Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.144

2 mar 1852 [Paris], MOIGNO Abbé

Conditions qu’il lui offre s’il veut loger à l’Assomption et même s’unir à lui.

Informations générales
  • T1-144
  • 129
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.144
  • Orig.ms. ACR, AO 108; D'A., T.D. 39, n. 1, p. 352.
Informations détaillées
  • 1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ESPRIT SURNATUREL A L'ASSOMPTION
    1 MAITRES
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 MATIERES SCOLAIRES
    1 POSTULAT
    1 PUBLICATIONS
    2 MOIGNO, FRANCOIS
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    2 SOUBESTRE, ABBE
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A MONSIEUR L'ABBE MOIGNO
  • MOIGNO Abbé
  • 2 mars [1852].
  • 2 mar 1852
  • [Paris],
La lettre

Monsieur l’abbé[1],

Je reçois à l’instant votre lettre. Il me semble qu’elle est écrite depuis hier. J’avais vu Monseigneur quand vous y êtes allé, et j’aurais été bien aise de savoir par vous le résultat de votre visite. Quant à moi, voici ce que je vous propose. Si vous voulez nous venir, vous le pouvez sans la moindre difficulté; je vous accepte de grand coeur. Mais comme il faut poser quelques conditions, voici ce que je vous offre.

1° Puisque vous gagnez de 12.000 à 15.000 francs par an, vous aurez tous vos bénéfices sur vos ouvrages sans la moindre difficulté. Vous payerez en plus ou moins longtemps; cela ne fera pas un sujet de discussion entre nous.

2° Vous viendrez chez moi pour faire partie d’une Congrégation religieuse, avec l’intention de vivre selon l’esprit d’un religieux.

3° Vous prendrez sur l’honneur l’engagement de ne pas contracter de nouvelles dettes.

4° Je vous demanderai deux ou trois heures par jour pour l’enseignement de la théologie ou des mathématiques dans la maison. Le reste de votre temps vous appartiendra jusqu’à ce que vous soyez entièrement libéré. Vous voyez, Monsieur l’abbé, que je vous laisse du temps pour vos travaux. La maison se charge de votre entretien complet pour les deux heures que vous donnerez, jusqu’à ce que vous soyez entièrement affranchi de vos obligations. Vous pourrez, lorsque vous le voudrez, venir terminer dans la cellule que je vous offre, le troisième volume de votre livre sur le calcul intégral.

J’espère, Monsieur l’abbé, que sous très peu j’aurai le plaisir de vous embrasser. Je ne vous dis pas de venir ce soir, j’attends l’abbé Soubestre.

Votre bien dévoué in C[hristo] Jesu.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'abbé Moigno (1804-1884), aumônier du lycée Louis le Grand, à Paris, était alors un des principaux initiateurs du mouvement scientifique par ses publications et ses conférences; cependant, la mauvaise gestion de ses affaires l'avait grevé de dettes; c'est alors qu'il entre en relation avec le P. d'Alzon et lui demande d'entrer dans la Congrégation, d'entente avec Mgr Sibour. Le supérieur de Nîmes lui offre des conditions avantageuses qu'il accepte aussitôt, lorsque la révélation de nouveaux embarras financiers plus urgents amène, le 18 mars, la cessation des pourparlers.
Les archives de l'Assomption possèdent six lettres de l'abbé Moigno, écrites du 26 février au 18 mars; elles révèlent une personne aux abois, sollicitant la <> du P. d'Alzon qui ne pouvait cependant commettre une imprudence en acceptant inconsidérément une vocation aussi remarquable qu'elle soit. En effet, voici les titres que l'abbé Moigno avance pour obtenir une <>:
<>.
Après avoir rappelé ses activités de vulgarisation scientifique dans divers organes de presse, l'abbé Moigno poursuit: <>.
Parlant ensuite de ses publications, l'abbé Moigno cite, entre autres, ses Leçons de calcul différentiel et intégral, <>, son Répertoire d'optique moderne, ou analyse complète de tous les mémoires et recherches relatifs à la lumière, et son Traité de télégraphie électrique, dont il vient de réaliser une seconde édition.
L'abbé Moigno n'entra donc pas au noviciat de Nîmes, mais il resta en rapport d'amitié avec le P. d'Alzon et les Assomptionistes de Paris. Deux ans avant sa mort, l'abbé Moigno proposait de confier sa revue scientifique Le Cosmos, fondée en 1852, aux religieux de l'Assomption. De fait, la propriété leur en fut cédée et, le 2 février 1885, commençait la nouvelle série de ce périodique hebdomadaire qui poursuivit ses destinées jusqu'en 1914.