Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.200

11 oct 1852 Lavagnac, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Dieu ne bénit pas autant l’oeuvre de Nîmes que celle de Paris. – Son jugement sur deux projets de fondation nouvelle à Paris. – Il ne fait pour ainsi dire qu’un faisceau des deux oeuvres.

Informations générales
  • T1-200
  • 182
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.200
  • Orig.ms. ACR, AD 842; D'A., T.D. 21, n. 99, p. 64.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 EVANGELISATION DES PAUVRES
    1 PATIENCE
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    2 BALINCOURT, CHARLES DE
    2 DESGENETTES, CHARLES-ELEONORE
    2 MODELOUBE, ABBE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    2 SWETCHINE, MADAME
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 METZ
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, EGLISE DE LA TRINITE
    3 PARIS, RUE VANEAU
    3 PREISCH
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 11 oct[obre 18]52.
  • 11 oct 1852
  • Lavagnac,
La lettre

Ma chère fille,

Je suis bien heureux de voir que le bon Dieu bénit votre oeuvre, car pour la mienne les choses sont loin d’aller si bien. Si je ne me rappelais que, pour porter des fruits, le grain de blé a besoin de mourir, je serais quelquefois un peu découragé. Mais il faut qu’il en soit ainsi, et, au milieu de très vraies et douloureuses angoisses, je tâche de dire un bon fiat. Entre autres choses on vient de surprendre à Nîmes, dans un mauvais lieu, un ecclésiastique qui m’arrivait pour être religieux. Dieu nous éprouve; il faut l’adorer.

1° Je vous félicite de votre nombre si beau et du choix de vos enfants. J’en voudrais dire autant des nôtres.

2° Vous voyez bien que Dieu vous attire du côté de Metz. Je crois qu’il faut y songer très sérieusement[1].

3° Je ne vois aucun inconvénient à la proposition de la dame en question. Supposé que vous puissiez avoir un jardin, ce serait pour moi la condition sine qua non[2].

4° Je vois plus d’inconvénients à l’affaire de M. Modeloude[3]. Aller et venir, cela vous convient-il? Vous auriez du coup trois maisons dans Paris, — je suppose que l’on vous donne celle de la dame de la rue Vanneau, — ne serait-ce pas trop? Ne serait-ce pas vous prodiguer? La classe d’enfants que vous confiera M. Modeloude, est-ce bien ce que vous vous êtes proposé d’abord? Je suis pourtant frappé d’une chose, vous évangéliseriez des pauvres, ce qui est une grande bénédiction dans une oeuvre. En pénétrant dans le monde des artistes, vous trouveriez des vocations. A coup sûr, je préfère de beaucoup la rue Vanneau; quant à Clichy, je ne m’y sens pas autant porté. Il faut bien réfléchir. M. Modeloude offre cette maison à tout le monde et personne n’en veut. Et cependant, comme vous le dites très bien, il y a beaucoup de bien à faire. Mais faire voyager tous les jours de pauvres Soeurs, cela me semble bien fort. Et comment faire une nouvelle communauté, avec le nombre que vous êtes? Dans tous les cas, il me semble qu’il faudrait vous le faire ordonner par l’archevêque, afin de vous mettre à l’abri de bien des critiques. La pensée de vous mettre bien avec le clergé est très bonne, mais il faut voir encore dans quels quartiers. Au fond, il y a là-dessous une grande question. Voulez-vous n’être que ce que vous avez été jusqu’à présent, ou voulez-vous étendre le cercle de vos oeuvres? Vous savez que, par caractère, je suis porté à l’élargir, mais c’est précisément ce dont je me défie.

Je prierai Dieu de bien bon coeur pour connaître sa volonté. Mais il ne faut pas se décourager, si elle ne vous apparaît pas du premier coup. C’est dans la patience que se trouve toute perfection, et j’ai bien besoin d’en être convaincu pour aller en avant.

Adieu, ma fille. Il faut pourtant vous dire que je me sens assez près de Dieu et très désireux de devenir meilleur. Adieu, encore une fois. Sanctifions- nous, et malgré nos tracas, aimons notre divin Maître en toute paix et confiance.

Mille choses à toutes vos Soeurs. Dites-leur combien je m’attache tous les jours plus à elles, et combien je ne fais pour ainsi dire qu’un faisceau des deux oeuvres, pendant la messe. J’ajouterai, pour vous, que je me sens pris d’une grande dévotion envers la Sainte Vierge; il me semble que je me pose bien comme un enfant entre ses bras.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Une dame de Metz a trouvé près des ecclésiastiques de la ville cinq postulantes (lettre du 7 octobre) et elle pourrait avoir <> (lettre du 12 octobre).
2. Une dame, mariée à un russe (dont elle est séparée), connue de Mme de Swetchine et de M. de Balincourt, quelque peu artiste, offre d'établir dans sa maison, rue Vanneau, un institut cha ritable pour les filles d'artistes.
3. Le curé de la Trinité, dans le quartier de Clichy, recommandé par M. Desgenettes, propose l'établissement d'un demi-pensionnat et d'une classe gratuite sur sa paroisse où il n'y a point de communautés religieuses (lettre du 7 octobre).