Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.150

22 mar 1852 Paris, Faubourg Saint-Honoré, 234 NARBONNE Comtesse

Faiblesse de notre nature, un rien la fait trébucher. – Redoublons de prière pour obtenir les grâces en faveur des pécheurs. – Qu’elle se prépare au Tiers-Ordre. Nouvelles de sa famille.

Informations générales
  • T1-150
  • 135
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.150
  • Orig.ms. ACR, AM 242; D'A., T.D. 37, n. 7, pp. 223-224.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 DIVIN MAITRE
    1 ESPERANCE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
    1 RENONCEMENT
    1 SALUT DES AMES
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 BLANCHARD, MADEMOISELLE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 NARBONNE, AIMERY DE
    2 NARBONNE-LARA, FAMILLE DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 ROCHER, MADAME ADRIEN DE
  • A MADAME LA COMTESSE DE NARBONNE-LARA
  • NARBONNE Comtesse
  • le 22 mars 1852.
  • 22 mar 1852
  • Paris, Faubourg Saint-Honoré, 234
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Je prends le premier moment libre pour vous répondre un peu à l’aise, ma chère fille, et quoique je sois bien convaincu que vous n’avez pas besoin d’être fortifiée, d’après ce que vous me dites dans votre lettre même, je veux vous dire de ne pas perdre une minute à tous ces obstacles, dont le démon cherche à remplir votre imagination. Il n’est malheureusement que trop vrai, un rien nous fait trébucher au moment où nous y pensons le moins, et quand commence le chapitre des faiblesses de notre pauvre nature, il est sûr qu’on peut en dire long. Mais qu’importe si, à côté de ces faiblesses, on peut trouver pour nous soutenir et nous fortifier la grâce de notre divin Maître! Allez à lui, croyez-moi, ma chère fille, et surtout n’abandonnez pas pour quoi que ce soit vos communions. Allez à Notre-Seigneur avec amour, avec joie, avec une vraie confiance.

Vous avez bien raison de redoubler de prières et d’efforts pendant tout ce temps-ci. Que de grâces Notre-Seigneur ne tient-il pas entre ses mains! Pourquoi ne pas le forcer à les répandre sur les pécheurs? Après tout, cela dépend de nous. Il n’y a qu’à le solliciter, qu’à le presser avec de grandes instances et à pénétrer dans les trésors de son coeur et à y puiser, comme il veut qu’on y puise quand on l’aime véritablement. Priez beaucoup dans ces intentions; faites-lui violence, il en est très désireux.

Préparez-vous le plus saintement possible au Tiers-Ordre. Vous y éprouverez quelquefois certains petits chocs; mais n’importe, avec un véritable esprit de sacrifice tout se tourne en très précieux avantage auprès de Notre-Seigneur. Mais pas de découragement! Quand une fois on a mis le pied dans le chemin de la perfection, reculer serait abominable, et, grâces à Dieu, vous n’en êtes pas là. Mais il faut toujours redouter de ne pas avancer, et le piège que le diable met sans cesse sous nos pas, c’est de nous persuader qu’un moment viendra où nous reculerons. Mais vous savez cela mieux que moi; seulement, il est bon de vous répéter cette vérité si générale, lorsque c’est de vous qu’il s’agit.

Les nouvelles que vous me donnez de Mlle de Régis me navrent. Pauvre enfant! Enfin, si Dieu la prend pour victime, c’est qu’il veut la placer bien près du divin Agneau. Pressez-la de faire partie du Tiers-Ordre; elle pourra en retirer quelque bien, j’en suis sûr, surtout si vous voulez le prendre, comme je l’espère, au sérieux. Je suis enchanté d’y voir Mlle Blanchard[1], si vous pensez qu’on puisse le lui proposer sans inconvénient.

Quels arrangements définitifs les Narbonne ont-ils pris avec vous? Est-ce que vous êtes rentrée dans vos fonds? J’ai là une lettre d’Aimery depuis quelques jours; je vais y répondre. Pour le moment, priez pour un des enfants qu’on nous avait donnés: il était, il y a quelques jours, souffrant; je l’avais envoyé chez ses parents, quand tout à coup une fièvre cérébrale s’est déclarée, et il est mort hier soir.

Un ennuyeux vient de me déranger; il faut que je m’arrête. Je ne vous charge de rien pour Mme de Rocher; je ne veux pas me coucher sans lui écrire.

Adieu, ma chère fille. Je n’ai pas le temps de relire ce griffonnage. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. <>, écrivait le P. d'Alzon de cette personne rencontrée à Paris et établie à Nîmes comme préceptrice dans une famille (cf. Lettres III, p. 585, 2 juillet 1850).