Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.172

1 jun 1852 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Supérieure et fort occupée, elle doit savoir prendre le temps de prier. – Ses bonnes dispositions l’aident pour le travail qui lui est demandé. – L’ascétisme demeure nécessaire dans le cadre des exercices communs. – Son obéissance sera la mesure de son dévouement.

Informations générales
  • T1-172
  • 154
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.172
  • Orig.ms. ACR, AD 825; D'A., T.D. 21, n. 82, pp. 54-55.
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 DIEU CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 HABIT RELIGIEUX
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SUPERIEUR
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    2 MARTHE, SAINTE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 1er juin 1852.
  • 1 jun 1852
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Je vais répondre, ma chère fille, à votre lettre du 28. Je comprends très bien ce que vous me dites de votre empressement de Marthe. Hélas! c’est le grand mal des supérieurs: ils se préoccupent d’affaires et ne s’occupent pas d’eux. Il faut que vous fassiez un effort pour trouver du temps pour la prière. C’est là où votre esprit continuera à s’adoucir, à s’assouplir, à se posséder pour Dieu et à se fortifier en charité pour le prochain. Je vous conjure de persévérer dans la prière, alors même que vous n’y trouveriez pas de grandes consolations. Que je suis content de vous voir entrer résolument en lutte contre vous-même, et vous mettre tout de bon à vaincre votre esprit d’indépendance. Persévérez, de grâce, dans ces bonnes dispositions. Je suis convaincu que l’oeuvre de votre sanctification en dépend.

Je ne veux pas m’arrêter à la joie de penser que vous êtes si bien avec votre père. Ce serait trop bon, et il ne faut pas trop s’arrêter à ce qui est bon ici-bas. Dieu me demande ces sacrifices, mais il me permet de vous dire combien cette disposition de votre âme fait de bien à la mienne et la fortifie pour le travail qui lui est demandé. Oui, ma fille, sortez de l’esprit humain, des exigences de tout ce qui vous ramènerait à vous-même et vous ferait sortir de Dieu, votre unique centre, même lorsqu’il veut se servir des créatures pour vous fixer en lui. Avez-vous beaucoup de dévotion au Saint-Esprit? Il me semble que c’est bien mal à nous de ne pas adorer davantage dans nos coeurs l’amour de Dieu qui y habite[1]. Et si nous pensions un peu plus souvent à cet amour, l’esprit humain serait bien vite vaincu dans toutes ses révoltes.

3° Je suis embarrassé pour vous répondre sur votre robe de nuit et votre chambre[2], car je tombe dans les mêmes négligences. Je cherche à me justifier en me disant que ma chambre n’est pas une cellule, et qu’il me faudrait trop de temps (une demi-heure) pour l’arranger. Où trouver ce temps là? Je crois que vous avez eu tort de ne pas prendre la discipline. Je crois, sauf le petit pain, qu’il vous faut revenir le plus tôt possible aux autres exercices communs, à moins d’un empêchement positif. Votre raideur, votre poudre [?][3] me peinent affreusement, votre raideur surtout. Je ne puis vous dire combien cette pensée me fait souffrir pour vous.

Je partage votre opinion pour la pénitence. Je crois que vous devez en faire, mais doucement, parce que vous voudrez bien vous lever un quart d’heure avant la communauté et poursuivre, à moins de fatigue par trop grande. Ceci, je le répète, n’est qu’un commencement.

Adieu, ma chère enfant. Oui, je prends avec plénitude l’autorité que vous m’avez donnée, mais je la prends pour vous être encore plus dévoué s’il est possible. Priez pour moi. Je ne sais ce que je fais de mon temps, mais j’ai bien de la besogne. Priez pour quelques vocations incertaines.

Adieu. Tout à vous avec la plus paternelle affection. Rappelez-moi au souvenir de Soeur Thérèse-Emmanuel.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
2. Habit religieux de nuit, et ménage particulier. 3. Au sens de vivacité. Mais on peut lire aussi; pensée.1. Rm 8,9.