Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.120

23 dec 1851 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Son ministère lui prend beaucoup de temps. – Le plébiscite à Nîmes – Le souci qu’il a de ses états intérieurs et de sa santé.

Informations générales
  • T1-120
  • 109
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.120
  • Orig.ms. ACR, AD 803; D'A., T.D. 21, n. 60, p. 42.
Informations détaillées
  • 1 ELECTION
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
    1 SANTE
    1 UNITE CATHOLIQUE
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DONNET, FRANCOIS
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 NAPOLEON III
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 NIMES
    3 NIMES, CATHEDRALE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 23 décembre 1851.
  • 23 dec 1851
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Ma chère fille,

Je prêche une retraire aux Dames de Miséricorde, qui me fait courir deux fois par jour à la cathédrale, les confessions de circonstance me prenant en outre beaucoup de temps, de sorte que je suis un peu en retard avec vous. Il faut me le pardonner, car il me semble que c’est pour la gloire de Dieu.

Avant de vous dire autre chose, à très peu d’exceptions près, les catholiques ici ont voté pour Napoléon, les protestants contre. Il a eu contre lui quelques légitimistes fanatiques, mais l’évêque et le clergé se sont si chaudement prononcés qu’il a été évident que la majorité catholique passait sous un autre drapeau, sous celui du clergé. M. Vernières n’est pas tué, mais il s’en est fallu de peu.

D’après ce qui me revient, l’archevêque de Bordeaux[1] sera un excellent négociateur de votre affaire. Que je vous plains de tous les cancans faits sur l’héritage de M. de Fr(anchessin]! Voilà un froissement que nous accepterons en union avec les abaissements de l’Enfant-Jésus.

L’état de votre âme me paraît, quoique vous disiez, ne pas devoir durer toujours. Plus vous y serez généreuse, plus vous y accumulerez de mérites. Dieu vous veut pour lui avec un amour très pur et très désintéressé. Toutes ces tristesses purifient l’âme. Faites-vous petite et souple, et sous ce rapport les mystères de ces jours-ci vous sont merveilleusement applicables. Quel goût le Fils de Dieu peut-il avoir à se faire petit enfant?. Cependant pour nous montrer qu’il nous aime, et sans beaucoup de goût pour les langes et pour la crèche, il en passe par là. Allons, allons, ma chère fille réchauffer les pieds de l’Enfant-Jésus avec notre coeur que nous déposerons dans son berceau.

Les trois désirs que vous m’exposez me semblent excellents. Vous voulez devenir plus humble, plus pleine de l’esprit de notre divin Maître. Faites effort pour embellir votre âme de cette fondamentale vertu. Pour moi, mon enfant, je sens que je veux vous être très bon; pour vous, j’espère que vous en profiterez.

Je lis votre seconde lettre faite en trois jours. Mon Dieu, ma fille, il faut vous soigner. Cela passera avec quelques précautions, mais il faut y prendre garde. En toutes choses vous avez besoin d’avoir l’âme mise au large par une grande affection de charité, et je suis sûr que cette vie active qui vous fatigue tant vous irait, si vous y trouviez une grande dilatation de coeur. Je prierai bien volontiers Notre-Seigneur de vous venir en aide à cette nuit de Noël, surtout je lui demanderai qu’il vous transforme tout entière en lui.

Je suis dérangé à chaque instant et je ne sais si c’est pour cela que j’apprécie tout le bonheur que vous avez de pouvoir rester dans votre chambre. Profitez-en le plus que vous pourrez et soyez bien convaincue que vous vous en trouverez à merveille sous une foule de rapports. Priez beaucoup, aimez aussi à vous recueillir pour chercher ce qui pourrait procurer dans l’oeuvre la gloire de Dieu.

Adieu, ma chère fille, et tout à vous en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Donnet (1795-1882), préconisé coadjuteur de l'évêque de Nancy en 1835 et archevêque de Bordeaux en 1837; promu cardinal le 15 mars 1852.