Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.196

16 sep 1852 Amiens, ESCURES Comtesse

Il vient de voir l’abbé Gerbet et peut lui dire où en est l’oeuvre à laquelle deux personnes de ses amies se trouvent engagées.

Informations générales
  • T1-196
  • 179
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.196
  • Orig.ms. ACR, AN 22; D'A., T.D. 38, n. 22, pp. 136-137.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    2 ANDREU, F.
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 PIE IX
    2 ROUSSEAUX, MESDEMOISELLES
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    2 STAFFORD, MISS
    2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    3 AMIENS
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 SAVOIE
  • A MADEMOISELLE AMELIE DE PELISSIER
  • ESCURES Comtesse
  • 16 sept[embre 18]52.
  • 16 sep 1852
  • Amiens,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle de Pélissier
    chez Madame B. de Courtois
    Maison Bézard Nîmes
    Gard.
La lettre

Vous désirez savoir le résultat de ma conférence avec M. Gerbet[1], Quoique je veuille me reposer, je ne puis résister, ma chère enfant, à la pensée que je vous ferai plaisir en vous disant deux mots.

D’abord, à Paris, j’ai su: 1° que la duchesse allait probablement se marier; 2° que le P. Ventura[2] avait dit à Mlle Stafford des choses très dures sur son compte: ils sont brouillés; 3° que le Pape a dit, en parlant de l’oeuvre de M. Gerbet: [[L’abbé Gerbet est fort pour les théories, mais non pour les idées pratiques; autre temps, autres oeuvres: altri tempi altre opere]].

J’ai donc vu l’abbé Gerbet. Il m’a expliqué son affaire, qui n’est pas tout à fait l’idée de la duchesse, telle que vous me l’aviez fait lire; mais peu importe. Voici où en sont les choses. La semaine dernière, les deux demoiselles des [Rousseaux][3] sont allées le voir; il leur a dit: [[Vous êtes dans une impasse. La duchesse, qui pourrait faire l’oeuvre, ne veut plus la faire; vous qui voudriez la faire, vous ne le pouvez pas, à cause de votre manque de ressources]]. Il résulte pour moi que l’abbé Gerbet voudra toute sa vie cette oeuvre et restera toute sa vie à Amiens, où l’évêque, je vous en réponds, ne la lui laissera pas faire. La duchesse cherchera plus la société du monde, dit-on (et je ne dis ceci qu’avec toute réserve) que la poursuite de son plan. Le P. Ventura s’est permis de dire qu’elle faisait partie d’une société secrète. J’en laisse la responsabilité au P. Ventura. Ces pauvres jeunes personnes me font pitié et compassion. Je voudrais leur être utile, pour les aider à sortir de cette position où tout le monde les laisse, mais où il me semble très imprudent que vous alliez les chercher, à moins que ce ne soit pour les attirer à autre chose. Elles auraient pu partir pour la Savoie: leur voyage, m’ont-elles dit, est ajourné. J’ai su que la duchesse vend ses terres de Savoie et de je ne sais plus où. Voilà bien des faits que je crois positifs. Veuillez les examiner; puis, nous en causerons[4].

Adieu. Je prie pour vous, ma bonne fille. Que Notre-Seigneur épure votre coeur et vous conduise à cette perfection que j’entrevois pour vous, et pour laquelle votre âme est faite. Adieu, ma fille.

Votre Père.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'abbé Gerbet (1798-1864) était alors vicaire général de Mgr de Salinis, évêque d'Amiens. Il devait être nommé évêque de Perpignan le 19 décembre 1853. Le P. d'Alzon le connaissait depuis sa jeunesse à Paris, alors que l'abbé Gerbet était disciple de Lamennais.
2. Le P. Ventura(1792-1861), religieux théatin et disciple de Lamennais, avait été l'ami du jeune abbé d'Alzon à Rome. C'est à lui qu'il s'adressa pour être reçu en France, lorsque Pie IX l'exila de Rome pour des propos tenus contre son autorité lors de la République romaine en 1849 (*Lettres III*, p. 460). Ne pouvant s'établir à Nîmes devant l'opposition de Mgr Cart, il fut reçu d'abord par Mgr Thibault, évêque de Montpellier, puis par Mgr Sibour, archevêque de Paris, et devint prédicateur à la Cour impériale. Les relations du P. d'Alzon avec le P. Ventura ont été présentées par le P. Andreu, théatin, dans la revue *Regnum Dei* (1952, n. 31-32, pp. 125-129; 1953, n. 33-34, pp. 53-80 et n. 35 36, pp. 125-155).
3. Le P. Vailhé a transcrit littéralement le ms. Il faut suppléer: demoiselles des [Rousseaux], ou Lamy-Rousseaux, jeunes personnes connues de Mère M.-Eugénie et qui deviendront Religieuses de l'Assomption en 1858.
4. Il semble bien que le voyage éclair du P. d'Alzon à Amiens ait été fait pour être agréable à Mlle de Pélissier qui était en relation avec l'oeuvre de l'abbé Gerbet par les demoiselles des Rousseaux. A quoi pensait-on? Peut-être à une espèce d'institut séculier d'aide aux prêtres, si l'on en juge par la lettre 27 décembre 1853 (*Lettre* 327).
5. La fin de l'adresse a été corrigée en celle-ci: *à Vaison, Vaucluse* (P. Vailhé).