Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.73

30 aug 1851 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Elle a raison de ne pas vendre inconsidérément une propriété. – Il la remercie d’avoir aidé le P. Laurent. – Il l’assure de son humble dévouement <>.

Informations générales
  • T1-073
  • 66
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.73
  • Orig.ms. ACR, AD 777; D'A., T.D. 21, n. 34, pp. 25-26.
Informations détaillées
  • 1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 PENSIONS
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 BASTIEN, CLAUDE-HIPPOLYTE
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 LAURENT, CHARLES
    3 NIMES, COLLEGE SAINT-STANISLAS
    3 PONT-SAINT-ESPRIT
    3 VALBONNE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 30 août 1851.
  • 30 aug 1851
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
  • Pour notre Mère
La lettre

Ma bien chère fille,

Je comprends combien votre pauvre coeur a dû souffrir de la lettre de Mme votre cousine. Je viens de faire quelques supputations, avec les notes que vous m’avez fournies. Il me paraît bien ridicule que, si vous donnez quelques explications, on ne comprenne pas votre position. Vendre la campagne en question me paraîtrait dangereux. Il peut être permis à une religieuse de raisonner autrement que des hommes d’affaires, quoique je trouve leurs raisons excellentes; mais enfin, en faisant la balance de l’actif et du passif, je trouve:

au passif 58.000 f.

à l’actif, des valeurs pour 60.000 f. en dehors de la campagne et de ce qui peut un jour sortir des billets. Il me paraît qu’en l’état, comme on dit, vous pouvez laisser la jouissance de la campagne à la condition que la pension de 600 f. sera payée; et, si les affaires s’arrangent, vous pourrez abandonner sans difficulté toute la propriété de cette campagne, puisque les intentions de M. de Franchessin sont que vous fassiez quelque chose pour sa famille et que ce n’est pas manquer à la pauvreté que de les remplir. Maintenant, que vous fassiez toutes vos réserves avec la famille, pour l’hypothèse où les sommes disponibles ne suffiraient pas, c’est absolument nécessaire; mais il est bon de montrer votre bonne volonté et autant de grâce qu’ils font preuve de peu d’amabilité. Il est possible que je n’aie pas bien compris la question que vous me posez; mais si je l’ai comprise, voilà ma réponse bien nette.

Merci, chère fille, de tout ce que vous avez fait pour l’abbé Laurent et de ce que vous ferez encore pour lui. Ce sera un excellent supérieur, s’il est ferme, et pour qu’il le soit, il faut quelqu’un pour le soutenir dans les commencements.

J’attendrais pour un peu plus tard votre rendement de compte. Si vous me l’adressez à la réception de cette lettre, que ce soit à Valbonne par le Pont- Saint-Esprit. Cette fois, nous ne partons que six. Je prierai de toute mon âme pour ma chère fille. Oh! ma bonne enfant, quand serez-vous avec votre coeur, telle que Notre-Seigneur vous le demande? C’est beaucoup de vous trouver raide et de vous l’avouer, mais une ancienne religieuse ne devrait-elle pas aller encore au-delà en fait de perfection?

Pour moi, mon enfant, j’ai rudement assez souffert ces temps-ci. En analysant les causes de ma souffrance, je trouvais qu’il y avait chez moi de grandes misères, d’une part; de l’autre, de grosses imaginations qu’il s’agissait seulement de crever[1]. Ma volonté bien déterminée est de vous être bon, non seulement parce que je le dois et je le veux, mais parce que je vous dois cet exemple. Oh! que je voudrais vous être humblement tout bien sans espoir de retour[2],non par fierté, mais par sentiment du peu que je vaux et de ce que je dois à Notre-Seigneur dans les âmes, un peu aussi, ma fille, parce que je vous aime bien.

Adieu, mon enfant. Quoique j’aie eu quelques misères ces derniers temps, je demande à Notre-Seigneur de les augmenter, si cela peut vous aider à porter les vôtres. Que Notre-Seigneur soit votre tout! Je vais écrire à M. Laurent.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Il est difficile de cerner le motif de cette confiance. Peut-être s'agit- il du refus que lui a fait son évêque de prendre comme religieux l'abbé Bastien (cf. lettre 75).
2. Mère M-Eugénie se croyant concernée reviendra sur cette expression dans sa lettre du 2 septembre, car elle ne pense pas, sinon dans le domaine de la recherche de la perfection, avoir manqué de compréhension et d'encouragement à l'égard du P. d'Alzon. <>.
En fait, comme l'expliquera le P. d'Alzon dans ses lettres suivantes, ce n'était pas Mère M.-Eu génie qu'il mettait en cause, mais lui-même, en se jugeant incapable <>. (cf. lettre 71).