Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.137

20 jan 1852 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Encore le vicaire général de Paris. – Elections au Tiers-Ordre de femmes. – Nouvelles diverses. – Qu’elle retourne tout doucement à l’amitié de Notre-Seigneur, il prie pour elle.

Informations générales
  • T1-137
  • 122
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.137
  • Orig. ms. ACR, AD 811; D'A., T.D. 21, n. 68, p. 47.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 ELECTIONS AU CHAPITRE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 MISSION DU CAP
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 BUQUET, LOUIS-CHARLES
    2 COIRARD, MIRRA
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 ANGLETERRE
    3 CAP, LE
    3 MARSEILLE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 20 janv[ier 18]52.
  • 20 jan 1852
  • Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je fais mon jour de retraite, et je veux causer un peu avec vous. J’attendais presque une de vos lettres et je pensais que vous auriez achevé de me raconter la fin de l’histoire de M. Buquet, car je ne pense pas que les choses puissent en rester là. Puisque ce saint homme en est au point que vous me dites, il faut absolument le tenir un peu loin, à moins qu’il ne voulût servir de plastron, ce que je ne pense pas. Mais comment Mgr Sibour, qui le connaissait, ne vous a-t-il pas prévenue? Vous me direz que je le connaissais aussi. C’est vrai, et pourtant je n’aurais jamais cru qu’il en fût venu à ce point.

Pendant ma retraite, je prie beaucoup la Sainte Vierge et je me reproche le peu de ferveur que j’ai eu pour son culte. Il me paraît que je pourrais en avoir beaucoup plus et que les choses n’en iraient pas plus mal. Hier, nous avons eu des élections. Mme Boyer a été nommée prieure du Tiers-Ordre. C’est une bonne chose sous plusieurs rapports. Mme Durand a fait preuve, au milieu de quelques ennuis, d’une bien pure vertu. Mme Boyer va vous écrire et j’espère que bien des choses s’arrangeront.

Depuis ma dernière lettre je n’ai plus rien reçu de ma mère. J’ignore quelle est son intention définitive. J’ai pourtant besoin de le savoir; car, avant mon départ, il faut que je me trouve de l’argent d’un biais ou d’un autre. Vous ai-je écrit qu’après avoir perdu un élève j’ai eu à en chasser un autre? Cependant, il me paraît que l’ensemble de la maison va bien, les coups que nous frappons ont toujours un heureux retentissement.

Je voudrais bien vous envoyer quelques vocations. Mlle Coirard s’étiole. Vous ai-je dit que, dans le mois de mars, j’aurais une bonne occasion d’envoyer, par Marseille, quelque chose au Cap? Mais dans l’état actuel de la guerre, cela leur parviendra-t-il? [1]

Je me sens tout disposé à vouloir ce que Dieu voudra, mais très douloureusement. Je suis loin de m’en plaindre. Quant à vous, ma chère fille, je ne puis que vous conjurer de retourner tout doucement à l’amitié de Notre- Seigneur, de croire un peu plus en sa tendresse pour vous, et d’être à ce bien aimé Sauveur, par tous les actes de votre vie, une épouse de consolation. La souffrance, la tristesse, tout cela est bon, quand on l’offre à Notre-Seigneur dans la paix, la résignation. Que deviennent vos principales Soeurs? Il y a longtemps que vous ne m’en avez parlé.

Adieu, chère enfant. Je prie pour vous, un peu sèchement, parce que je suis très sec pour toute chose en moi et autour de moi; pourtant je sens bien tout ce que vous m’êtes et combien je suis à vous. Cette retraite me fait peu d’effet, et pourtant le calme me produit ordinairement un grand bien. Enfin, à la volonté de Dieu.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Depuis qu'elle avait succédé aux Hollandais en Afrique du sud en 1815, l'Angleterre, cher chant à agrandir son empire, avait occupé le Natal en 1843 et attaquait à présent les républiques des Boërs de l'Orange et du Transvaal et tout le territoire de la Cafrerie.