Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.49

28 jun 1851 Nimes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il l’invite à prier pour son oncle défunt et à faire en sorte que la fortune qu’il laisse soit gérée en tout esprit de justice, puisqu’elle soupçonne que tout n’y est pas régulier.

Informations générales
  • T1-049
  • 43
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.49
  • Orig.ms. ACR, AD 763; D'A., T.D. 21, n. 20, p. 17.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BIEN SUPREME
    1 GESTION DES BIENS
    1 JUSTICE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PARDON
    1 PRIERES POUR LES DEFUNTS
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 28 juin 1851.
  • 28 jun 1851
  • Nimes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Ma chère fille,

La journée d’hier s’est écoulée pour moi sans que je sache trop comment. Le temps de la poste a passé, sans que j’aie pu mettre la main à la plume. Aujourd’hui, je veux m’y mettre à 6 heures du matin, afin que les occupations que je prévois ne m’empêchent pas de vous dire tout ce que je voudrais vous être, pour diminuer ces tristes brisements et ces cruelles appréhensions. Je ne doute pas que Dieu, qui ne fait pas les choses à demi, n’ait usé d’une pleine miséricorde, en accordant un pardon de salut à une âme pour laquelle on a tant prié. Mais entre le salut assuré et l’introduction dans le lieu où rien de souillé ne doit pénétrer, il y a encore une bien grande distance; et, pour ma part, je préfère voir ainsi les choses et par là, en évitant certaines illusions, écarter des pensées trop désespérantes. Oui, sans doute, Dieu a pardonné, mais il ne faut pas moins prier et il me semble que c’est une bien grande grâce que d’avoir l’assurance que la prière ne sera pas inutile. C’est ainsi que Dieu laisse à ceux qui restent, le soin d’achever l’oeuvre que ceux qu’il appelle ont au moins laissé commencée.

Mais, ma chère fille, me permettez-vous une question? Qu’allez-vous faire de cette fortune[1], où vous soupçonnez que tout n’est pas régulier? Croyez-vous pouvoir venir à bout de satisfaire à certaines obligations? Un point de repos pour vous, c’est que vous en emploierez une très grande partie en bonnes oeuvres, et que ce que vous pourrez en laisser un jour à la famille de M. de Fr[anchessin] sera encore une espèce d’acte de justice et non pas d’affection, de votre part. Cela n’empêche pas que vous soyez obligée de voir un peu clair, autant que vous le pourrez, au fond de toutes ces affaires. C’est, j’en suis sûr, une chose que vous avez faite ou que vous ferez, dès que votre coeur laissera un peu de liberté à votre tête.

Je vous laisse pour aller confesser les enfants de la première communion. J’en ai une trentaine à présenter à Notre-Seigneur, le 6 juillet.

Priez pour eux et pour un pauvre enfant, qui vient de mourir chez ses parents; c’est le troisième que nous perdons cette année.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre, avec le coeur le plus compatissant à ce que le vôtre éprouve de désolations.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. M. de Franchessin était un riche banquier.