Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.50

29 jun 1851 Nîmes, GAUME Mgr

Jules Monnier écrit, au nom du P. d’Alzon, à M. Gaume pour solliciter une unité de collaboration dans la publication d’extraits d’auteurs chrétiens à l’usage des élèves de l’enseignement libre.

Informations générales
  • T1-050
  • 44
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.50
  • Orig.ms. ACR, OG 236.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 LIVRES DE CLASSE
    1 QUERELLE DES AUTEURS CLASSIQUES
    1 UNITE CATHOLIQUE
    2 AMBROISE, SAINT
    2 AVIT DE VIENNE, SAINT
    2 DUFETRE, DOMINIQUE
    2 GAUME, JEAN-ALEXIS
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 GAUME, MESSIEURS
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HILAIRE D'ARLES, SAINT
    2 LACTANCE
    2 MONNIER, JULES
    2 VICTORIN, SAINT
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE CASSETTE
  • A MONSIEUR L'ABBE GAUME
  • GAUME Mgr
  • le 29 juin 1851.
  • 29 jun 1851
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Monsieur le chanoine[1],

M. l’abbé d’Alzon, pendant son dernier séjour à Paris pour la session du Conseil supérieur de l’Instruction publique, a eu l’occasion de s’entretenir avec M. votre frère, chanoine de la métropole, de vos idées sur l’enseignement actuel. Il a su par lui que vous prépariez sur cette matière une publication nouvelle que l’Univers vient d’annoncer, et que vous vous proposiez d’y montrer l’urgence d’une réforme dans les études, depuis trop longtemps livrées au paganisme par l’usage traditionnel des auteurs profanes mis entre les mains de la jeunesse. La réaction contre cette regrettable influence d’une instruction littéraire, en vérité antichrétienne, se prononce de jour en jour d’une manière plus significative. On se demande s’il ne serait pas opportun d’imprimer à l’enseignement libre une impulsion catholique, en abordant hardiment une réforme, dont la nécessité est mieux comprise depuis les épreuves récentes.

La maison de l’Assomption s’est préoccupée aussi de moyens de modifier en ce sens les traditions acceptées, et M. d’Alzon, dans son compte-rendu de l’année dernière[2], annonçait des travaux préparés par ses collaborateurs pour commencer une publication suivie de livres classiques chrétiens, composés d’extraits des Pères ou des écrivains ecclésiastiques. Nous sommes en mesure déjà pour la rentrée prochaine. Chargé par M. d’Alzon de la direction de cette bib[liothèque] classique, j’ai rédigé, pour le cours de 4ème, un choix de Lactance et de saint Ambroise contenant un tableau de la création.

J’achève en ce moment d’annoter, pour le cours de 3ème, un autre recueil consacré à la vie de Notre-Seigneur, exposant les preuves de sa divinité. J’espère avoir terminé, pour le mois d’août, le poème de saint Avit de Vienne et des extraits sur la Providence, à l’usage des humanités[3],

Un libraire de Nîmes s’est mis à notre disposition. Avant de conclure avec lui, je m’empresse, Monsieur le chanoine, sur l’invitation de M. d’Alzon, de vous donner connaissance de nos travaux. Si vous désiriez entrer en relation avec nous et ne faire qu’une seule et même bibliothèque de vos publications et des ntres, pour les éditer chez MM. Gaume[4], l’ensemble de nos travaux gagnerait à cette unité, et le bien que nous souhaitons, vous et moi, Monsieur, en faire sortir pour l’éducation chrétienne, serait encore plus assuré par ce concours commun de nos efforts, en même temps que la célérité d’exécution nous permettrait de terminer plus promptement une série suffisante d’ouvrages grecs et latins, et de la compléter bientôt pour l’usage des classes.

Veuillez, Monsieur le chanoine, avoir l’obligeance de nous faire parvenir le plus tôt possible votre réponse, et agréer l’expression de la considération distinguée, avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble serviteur.

J. MONNIER prof. à l'Ass. a[gré]gé de l'université
Notes et post-scriptum
1. Jean-Joseph Gaume (1802-1879), vicaire général de Nevers en 1843, auteur du Ver rongeur des sociétés modernes ou le paganisme dans l'éducation (1851), suscita "la querelle des classiques'', en prônant la substitution des auteurs chrétiens aux auteurs païens dans les classes d'humanités, querelle tranchée par l'encyclique Inter multiplices (1854).
2 Annexe au discours des prix, orig. imp. ACR, DU 12. Les pages de couverture de la Revue de l'enseignement chrétien témoignent de la mise en oeuvre du projet de publication d'auteurs chrétiens à Nîmes. 3. Dans le n. 2 de la Revue de l'enseignement chrétien (janvier 1852) la couverture mentionne la publication de l'ouvrage: Natura rerum. Excerpta ex operibus S. Ambrosie, Lactantii, S. Aviti viennensis, S. Hilarii arelatensis et s. Victorini, ad usum Quartanorum collegit, notis illustravit, edidit J. MONNIER, in nemausensi Assumptionis Collegio professor. - 4 vol. in-l2. Prix 2 fr.
C'est la 3ème collection publiée dans la série des textes latins; trois autres sont en préparation ou sous presse. Il est également prévu la publication de six collections de textes grecs.
4. Messieurs Gaume frères, rue Cassette 4, Paris, où se retira M. Gaume quand il fut désavoué par Mgr Dufètre,, évêque de Nevers pour la publication de son ouvrage Le Ver rongeur (ACR, dossier GAUME).
5. Jules Monnier (1815-1856) ami et collaborateur du P. d'Alzon au même titre que Germer-Durand. Dans sa réponse du 5 août, M. Gaume regrette d'être informé trop tard, car il a sous presse une oeuvre parallèle, "des intentions et des précieux travaux d'esprits aussi distingués que M. l'abbé d'Alzon et ses dignes collabora- teurs. Il espère, cependant, lors de la prochaine session du Conseil supérieur,"traiter en détail de vive voix avec l'excellent M. d'Alzon" de publications annotées d'auteurs chrétiens pour les classes supérieures.