vous ai pas du tout répondu. Le système n’est pas bon. Aussi suis-je résolu à en changer, et, en attendant la visite de…, devinez qui? Oh! si j’étais au bas de la page, je vous forcerais bien à attendre un peu. Hé! bien, vous attendrez, et, en attendant, soyez assez bon pour me préparer un paquet de rapports trimestriels. L’évêque de Langres,[1] l’évêque d’Orléans veulent en prendre connaissance; mais ils veulent juger sur une certaine quantité. Envoyez-m’en quatre ou cinq exemplaires de chaque, si vous le pouvez sans trop d’inconvénients, [ et] quelques rapports de fin d’année, si cela vous est agréable. Mgr Dupanloup est abasourdi de la manière dont nous procédons.[2]

Je reviens à votre lettre. Gourju étant casé, je le laisse là où il est et ne m’en inquiète pas davantage. Quant à Lamothe et à Schmit,[3] vous pouvez encore voir avec ces deux enfants, s’il n’y a pas moyen d’en tirer parti. Je suis très convaincu qu’on le peut, sauf preuve irrécusable du contraire. Comment se fait-il que ni vous ni M. Brun ne m’ayiez dit un mot de la visite des inspecteurs? Je l’ai su par ricochet. Voilà une chose assez prodigieuse! Vous avez compté l’un sur l’autre. J’apprends cette visite par une lettre de l’évêque de Nîmes,[4] qui ne m’en parle que par parenthèse, ou même qui ne m’en parle pas du tout pour ce qui concerne ma maison.

Une grave question, c’est de savoir si M. Blanchet[5] restera l’an prochain. Résolu comme je le suis d’élever chaque année certaines conditions chez les maîtres, il est bien possible que, l’an prochain, je me débarrasse de certaines soutanes, pour en appeler certaines autres qui sûrement feraient beaucoup mieux.

Je viens d’avoir, aujourd’hui même, une très grave conversation avec l’évêque de Langres, qui prétend que je suis en conscience obligé de venir à Paris. Résolu comme je le suis de ne pas accepter la maison que l’on m’offrait, peu curieux de M. Leboucher qui revient sur l’eau, effrayé de tout ce qui s’annonce pour [ 18]52, je ne sais comment résoudre certaines difficultés de développement. J’attends un chef d’institution ou plutôt un supérieur de collège catholique qui fait partie d’une association religieuse. Peut-être pourrai-je combiner quelque chose avec lui. Quoi qu’il en soit et sauf nouvel avis, l’an prochain, nous restons à Nîmes.[6] Je prends le plus de gens que je puis à l’essai, afin de voir de quoi l’on est capable; et puis, si la République rouge n’a pas paru, nous agissons.

La question du baccalauréat n’avance pas beaucoup, ce que je ne trouve pas un grand malheur. Thiers voulait faire passer que le baccalauréat ne serait possible qu’à dix-huit ans. Un premier vote sur la nécessité de consulter l’Assemblée nationale écarte, je l’espère, cette entrave. Mais on ne s’en tiendra pas là. Demain, probablement, nous examinerons la question de savoir quelles conditions sont nécessaires pour le baccalauréat. En premier lieu et par-dessus tout, je proposerai d’en éliminer l’histoire, si ce sont des dates que l’on veut. Les élèves, pour se les mettre dans la tête, perdent toute l’année de philosophie. Il faut ou faire plusieurs examens, ou faire du baccalauréat ès lettres un examen qui porte sur la littérature grecque, latine et française. Je voudrais qu’on laissât de côté les mathématiques et la philosophie, et qu’on en fît la matière d’un second examen. L’examen du baccalauréat ès lettres se ferait à la fin de la rhétorique.[7] Adieu, cher ami. Le temps me manque pour vous développer cette idée.

Tout à vous. Vous ne me dites rien du T[iers]–O[rdre]. La visite que j’attendais et qui m’a été faite, était celle de René Cusse.[8] Qu’en dites-vous? Mille souvenirs respectueux à Mme Durand

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mgr Parisis (1795-1866), évêque de Langres (19 décembre 1834) et transféré à Arras (5 septembre 1851), membre du Conseil supérieur.
2. Mgr Dupanloup demandera au P. d'Alzon, par un mot du 13 juin, de ne pas oublier de lui envoyer de "si précieux documents".
3. Lamothe, professeur de seconde; Schmit, professeur de troisième.
4. Nous n'avons pas la lettre de Mgr Cart dont parle ici le P. d'Alzon. Par contre, nous avons trouvé aux Archives départementales du Gard (2T 52) le rapport d'inspection académique, dont voici le texte, --l'inspecteur répond brièvement sur un formulaire imprimé:
"Directeur: M. Brun, 31 ans (le vrai est M. d'Alzon, bachelier ès lettres le 1er avril 1829), certificat de stage délivré le 16 décembre 1850. Il remplit les fonctions de surveillant dans la maison. - Aucune personne de l'autre sexe n'habite dans la maison. - Le pensionnat est exclusivement catholique. Local: très vaste et bien disposé. Voisinage immédiat: ne laisse rien à désirer. - Dortoirs: très beaux et bien surveillés. - Deux beaux réfectoires. Etudes: très bien. Cours: deux grandes bien aérées. Classes: laissent à désirer. - Une salle d'exercice sert de préau, Aspect général de la maison: très bien. Elèves: pensionnaires 200. Tenue des élèves: très bonne, Propreté: très bien. - Politesse: très bien. - Le maître n'a pas demandé que ses élèves soient interrogés. Observations: la belle position de M. d'Alzon, grand vicaire et membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique, lui permet les moyens de faire une forte concurrence au lycée."
5. L'abbé Blanchet, prêtre du diocèse de Nîmes, un des premiers novices de l'Assomption, professeur de sixième en 1850-1851.
6. En fait, le 24 août, le P. Charles Laurent se rend à Paris avec le Fr. Victor Cardenne rejoindre le P. Tissot et fonder un pensionnat au 234 du faubourg Saint-Honoré.
7. "Il est intéressant de voir que ce souhait fut réalisé sensiblement plus tard pour être abandonné ensuite, mais certainement pas pour retourner à la tradition." (Guy DUPRE, Thèse, 1971, p. 137).
8. René Cusse avait été novice et professeur à l'Assomption, puis s'était retiré, pour devenir professeur à l'Institution de Saint-Bertin, à Saint-Omer, où il fut tonsuré (4 juillet 1852) et minoré (février 1853). Il demeura en relation avec le P. d'Alzon et revint à l'Assomption, à Clichy, où il devint profès perpétuel en 1857 et prêtre en 1858, avant de partir en Australie. Il avait pris comme nom de religieux celui d'Eugène.