Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.79

7 sep 1851 Valbonne, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Raison qui arrête le développement de sa perfection. – Sa douleur excessive à la mort de son oncle. – Si on ne rend à Notre-Seigneur tout ce qui lui appartient, il peut nous en punir. – Compte t-on sur lui pour un carême à Paris ? – Que des dispositions humbles lui rendent la paix et le courage pour servir Jésus-Christ.

Informations générales
  • T1-079
  • 72
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.79
  • Orig.ms. ACR, AD 782; D'A., T.D. 21, n. 39, pp. 28-29.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHATIMENT
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EGOISME
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 PAIX DE L'AME
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 TIEDEUR
    1 TRISTESSE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 DANJOU, MADEMOISELLE
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 7 sept[embre] 1851.
  • 7 sep 1851
  • Valbonne,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Quoique cette lettre ne doive pas partir aujourd’hui, je veux profiter des bons sentiments qui se trouvent dans celle que je reçois de vous, à l’instant, pour vous dire trois choses que je vois très clairement à votre égard.

1 ° Vous avez parfaitement raison, quand vous dites que vous avez tort de traiter de puissance à puissance avec moi. Je suis depuis longtemps très convaincu que cela arrête en vous le développement de votre perfection, à cause de l’orgueil que cette disposition implique et accroît.

2 ° Je crains que vous ne vous soyez beaucoup trop laissée aller dans votre douleur à l’égard de M. de Fr[anchessin]. Il y a dans ces regrets bien de l’humain et un sentiment contraire, d’une part, à l’esprit religieux et à l’amour de Dieu. En descendant au fond de votre coeur, vous verrez que vous vous êtes un peu regrettée vous-même et que, tout au moins, vous avez mis une certaine complaisance dans vos regrets. Tout cela arrête beaucoup le règne de Notre-Seigneur dans une âme et explique à merveille la troisième chose dont je veux vous parler.

3° Vous aimez, en effet, trop peu Notre-Seigneur et vous devez y faire extrêmement attention. Cet amour est jaloux et se vengera, si vous ne lui rendez tout ce qui lui appartient en vous, c’est- à-dire tout, et puis, avant toutes choses, votre coeur avec toute sa puissance d’aimer. Pourrez-vous lui rendre tout ce qu’il renfermerait de vertus, si, au lieu de vous répandre avec ses dons dans vos orages, vous eussiez observé à ses pieds une humble et amoureuse paix? Si j’ai pu y contribuer par ma faute, j’en ai un très profond chagrin; mais franchement, s’il y a eu de ma faute, il y a eu aussi beaucoup de la vôtre, et c’est de vous surtout que vous avez à vous occuper devant Notre-Seigneur.

8 septembre.

Permettez-moi de revenir sur ce que je vous disais dans mon avant dernière lettre sur Mlle Danjou. Il paraît que, si elle venait à perdre sa mère, elle se ferait religieuse, et il me semble, d’après ce que j’ai entendu dire, que ce serait une très précieuse acquisition. Savez-vous si M. Sibour compte toujours sur moi pour son carême? Il a passé par Nîmes, il n’est pas venu me voir, et je ne suis pas allé le chercher, parce que j’étais au lit. Du reste, lui-même était malade.

Adieu, ma chère enfant. Je désire bien que vous trouviez, dans ces dispositions humbles où vous semblez vouloir vous mettre, un peu de paix et de courage pour servir, comme il convient, notre divin Maître. Je vous assure que je suis bien désireux de vous y aider par tous les moyens que Dieu sait vous être bons, et cela avec un coeur dont vous doutez beaucoup trop, quoiqu’il soit tout vôtre avec une affection de père et d’ami.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum