Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.186

10 jul 1852 Nîmes, ESCURES Comtesse

Elle n’est pas faite pour être religieuse, ni pour se marier; en attendant, elle devrait s’imposer une vie un peu sévère et retirée. – Pourquoi il s’est occupé de sa nièce.

Informations générales
  • T1-186
  • 168
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.186
  • Orig.ms. AN 19; D'A., T.D. 38, n. 19, pp. 132-133.
Informations détaillées
  • 1 AUSTERITE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 SOLITUDE
    1 VOCATION
    2 CHAZELLES, MADAME DE
    2 COURTOIS, RAYMOND DE
    2 LEGAY, MADEMOISELLE
    2 PENNAUTIER, MADAME PAUL DE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • le 10 juillet 1852.
  • 10 jul 1852
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Amélie de Pélissier
    aux Eaux-Bonnes
    Basses-Pyrénées.
La lettre

Ma chère fille,

Vous voulez ma pensée tout entière, je vais vous la dire bien franchement. Je crois que vous n’êtes pas faite le moins du monde pour vous marier; je crois que vous n’êtes pas faite pour être religieuse; je crois que vous êtes faite pour une vie entre deux, et cependant l’oeuvre de Mme de F. ne m’inspire pas la moindre confiance. Cela posé, je pense que vous devez, en attendant que quelques années de plus sur votre front vous donnent vos coudées franches, vous imposer une vie un peu sévère et retirée. Dans la position où vous êtes, vous avez besoin d’acquérir tous les jours un peu plus de piété, et de cet esprit chrétien que je n’ai presque jamais vu chez vous pendant votre séjour à Nîmes, que j’ai vu se développer dans une certaine mesure au contact des demoiselles dont vous m’avez si souvent parlé, mais qui n’est pas encore tout ce que je voudrais de vous. Tout a ses inconvénients, sans aucun doute, mais croyez-le bien, peu de choses en ont plus que le fond d’indécision qui est dans votre caractère.

Je me suis mêlé de l’affaire de Mlle Blanche, parce que Mme de Chazelles m’en conjurait, parce que j’ai vu que les parents de M. de Courtois n’en étaient pas fâchés, au contraire, et enfin, parce que le dernier parti auquel on s’était arrêté était de la placer au Sacré-Coeur de Lyon. C’est ce que Mme votre soeur me dit très positivement en m’apprenant sa résolution fixe de ne pas garder Mlle Legay, pour qui elle avait une antipathie des plus prononcées. Vous m’aviez dit à plusieurs reprises que si vous ne pouviez vous charger de cette enfant, sa mère allait la mettre au couvent. Mme de Chazelles lui donne 150.000 francs, le jour de son héritage. Voilà de quoi établir une jeune personne, qui, avec une belle fortune en perspective, n’aura pas de longtemps une brillante dot. Il est possible que Mme de Chazelles ne l’éleva pas bien. Hélas! dans la position où elle se trouvait, pouvait-elle l’être sans une foule de chocs et de heurts inévitables?

J’ai été interrompu et le temps me manquera pendant deux jours pour vous parler plus longuement. A quelle époque serez-vous à Nîmes? Je n’en bougerai pas jusqu’au 1er septembre.

Adieu, ma chère fille. Je demande du fond du coeur à Notre-Seigneur de vous décider une bonne fois à être une sainte. Tout à vous avec une bien vive affection.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum