Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.46

16 jun 1851 Paris, PICARD François aa

Pour ranimer la vie spirituelle qui s’est affaiblie en lui, qu’il prie plus que de coutume devant le Saint-Sacrement, qui est le vrai pain de vie. – Préparation au cours de théologie pour l’année suivante.

Informations générales
  • T1-046
  • 39
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.46
  • Orig. ms. ACR, AE 2; D'A., T.D. 25, n. 3, pp. 3-4
Informations détaillées
  • 1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 ETUDIANTS EN THEOLOGIE
    1 EUCHARISTIE
    1 FOI
    1 FORMATION DES JEUNES PROFES
    1 LACHETE
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 VERITE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOIE UNITIVE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 MORELOT, STEPHEN
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
  • AU FRERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • le 16 juin [18]51.
  • 16 jun 1851
  • Paris,
La lettre

Mon cher enfant,

Quoique cette lettre ne doive partir que demain,je veux la commencer dès ce soir pour vous dire que j’attendais en effet quelques lignes de vous. C’est un peu notre faute, si vous vous êtes relâché; mais nous allons y mettre bon ordre, car l’essentiel est de former de bons religieux. C’est un point très important, le plus important de la maison. Pour vous remonter, mon ami, je vous engage à passer, pendant l’octave du Saint-Sacrement, un peu plus de temps que de coutume aux pieds de Notre-Seigneur. Conjurez ce bon Maître de vous remplir de saints désirs. La vie spirituelle s’est affaiblie en vous; il faut le conjurer de vous la rendre par ses communications. Hic est panis – oui, et il le déclare lui-même: Hic est panis de coelo descendens, ut si quis ex ipso manducaverit, non moriatur.[1] Et comment? D’abord, parce que nous nous attachons à lui par la foi, et qu’il y a là un principe de vie. Comment l’âme vit-elle autrement que par la vérité? Et comment elle qui est finie, bornée, saisit-elle la vérité infinie autrement que par la foi? Mais voyez le prodige. Celui qui est la vie éternelle en Dieu, qui est vie et lumière pour celui qui vient en ce monde, est pain encore pour travailler au-dedans de nous et comme à notre insu, tandis que nous donnons notre adhésion par la foi à la vérité, comme nos yeux en s’ouvrant adhèrent à la lumière extérieure; et nous entrons ainsi en communication avec les êtres vivants du dehors, [pendant que] notre [être?] par la nourriture s’incorpore un principe extérieur de vie.

Mais ce pain matériel, cet aliment du corps est mort, est détruit et donne la mort. L’autre est un pain vivant: Ego sum panis vivus; il est un pain de vie, panis vitæ; pain de vie, vie par excellence, il donne la vie à qui se nourrit de lui, ut si quis manducaverit ex hoc pane, vivat in æternum.[2]

Eh bien! mon cher enfant, c’est à ce pain vivant qu’il faut avoir recours, c’est de lui qu’il faut vivre, c’est à lui qu’il faut aller demander la vie, cette vie de sainteté, sans laquelle vous ne pouvez rien. Ainsi prenez votre parti, faites effort et revenez à la sainteté. Bon courage et bonne volonté! A mon retour, je vous ferai marcher un peu plus ferme, soyez-en sûr.

Je désire que vous vous prépariez à votre cours de théologie pour l’an prochain. Il faut que l’on s’exerce à parler et à écrire en latin; c’est indispensable. Il y aura vous, Hippolyte, Pernet, M. Morelot et peut-être Cabrières[3], peut-être d’autres aussi. Enfin, nous verrons.

Adieu. Soyez très dévot à Notre-Seigneur au Saint-Sacrement. Tout à vous du fond du coeur.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
3. Ancien élève de l'Assomption, Anatole Rovérié de Cabrières (1830-1922) devint prêtre le 24 sept. 1853, directeur du collège de l'Assomption, pendant la maladie du P. d'Alzon, secrétaire particulier de Mgr Plantier en 1863, évêque de Montpellier le 16 janvier 1874, créé cardinal le 15 juillet 1890.1. Jn 6,50. 2. Jn 6,51