Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.139

29 jan 1852 [Nîmes], MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’obéissance lui est nécessaire, qui s’appuie sur la confiance et la prière. – Ses dettes. – Un commerçant marseillais se chargera de placer les actions espagnoles. – Conseils spirituels.

Informations générales
  • T1-139
  • 124
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.139
  • Orig. ms. ACR AD 813; D'A., T.D. 21, n. 70, pp. 48-49.
Informations détaillées
  • 1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 CREANCES A PAYER
    1 GESTION FINANCIERE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PLACEMENT
    1 SUPERIEUR
    1 TITRES DE RELIGIEUSES
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    2 CAHIER, CHARLES
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 WATEAU, AMABLE
    3 ESPAGNE
    3 MARSEILLE
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 29 janv[ier 18]52.
  • 29 jan 1852
  • [Nîmes],
La lettre

Eh oui, ma chère fille, c’est l’obéissance et la plus sérieuse obéissance qui vous convient. Or, cette vertu, comme vous le dites très bien, doit s’appuyer pour vous sur deux autres vertus, la confiance et la prière; la confiance en votre père et la prière qui vous unira à Dieu. Ceci m’est aussi clair qu’à vous, et je ne suis pas autant tenté de vous rire au nez. J’ai remarqué que l’obéissance confiante, loin de diminuer la liberté et le ressort de vos facultés, les doublait. Puis donc que vous avez cette impression, vous aurez la bonté de vous exercer par la prière à une obéissance confiante que je suis tout disposé à accepter et à provoquer. Vous voyez que ceci n’est point le fait de quelqu’un qui ne veut pas être votre supérieur, pour le dire en passant. Oh! méchante fille, comment pouvez-vous laisser entrer chez vous certains soupçons? Mais vous avez compris, je pense, ma position. Il faut, bon gré mal gré, que je tienne compte de l’impression de ma mère, si je veux obtenir de l’argent qui m’est nécessaire pour mes affaires, sans trop de difficultés; et jusqu’à ce que je puisse lui dire que nous avons réglé nos comptes, il faut absolument que je n’aie pas trop l’air de me mêler de ce qui vous regarde. D’autant plus que voilà une nouvelle tuile qui me tombe sur la tête: un Monsieur, à qui je dois 60.000 francs et qui demande à être remboursé; cest hier que cette belle demande m’a été faite.

Aujourd’hui, un homme en qui j’ai toute ma confiance, M. Wateau le père, beau-frère du P. Cahier[1], est venu me voir. Je lui ai parlé de votre affaire de Los Santos sans vous nommer. Il m’a promis de prendre les renseignements les plus détaillés et m’a proposé de chercher à examiner l’affaire de Los Santos, comme commissionnaire. Comme le commerce de Marseille a de très nombreuses relations avec l’Espagne, je pense que c’est là surtout que vous avez le plus de chance de placer vos actions avec avantage, si réellement vous voulez vous en défaire. Il m’a dit aussi qu’il pourrait me fournir de précieux renseignements sur l’état de la nouvelle montagne. J’ai quelquefois des remords de conscience de m’occuper tant de la question de gros sous avec vous. Mais c’est parce que je souffre pour ce qui me regarde, que je voudrais que vous ne fussiez pas exposée aux mêmes inconvénients[2].

Je serai à Paris dans une quinzaine de jours, puisque le Conseil supérieur est prorogé. Je suis trop nécessaire ici pour quelque temps. Souvenez-vous que j’accepte votre obéissance, comme vous sentez qu’elle doit être, et que je crois vous offrir le moyen d’arriver à une très grande perfection. si vous agissez désormais selon la vue de votre conscience éclairée par la grâce de Notre-Seigneur. On me dérange, priez pour moi. Adieu et bien tout vôtre.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Religieux jésuite qui assura une retraite aux collégiens de Nîmes.
2. Il s'agissait d'actions que Mère M. Eugénie tenait de son oncle, M. de Franchessin, et pour elle, de <>. <>.