Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.164

18 may 1852 Nîmes, ESCURES Comtesse

La promptitude de sa réponse est la preuve de l’intérêt qu’il lui porte. – Il faut se gêner et augmenter la captivité du corps et des sens, pour obtenir la liberté complète de l’âme. – Elle est faite pour beaucoup de sainteté, si elle a le courage de dire qu’elle veut. – Il fera d’elle une bonne épouse ou une sainte par beaucoup de renoncements. – Nouvelles de la famille de sa soeur.

Informations générales
  • T1-164
  • 148
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.164
  • Orig.ms. ACR, AN 16; D'A., T.D. 38, n. 16, pp. 127-129.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 AUSTERITE
    1 BON PASTEUR
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONFESSION FREQUENTE
    1 DEVOTION AU CRUCIFIX
    1 EFFORT
    1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MORTIFICATION
    1 MORTIFICATION CORPORELLE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PAIX DE L'AME
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 CHAZELLES, FAMILLE DE
    2 CHAZELLES, MADAME DE
    2 COURTOIS, FAMILLE DE
    2 COURTOIS, MADAME RAYMOND DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEGAY, MADEMOISELLE
    2 PENNAUTIER, MADAME PAUL DE
    2 RATISBONNE, THEODORE
    3 MONTPELLIER
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le 18 mai 1852.
  • 18 may 1852
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Amélie de Pélissier
    13, avenue Marbeuf
    Paris.
La lettre

Je suis, en effet, très content de votre lettre, ma chère fille, et je veux vous dire tout de suite le plaisir que m’a causé l’ouverture avec laquelle vous me parlez. Vous avez parfaitement raison de dire que je vous porte tous les jours un intérêt plus vif, et si la promptitude de mes réponses peut vous en être une preuve, vous l’aurez encore aujourd’hui.

Avec les quelques familles que vous visitez, vous en avez assez pour vos bonnes oeuvres; vous pourrez leur faire du bien sous tous les rapports. Les quelques retranchements que vous pourrez vous imposer seront déjà une mortification. Il me semble que vous pourriez quelquefois, en portant un crucifix sur vous, le porter de manière à ce qu’il vous causât un peu de gêne. Ce sont des moyens très faciles de se rappeler la présence de Dieu, et il n’est pas mal d’y avoir recours de temps en temps[1]. Vous finirez, si vous êtes un peu fervente, par éprouver comme un besoin d’augmenter la captivité de votre corps et de vos sens, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen d’arriver à la liberté complète de l’âme. Votre santé un peu souffrante est déjà une mortification. Il faut offrir les ennuis que tout cela vous cause et vous souvenir surtout que l’on ne comprend rien à la doctrine de la croix, si l’on ne passe pas par la douleur, et qu’il n’y a pas de perfection possible sans l’amour de la souffrance. C’est l’une de ces cruelles vérités, contre lesquelles proteste toute la nature avec son amour du plaisir et du bien-être: c’est ce contre quoi il faut aller et avancer toujours.

Je partage tout à fait l’avis de M. Ratisbonne: vous êtes faite pour beaucoup de sainteté, ma chère Amélie. Il y a en vous une foule d’éléments qu’il est impossible de ne pas voir; ils n’attendent que le moment où, avec une résolution un peu généreuse, vous direz: Je veux. Oh! quand le direz-vous absolument et sans retour sur le passé?

Je vous remercie d’accepter la surveillance de ma sacristie; je vais en écrire deux mots au P. Laurent.

Aucune de vos contradictions intérieures ne me surprend. Est-ce que vous êtes pétrie d’un autre limon que les enfants d’Adam et d’Eve? Ce que je ferai de vous? Deux choses, à votre choix: ou, quand vous irez un peu mieux, je vous chercherai un mari, et il m’en vient assez pour vous, pour qu’il soit difficile d’en trouver un; ou, si vous voulez devenir entièrement bonne, je vous aiderai à devenir une sainte, et alors il faudra: 1° vous abandonner à la volonté de Dieu; 2° accepter d’avance toutes les croix qu’il plaira à Notre-Seigneur de vous envoyer; 3° consentir à être blâmée et critiquée; 4° embrasser une vie un peu austère. Voilà les principales conditions, sur lesquelles je crois devoir insister avec vous, afin que vous sachiez bien d’avance à quoi vous vous exposez en vous rangeant un peu généreusement du côté de Jésus-Christ; et pourtant, je ne puis m’empêcher de vous dire: Oui, vous êtes faite pour tout cela.

Je suis bien aise de vous voir vous confesser et communier souvent; n’en faites pas une habitude et vous y trouverez les plus précieux avantages. Abandonnez-vous beaucoup à l’amour de Notre-Seigneur; il vous mènera lui-même jusqu’au sanctuaire le plus secret de son coeur.

Je crois que vous pouvez faire une visite de politesse à Madame de Fl., mais je verrais des inconvénients à ce que vous la visitiez trop souvent. La position de Mlle Legay n’est plus tenable. Elle a contre elle la famille de Chazelles, la famille de Courtois et surtout Madame votre soeur, qui la prend en grippe et qui a été furieuse – c’est le mot — de ce qu’elle vous a écrit pour procurer à Blanche un chapeau et je ne sais plus quels objets. On doit décidément la prier de se retirer. Tout se monte et s’organise dans ce but. J’ai cru devoir la prévenir, car on ne voulait lui donner qu’un mois pour chercher une autre position. Je l’ai prévenue de ces projets. J’avais essayé de réfuter les arguments qu’on faisait valoir contre elle, mais j’ai vu que c’était un parti pris. On mettrait, d’ici au mois d’octobre, Blanche chez les Dames de la Calade, et, au mois d’octobre, chez les Dames du Sacré-Coeur, à Montpellier. Voilà le projet. Du reste, on semble tout disposé à la remettre entre les mains de sa grand’mère.

Adieu, ma chère Amélie. Tout à vous du bien fond du coeur.

Je ne me relis pas.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans sa lettre sur le crucifix, <>, adressée aux Adoratrices, le P. d'Alzon explicitera le conseil donné ici. (Lettre 859).