Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.154

15 apr 1852 Valbonne, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Bien qu’il a fait à ses enfants en retraite et qu’il veut lui faire à elle-même.- Sa disposition à faire du bien aux âmes. – Commissions diverses. – Manque de franchise des enfants en confession. – Son attrait pour la sanctification des âmes.

Informations générales
  • T1-154
  • 139
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.154
  • Orig. ms. ACR, AD 818; D'A., T.D. 21, n. 75, p. 51.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 FRANCHISE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 SALUT DES AMES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BLAUD, CLAUDE-JULES
    2 GASTEBOIS, MADAME DE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VALBONNE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 15 avril [ 18] 52.
  • 15 apr 1852
  • Valbonne,
La lettre

Mes enfants ne me laissent pas une minute, ma chère fille. Il faut être sans cesse avec eux, et sans cesse les prêcher, les confesser, les faire promener[1]. Je ne m’en plains certes pas, mais je voudrais leur faire du bien, et, en m’occupant d’eux, il m’en reste trop peu pour d’autres personnes, pour vous, ma chère fille, et c’est ce qui me peine. Car, malgré vos bonnes dispositions, dont je suis tout heureux, je ne voudrais pas que vous me crussiez déjà prêt à vous mettre à l’épreuve. Non, je suis trop content d’avoir pu vous donner un peu de paix, à mon dernier voyage à Paris, et je souhaite que vous puissiez la conserver longtemps. Aussi ne redoutez pas ma lettre de Valbonne. Du reste, il faudrait qu’il y eût chez moi quelque chose qui me forçât à vous traiter avec rudesse, quand je n’aurais aucune disposition semblable pour qui que ce fût; car depuis mon départ, je me sens par dessus tout porté à faire du bien aux âmes que Dieu m’a confiées, et je ne vois pas pourquoi cette disposition, je ne l’aurais pas pour vous, lorsque vous savez bien combien je tiens à votre âme plus qu’à toute autre.

Je prie beaucoup pour vous et j’espère que Notre-Seigneur me donnera de vous forcer à avancer dans le bien, dans la perfection qu’il vous demande. J’ai ce soir deux commandes à vous faire.

1° Pourriez-vous envoyer à Mme de Gastebois le règlement du Tiers-Ordre. Son adresse est à Amiens, Direction du télégraphe.

2[°] Pourriez-vous me dire comment il faut s’y prendre pour faire nommer quelqu’un aumônier de marine? L’abbé Blaud nous quitte l’an prochain[2], et je crois qu’il ferait un excellent aumônier de vaisseau.

En retournant à Nîmes, j’ai eu bien à faire. Il me semble que, grâces à Dieu, déjà j’ai fait quelque chose pour remettre… Je ne finis pas phrase, car j’ai été interrompu par les sanglots d’un jeune homme qui venait se jeter dans mes bras, pour me dire qu’il était un misérable et qu’il a vite fallu confesser. Il y en a un autre qui, je crois, tourne autour de ma chambre et qui n’ose pas se décider à entrer. Peut-être ira-t-il au Père prieur. Priez bien pour vos petites pensionnaires. Quand je vois des jeunes gens, d’un caractère si franc que les miens, dissimuler si horriblement certaines fautes, il me semble qu’il doit y avoir aussi bien des réticences chez les petites filles.

Veuillez consulter Notre-Seigneur sur ce que je dois penser de cet attrait qui me porte à m’occuper presque constamment dans mon oraison de la sanctification des âmes. Si j’étais arrivé à quelque degré de vertu, je comprendrais cet oubli de moi-même, mais tel que je suis, je ne puis bien m’en rendre compte. Il y a des moments où cela me semble folie.

Adieu, ma fille. Vous savez bien que, lorsque je prie ainsi, vous êtes toujours en tête des personnes que je recommande à Notre-Seigneur[3].

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Rentré de Paris à Nîmes, le 5 avril, le P. d'Alzon donne une retraite à un groupe d'élèves, à la chartreuse de Valbonne, du 12 au 18 avril.
2. Originaire de Paris, l'~abbé Blaud, professeur de sixième, s'était mis à la tête du mouvement d'opposition, en l'absence du P. d'Alzon; il était au service de l'Assomption depuis 1845.
3. Le 5 avril, Mère M.-Eugénie écrivait au P. d'Alzon, immédiatement après son départ de Paris: <>.