Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.116

12 dec 1851 Nîmes, ESCURES Comtesse

But chrétien qu’elle veut assigner à sa vie. – Pour cela, elle doit prier et se mortifier. – Conseils spirituels pour devenir une sainte.

Informations générales
  • T1-116
  • 105
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.116
  • Orig.ms. ACR, AN 9; D'A., T.D. 38, n. 9. pp. 114-116.
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 PENITENCES
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE SPIRITUELLE
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • 12 décembre 1851.
  • 12 dec 1851
  • Nîmes,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Amélie de Pélissier
    94, rue de Chaillot
    Paris.
La lettre

Ma chère fille, je veux tenir ma promesse et vous prouver que, lorsque je vous ai dit combien j’étais impressionné de votre persévérance, malgré mon silence prolongé, je disais vrai. Puis, il me semble que je vois un but à votre vie, que puisque vous voulez la dessiner en peu nettement et d’une manière chrétienne, vous devez persévérer, et pour cela il faut vous soutenir. J’y ai bien pensé tout le long de mon voyage et je veux aujourd’hui vous faire part de mes réflexions.

La première, c’est qu’en effet vous êtes bien plus faite pour une vie comme vous l’envisagez que de tout autre façon. Seulement vous êtes obligée de tendre à la perfection chrétienne, c’est- à-dire à une imitation plus parfaite de Notre-Seigneur. Pour cela, il faut le connaître et l’aimer, et l’on ne connaît bien Notre-Seigneur que par une prière persévérante; puis, on ne l’imite bien que par la mortification — c’est lui qui l’a déclaré ainsi. Ma chère enfant, voilà deux règles un peu sévères que je commence à vous donner: priez et mortifiez-vous. Il est impossible de servir deux maîtres: votre corps, vos sens, votre imagination, votre coeur, votre amour-propre, et en même temps Jésus-Christ. C’est pour cela qu’il faut choisir et prendre un parti sérieux.

Vous m’avez dit que vous feriez ce que je voudrais. Je veux que vous fassiez tout ce qui est nécessaire pour devenir une sainte, que vous ne perdiez pas une minute pour y travailler, et pour y travailler de toutes vos forces. Est-ce que je ne prends pas du premier coup les choses un peu trop haut? Il me semble que non. Avec un caractère capable de force et de générosité pas une minute pour y travailler, et pour y travailler de toutes vos forces. Est-ce que je ne prends pas du premier coup les choses un peu trop haut? Il me semble que non. Avec un caractère capable de force et de générosité comme le vôtre, il faut, je crois, procéder par résolutions énergiques. Veuillez donc prendre mes paroles le plus possible à la lettre; et toutefois, si vous pensez que je suis trop sévère du premier coup, faites-moi vos observations.

Courage, ma chère enfant. Ne trouvez-vous pas, encore une fois, que je vous prends trop promptement au mot? Quelque chose me dit que non, et, après avoir bien combattu, bien hésité, vous vous jetterez résolument entre les bras de Notre-Seigneur pour devenir sienne sans réserve.

Pour vous faire pratiquer l’obéissance, vous aurez la bonté:

1° de m’envoyer votre règlement, afin que je le corrige et le change; 2° de m’indiquer les défauts que vous croyez devoir attaquer tout d’abord;

3° les bonnes oeuvres que vous croyez pouvoir vous mettre à faire; 4° les petites mortifications que vous voulez vous mettre à pratiquer. Adieu, mon enfant. Je ne puis vous dire à quel point vous m’êtes chère. Je vous envoie du fond du coeur une bénédiction bien paternelle, que je prie Notre-Seigneur de ratifier. Je suis convaincu que jusqu’à nouvel ordre vous ne devez rien dire aux demoiselles dont vous m’avez parlé.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum