Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.86

19 sep 1851 Nîmes, ROCHER_MADAME

Leur convention de s’aider mutuellement à aller au bon Dieu. -La générosité consiste dans l’effort à atteindre la perfection. – Nouvelles diverses. – Elle ferait bien de provoquer une explica- tion avec sa fille pour obtenir une réconciliation.

Informations générales
  • T1-086
  • 78
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.86
  • Orig.ms. ACR, AL 172; D'A., T.D. 34, n. 5, pp. 281-282.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTE DE PERFECTION
    1 DEPASSEMENT DE SOI
    1 EFFORT
    1 OUBLI DE SOI
    1 PARDON
    1 PERSEVERANCE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 UNION DES COEURS
    2 ALAUZIER, MADAME D'
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 NARBONNE-LARA, MADAME DE
    2 ROCHER, MARIE DE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    3 NIMES
  • A MADAME DE ROCHER
  • ROCHER_MADAME
  • le 19 sept[embre] 1851.
  • 19 sep 1851
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Vous avez parfaitement fait, ma chère fille, de ne pas attendre que M. Blanchet vînt à Nîmes pour m’écrire. J’attendais avec empressement quelque nouvelle de vous, et ma joie a été bien grande, je vous assure, quand j’ai reconnu votre écriture. Vous savez que notre convention consiste à ce que nous nous aidions mutuellement à aller au bon Dieu. Je ne demande pas mieux que de vous soutenir, quand vous en aurez besoin, mais à une condition, c’est que vous prierez Dieu de me donner toutes les grâces qui me sont nécessaires pour accomplir toute sa volonté. Je crois en avoir un besoin tout spécial en ce moment, et c’est pour cela que je vous prie de ne pas m’oublier. Je suis un peu préoccupé de tout ce qu’il y aura à faire pour l’an prochain, et je désire vivement connaître la volonté de Dieu.

Quant à vous, ma chère enfant, continuez à marcher dans la voie où vous me dites vous trouver. Elle me paraît la meilleure. Allez beaucoup à Notre-Seigneur, lorsque vous croyez n’avoir personne. N’est-il pas dans toute église où vous irez le prier et vous reposer à ses pieds? Il me semble qu’une âme qui veut le bien aimer, peut trouver tant de joie à se mettre, comme la pauvre pécheresse, aussi bas que possible, mais le plus près de lui. Non, vous ne devez pas vivre pour vous, cela est bien évident. Vous ne vous appartenez plus, vous êtes toute à Celui à qui vous vous êtes donnée. Mais vous trouvez que vous n’êtes pas assez généreuse! Qu’est-ce que la générosité qu’un continuel effort pour arriver à l’idéal de la perfection, que Dieu vous met dans le coeur? La générosité implique un effort continuel. Si donc vous n’êtes pas généreuse un moment, vous pouvez l’être à un autre, et le défaut de générosité que vous vous reprochez peut être pour vous un aiguillon qui vous aide à le devenir. Toutes les fois que vous éprouverez le besoin de dire ce qui se passe au fond de votre âme, croyez que je suis tout heureux de l’apprendre de vous. A cet égard, j’espère que vous n’avez plus aucun doute.

Si Mme d’Alauzier passe quelques jours à Bollène, veuillez me rappeler à son souvenir et lui dire, de ma part, les choses les plus affectueuses.

Le sacrifice dont vous me parlez sera bien grand, en effet. Cependant, pour une femme chrétienne comme vous, il aura bien son prix et son avantage. Ne croyez-vous pas que vous feriez bien de provoquer une explication avec votre fille? Peut-être n’ose-t-elle pas et serait-elle bien heureuse que vous la missiez à l’aise? En commençant la première, vous pourrez demander à sa confidente de lui proposer de vous servir d’entremetteuse. Quand votre fille saurait que quelqu’un vous a parlé d’elle, elle aurait moins de peine à vous en faire la confidence, surtout quand elle saura que vous ne vous y opposeriez pas. Je comprends toutefois combien vous devez souffrir de son silence. C’est pour cela que je voudrais bien le faire cesser[1].

Quand vous irez voir Mme de Narbonne, veuillez lui dire combien je suis peiné de la savoir malade. Je crains d’en savoir le motif, ce qui me peine beaucoup. Adieu, ma chère fille. Vous écrire est une bien bonne chose pour moi. Prions l’un pour l’autre et croyez-moi bien entièrement à vous dans le coeur de notre divin Maître.

Mille choses à votre mari et à vos enfants.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mme de Rocher avait deux filles Marie et Thérèse; l'une et l'autre pensaient à la vie religieuse: Marie, chez les Dames du Sacré-Coeur, et Thérèse, chez les Religieuses de l'Assomption.