Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.176

19 jun 1852 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Plan de maison. – Nouvelles diverses. – Il s’occupe de l’installation des Religieuses de l’Assomption à Nîmes. – Jugement du cardinal Fornari sur Mgr Dupanloup.

Informations générales
  • T1-176
  • 159
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.176
  • Orig.ms. ACR, AD 830; D'A., T.D. 21, n.87, pp. 56-57.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION PERPETUELLE
    1 ANGLAIS
    1 CERCLES MILITAIRES
    1 DONATION ENTRE VIFS
    1 ERECTION DE MAISON
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 QUERELLE DES AUTEURS CLASSIQUES
    2 BRETON
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 FEVAL, MARIE-AIMEE
    2 FORNARI, RAFFAELE
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 RIGOT, MADAME
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
    3 ORLEANS
    3 PARIS
    3 ROME
    3 TOULON
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 19 juin 1852.
  • 19 jun 1852
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

A vue d’oeil, je préfère votre plan à celui de M. Breton, mais laissez-moi vous dire avant tout combien je suis touché de votre facile confiance, même en des choses où évidemment vous avez meilleur goût que moi. Je montrerai votre plan. Malheureusement la personne à qui je m’en rapporterais le plus volontiers est absente de Nîmes pour quelques jours.

M. Henri est à Marseille jusqu’à demain. Mme Rigot ne m’a pas dit un mot de ses 15 francs, mais je lui en parlerai[1]. Je ne pense pas qu’il faille songer à avoir des Anglais, avant d’avoir un noviciat à Paris. Ici, par l’oeuvre des soldats, j’espère avoir beaucoup de Frères convers. Je m’attends à en avoir douze pour le 15 août[2].

J’ai vu un couvent de la Visitation, près de Marseille, à qui les ogives en brique donnaient un air bien coquet. Je préférerais la pierre pour la modestie et la solidité du genre. J’aurais besoin de quinze jours de repos absolu; je ne puis les prendre, mais je vais commencer mes affusions.

Je partage vos idées sur Soeur Marie-Aimée; elle m’afflige. Je vous conjure, au nom de l’affection que je lui porte, de lui faire tout le bien possible; il y a là trop d’intrigues. Je crois, à cause de ses petites idées, devoir hâter la question de votre arrivée ici. Je vous préviens que je m’en occupe très sérieusement. Vous ai-je dit qu’une vieille fille, qu’on pourrait prendre comme dame pensionnaire et que je connais depuis des siècles, m’a offert sa fortune, 40.000 francs, pour une maison d’adoration perpétuelle? Je pourrais en avoir 10.000 francs d’ailleurs. Quand pensez-vous, sérieusement, pouvoir envoyer quelques religieuses?

Quoique habituellement très sec, il me semble que Notre-Seigneur m’a un peu fondu, à la fête du Sacré-Coeur, et il me semble que j’ai une plus vive ou plus ou moins sensible affection pour votre âme, que vous paraissez me donner davantage, avec un grand bonheur. Oh! ma bonne fille, devenons donc des saints.

Le mandement Dupanloup a peu d’admirateurs à Rome. Déjà, pour sa première lettre, il a été blâmé par le cardinal Fornari, qui, de son avis pour le fond, le désapprouvait devant M. Durand d’avoir mis là son autorité épiscopale[3].

On sonne, il faut vous quitter.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Somme promise par Mère M.Eugénie à la supérieure d'un hospice de Toulon et remise à Mme Rigot qui l'avait accompagnée à Paris.
2. L'oeuvre des soldats comportait un cercle militaire où se dévouaient les tertiaires de l'Assomption, et, depuis le mois d'août 1851, une école dont les cours étaient donnés par les grands élèves du collège, instituteurs et catéchistes bénévoles des soldats illettrés, encore fort nombreux à cette époque (cf. VAILHE, Vie du P. d'Alzon, II, p. 187).
3- Il s'agit du mandement du 30 mai, précédé de la lettre pastorale du 19 avril, documents par lesquels Mgr Dupanloup voulait engager l'épiscopat à prendre position dans la controverse des classiques. Voici le passage de la lettre de Germer-Durand, datée de Rome, le 22 mai, relative au juge ment du cardinal Fornari:
<<A propos de Mgr d'Orléans, il paraît qu'on avait déjà (il paraît qu'il a des amis en cour de Rome, mais je ne pense pas qu'il en ait beaucoup) porté plainte ici sur les libertés grandes de Messer Veuillot, qui se serait permis certain article récent et de moi inconnu à l'encontre de certain mande ment sur la dépaganisation du dit Sr évêque d'Orléans. Mais bien que tout le monde soit ici, sur le fond de la question, plutôt de l'avis de Mgr Dupanloup que du nôtre, on lui donne tort et tout à fait tort quant à la forme. - <> Ce ne sont pas les propres paroles du cardinal; mais je les traduis assez facilement>>.
"Quoi qu'il en soit, - et Germer-Durand va rappeler de façon humoristique les intentions de l'Assomption et de la *Revue de l'enseignement chrétien* en matière - on pense que la *Revue* doit mettre, en tête de tous ses articles sur la question, ces mots ou tous autres équivalents: "Faites bien attention, chers lecteurs, que nous ne prêchons pas l'*exclusion* des auteurs paiens, comme M. Gaume; et que nous voulons seulement réintroduire dans les basses classes quelques vies de saints, quelques fragments de l'histoire de l'Eglise, pour christianiser la mémoire et l'imagination des enfants; nous voulons encore faire connaître dans les classes, plus qu'on ne l'a fait jusqu'a présent, l'éloquence des Pères grecs; car, quant aux Pères latins, nous ne les mentionnerons guère que pour mémoire" - Sans cette précaution oratoire, conclut Germer-Durand, nous ne serions pas ici [à Rome] en bonne odeur".